Autoroute A69 Toulouse - Castres : bientôt un débat à l'Assemblée nationale ?

Après la mobilisation du 21 octobre dans le Tarn, les opposants à l'autoroute A69 entre Toulouse et Castres tentent de saisir l'Assemblée nationale. Une association vient de déposer une pétition citoyenne avec l'espoir d'obtenir des auditions devant l'une des commissions du Parlement, notamment après que des sondages aient démontré une opinion publique très nuancée dans son soutien à ce projet autoroutier de 53 kilomètres. Les détails.
Près de 10.000 manifestants étaient réunis à Saix (Tarn), contre le projet d'autoroute A69 entre Toulouse et Castres, samedi 21 octobre.
Près de 10.000 manifestants étaient réunis à Saix (Tarn), contre le projet d'autoroute A69 entre Toulouse et Castres, samedi 21 octobre. (Crédits : Pierrick Merlet)

Le ministère des Transports a pourtant été très clair sur ses intentions à propos de l'autoroute A69 entre Toulouse et Castres. « Le chantier sera mené à son terme (...) L'État est déterminé à faire aboutir ce projet, qui a été décidé démocratiquement et confirmé systématiquement par le juge », avait-il écrit dans un communiqué le 16 octobre. Pourtant, les opposants à ce projet autoroutier long de 53 kilomètres entendent maintenir la pression sur le camp adverse. Le collectif « La Voie est libre » vient de déposer une pétition sur le site de l'Assemblée nationale, toujours avec l'espoir de stopper le chantier démarré il y a plusieurs mois désormais.

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« L'objectif est de réunir 10.000 signatures pour permettre à la commission Développement durable et Aménagement du Territoire de programmer des auditions à propos de l'autoroute A69, conformément aux engagements pris par son président le 12 juillet dernier », justifie un porte-parole de l'association.

À l'occasion d'une réunion de sa commission le 12 juillet, son président, le député Renaissance Jean-Marc Zulesi, a annoncé que chaque pétition qui récoltera plus de 10.000 signatures « fera l'objet d'un débat au sein de notre commission ». Le ministre des Transports, Clément Beaune, s'est pourtant déjà exprimé devant cette commission à propos de l'A69.

« J'estime que nous devons trouver un équilibre. Nous construirons encore des routes et des autoroutes, mais beaucoup moins que par le passé. Nous renoncerons à certains projets importants », avait-il déclaré le 17 octobre.

Sur le site de l'Assemblée nationale, l'issue de ces pétitions citoyennes est pourtant très encadrée. « Les pétitions ayant recueilli au moins 100.000 signatures sont mises en ligne sur le site de l'Assemblée nationale pour plus de visibilité. Après attribution de la pétition à une commission, les députés de la commission désignent un député-rapporteur qui propose ensuite soit d'examiner le texte au cours d'un débat faisant l'objet d'un rapport parlementaire, soit de classer la pétition », est-il écrit. Environ 24 heures après sa mise en ligne le 7 novembre, la pétition contre l'autoroute A69 Toulouse - Castres, avait réuni 5.200 signatures à 11h45.

Déjà deux sondages réalisés

Ce n'est pas la première pétition qui existe contre ce projet d'autoroute qui doit permettre de gagner 15 à 20 minutes de trajet entre Toulouse et Castres. Sur la plateforme « change.org », une pétition circule depuis septembre 2022 et dépasse les 90.000 signatures depuis peu. À noter également que deux recours juridiques sont en cours devant le tribunal administratif de Toulouse et auprès du Conseil d'État.

Malgré cette initiative supplémentaire auprès de l'Assemblée nationale, la contestation semble avoir baissé d'un cran depuis la mobilisation contre l'A69 à Saix (Tarn) les samedi 21 et dimanche 22 octobre. Environ 10.000 personnes se sont réunis, selon les organisateurs, contre 5.000 pour la préfecture du Tarn, sur ces deux jours. Certains manifestants avaient alors tenté d'installer une zone à défendre (ZAD) sur une partie du chantier avec l'espoir de ralentir voire stopper le chantier de cette autoroute A69.

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Quelques heures avant cette mobilisation, qui a débouché sur quelques dégradations matérielles chez des prestataires du chantier, deux sondages réalisés semblaient montrer une opinion publique défavorable à cette infrastructure dont la future gestion a été confiée à Atosca. Un premier sondage commandé à l'Ifop par le collectif « La Voie est libre » et l'association Agir pour l'environnement estime que 61% des sondés étaient à cet instant favorables à l'abandon du projet d'autoroute et 82% à la tenue d'un référendum local sur le sujet. Des chiffres obtenus grâce à une enquête réalisée auprès de 615 personnes, résidents des départements de la Haute-Garonne et du Tarn, territoires concernés par le projet. Atosca y a répondu avec son propre sondage commandé auprès d'OpinionWay : 53% des sondés apparaissent favorables au projet, avec seulement une différence de taille. Pour parvenir à ce chiffre, l'institut a questionné 1025 personnes de toute la France et pas seulement des zones géographiques traversées par le tracé de la future A69.

« Nous sommes allés au maximum »

L'opposition à ce projet est principalement alimentée par l'impact environnemental de ce projet autoroutier. Si l'opposition avance une « destruction de plus de 400 hectares de terres agricoles », la réalité est un peu plus nuancée. Selon Atosca, qui regroupe deux fonds d'investissement et le géant du BTP NGE, l'emprise totale de l'autoroute A69 entre Toulouse et Castres sera de 340 hectares, dont 100 réellement artificialisés.

« Sur la demande du ministère des Transports, nous avons travaillé pour réduire l'impact du projet. Nous avons réussi à économiser 80 hectares de surfaces agricoles et nous avons renforcé la compensation environnementale. Nous allons toucher deux zones humides vraiment intéressantes mais nous avons identifié 20 zones humides potentiellement intéressantes. Au final, nous allons redynamiser 55 hectares de zones humides alors que nous en impacte à peine 20 hectares. Nous sommes allés au maximum de ce que nous pouvions faire », témoigne Martial Gerlinger, le directeur général d'Atosca.

Le concession a également convenu de réduire la largeur de la chaussée de près d'un mètre en raison du trafic modéré attendu, permettant ainsi de réduire de cinq hectares la surface totale bitumée. Environ 8.000 véhicules par jour sont attendus sur cette future liaison autoroutière, ce qui peut sembler peu pour une deux fois deux voies.

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Commentaire 1
à écrit le 09/11/2023 à 11:46
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Une autoroute inutile vu le flux actuel entre Castres et Toulouse Un aménagement en 2x2 voies gratuite serait la solution la plus réaliste

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