Une guerre de communication et d'images diront certains. Alors que la commission Aménagement et Développement durable de l'Assemblée nationale doit se réunir ce jour pour y tenir un débat sur l'autoroute A69 entre Toulouse et Castres, la société de projet, Atosca, a choisi ce même mardi 6 février pour faire un point sur le chantier auprès des médias.
« Nous avons dépensé un peu plus de 200 millions d'euros sur les 450 prévus. Autrement dit, plus de 45% du budget ont été engagés », souligne Martial Gerlinger, le directeur général d'Atosca, la société de projet détenue à 45% par le groupe NGE, chargée de la construction et de l'exploitation de la future infrastructure.
Pour arriver à une telle somme, en onze mois, Atosca a tout d'abord réalisé en grande partie les travaux préparatoires des sols comme le terrassement ou encore le déboisement, ainsi que certains ouvrages d'arts dédiés aux flux routiers ou bien à la protection des animaux.
« Nous avons notamment démarré le chantier de l'ouvrage d'art du viaduc de l'Agout, qui franchira cette rivière et sa zone classée Natura 2000. Seulement le pylône central impactera la zone. Nous avons débuté la pose du tablier en métal de ce viaduc qui sera long de 140 mètres », se félicite le dirigeant.
Les usines d'enrobés en service à la fin de l'année
Pour autant, le chantier n'est pas encore à son pic d'effervescence. « Nous sommes dans une situation où le chantier monte en charge progressivement », appuie Martial Gerlinger. Actuellement, 800 collaborateurs sont mobilisés par la future autoroute A69 entre Toulouse et Castres, longue de 53 kilomètres. À son pic, dans les prochains mois, 1.200 personnes seront présentes sur tout le chantier.
« Nous nous sommes engagés à créer 1.000 emplois avec les travaux, dont 500 emplois directs. Nous en avons déjà créé 250 dont 10% en insertion », souligne le directeur général.
Encore quelques zones restent à déboiser et la chaussée va commencer à être réalisée à compter de la fin d'année 2024. Atosca compte sur l'installation prochaine des deux usines d'enrobés pour produire la matière qui composera l'autoroute.
« La plateforme de Puylaurens est prête et sera opérationnelle fin 2024, tandis que la seconde, à Viviers-lès-Lavaur, sera mise en service début 2025. Nous sommes conscients que l'arrivée de ces structures provoque de l'inquiétude chez les riverains. Nous allons organiser des réunions publiques pour les informer, mais le bitume n'est pas cancérigène et surtout, il ne sera pas produit sur place. Sur place, nous allons mélanger 95% de gravillons, préalablement chauffés, avec 5% de bitume. Ce mélange fera la chaussée », détaille le responsable d'Atosca qui promet que « le planning est tenu ».
Pour compenser une emprise totale de 340 hectares de cette autoroute, dont « 100 hectares vont être réellement artificialisés » selon Martial Gerlinger, un travail important a été mené sur les mesures compensatoires. Atosca va renaturer 55 hectares dont deux anciennes carrières qui servent actuellement de dépôts sauvages. Bien que volontariste sur le sujet, la société de projet ne parvient pas à calmer la colère autour de l'autoroute A69 entre Toulouse et Castres pour laquelle sont attendus 7.000 véhicules quotidiens qui gagneront une vingtaine de minutes entre les deux villes.
Une manifestation attendue dans les prochains jours
La préfecture du Tarn a, par exemple, dénoncé des dégradations sur un bulldozer à Soual, à proximité d'un supermarché, à la fin du mois de janvier. « Les auteurs ont brisé la vitre et aspergé d'hydrocarbure l'intérieur du véhicule pour y mettre le feu, mais leur tentative a échoué, souligne la représentation de l'État dans le département » précise-t-elle.
Depuis peu, cette dernière est aussi confrontée au retour d'une ZAD (zone à défendre) au même endroit qu'une tentative d'installation avait été avortée par les forces de l'ordre du côté de Saix, à l'issue de la manifestation d'octobre 2023. Les opposants au projet d'autoroute ont prévu de se réunir à nouveau le week-end qui vient, les samedi 10 et dimanche 11 février, sur le tracé de l'autoroute A69.
En parallèle, un groupe de députés, sur demande du groupe écologiste à l'Assemblée nationale, va ouvrir dans les prochains jours une commission d'enquête parlementaire sur l'autoroute A69, ses autorisations environnementales et le contrat de concession. « Nous nous tenons à disposition des parlementaires et nous comptons leur apporter des éléments. Nous allons nous soumettre pleinement à ce nouveau dispositif qui est mis en place », fait savoir Martial Gerlinger.
Deux recours sur le fond sont en cours de jugement par le tribunal administratif de Toulouse, un sur l'autorisation environnementale accordée à l'autoroute A69 et l'autre sur la proximité de l'infrastructure avec le château de Scopont, un édifice classé. Le jugement de l'instance pourrait intervenir dans les prochains mois alors que la mise en service est attendue pour fin 2025.
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