La Zac du Rivel, cette grande zone économique qui va émerger au sud de Toulouse

Malgré les contestations autour de ce projet, le Sicoval avance dans la création de sa zone économique bas carbone, dénommée Zac du Rivel. Dans les clous de la loi ZAN (zéro artificialisation nette), l'intercommunalité du sud-est toulousain veut surtout accueillir - sur ces 110 hectares - des activités de production industrielle. Les recettes générées par ce projet serviront au financement du prolongement de la ligne B du métro jusqu'au parc d'activités de Labège, attendu en 2027. Les détails.
À proximité immédiate de Toulouse et proche d'une gare, la future Zac du Rivel pourrait séduire de nombreuses entreprises.
À proximité immédiate de Toulouse et proche d'une gare, la future Zac du Rivel pourrait séduire de nombreuses entreprises. (Crédits : Sicoval)

Ce projet avance en se présentant comme le poumon économique de demain au sud de Toulouse. Le Sicoval, l'intercommunalité du sud-est toulousain qui porte le projet, travaille depuis 2015 à la création de cette zone d'activité économique entre les communes de Montgiscard et Baziège. Si l'emprise foncière totale du projet est de 110 hectares, la part commercialisée et destinée aux entreprises sera quant à elle de 75 hectares. Dénommée la Zac du Rivel, le début des travaux est attendu pour les prochaines semaines.

« Les premières entreprises à s'installer sur place arriveront fin 2024. Nous avons beaucoup de demandes, mais les entreprises devront s'engager à concevoir un bâtiment responsable sur le plan environnemental, proche de l'excellence. Nous voulons une zone d'activité bas carbone et une zone d'activité vertueuse pour l'environnement par les activités accueillies, le tout en relevant le défi de l'accueil de bâtiments à vocation industrielle », présente Jacques Oberti, le président du Sicoval et maire d'Ayguesvives.

Par exemple, la collectivité travaille avec un porteur de projet pour la création d'une usine de pâtes en circuit court qui dispose déjà de cultures de blé autour du Sicoval. Autre cas, une entreprise qui opère dans le domaine des ENR a fait une demande pour 20 hectares de foncier, actuellement étudiée par les élus locaux. Par ailleurs, le Sicoval a raté de peu le projet de gigafactory de la société lyonnaise Carbon pour de la production de panneaux solaires avec, à la clé, un investissement de 1,5 milliard d'euros et 3.000 emplois à terme.

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« Nous étions dans la toute dernière short-list pour accueillir ce projet qui demandait 50 hectares d'emprise foncière. Ils sont venus visiter plusieurs fois le terrain en question mais le dénivelé du terrain était un obstacle pour eux je pense. Nous gardons le contact avec Carbon avec l'espoir de travailler ensemble dans le futur sur un autre projet », commente l'élu local.

Si le président du Sicoval promet d'étudier tous les dossiers d'implantation potentielle d'entreprises, à condition qu'il soit question de production industrielle ou d'économie circulaire, Jacques Oberti ferme la porte à l'accueil d'une activité de nature logistique malgré la proximité immédiate d'un échangeur autoroutier. À contrario, il se dit intéressé par des activités en lien avec l'industrie aéronautique ou spatiale, voire pharmaceutique.

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Une pétition contre le projet

À terme, cette ZAC du Rivel, qui sera aménagée en trois phases, devrait accueillir au moins 3.000 emplois, selon des calculs de l'intercommunalité. Cette dernière se montre ambitieuse sur ce point face aux atouts nombreux de la zone, à savoir la présence de pistes cyclables, celle d'une gare et le fait d'être à six minutes de Toulouse par l'autoroute dans un contexte de raréfaction des fonciers dédiés aux entreprises en raison de la nouvelle loi Climat et Résilience, aussi appelée loi ZAN.

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« Le ZAN n'est pas un problème pour nous. Avant cette loi, nous avions déjà une politique d'économie de consommation du foncier. Nous avons sanctuarisé deux tiers du territoire du Sicoval. Pour le développement économique, nous avons un crédit supérieur à 50% de ce que nous avons consommé ces dix dernières années », explique Jacques Oberti.

Malgré cette politique, ce projet économique ne fait pas que des heureux au sein des élus locaux et de la population, particulièrement en raison de la consommation de terres agricoles, au point que le collectif « Non à la Zac du Rivel » a vu le jour. Ses adhérents ont même manifesté à l'occasion du dernier conseil communautaire pour illustrer une nouvelle fois leur désapprobation et ils ne ferment pas la porte à des recours en justice. Mais une pétition lancée il y a sept mois a récolté seulement 1.300 signatures. « Nous nous opposons à un projet qui est par ailleurs à contre-courant des besoins et priorités actuels », est-il notamment expliqué sur le texte de présentation de la pétition.

Face à la consommation de ces terres agricoles, la collectivité se défend par l'instauration de dédommagements financiers généreux, un fonds de 600.000 euros dédié à la transition agricole pour les exploitations concernées et un accompagnement pour celles-ci afin de leur trouver de nouvelles terres à exploiter. De plus, l'aménagement de la Zac du Rivel devrait être surveillée de près par l'État qui a fait de ce projet l'un des lauréats de l'AMI « Démonstrateur de la ville durable » du plan France 2030.

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Créer des emplois au sud du Sicoval

Au-delà des aspects économiques de ce projet, pour lequel le Sicoval va investir plus de 55 millions d'euros, la collectivité met surtout en avant l'intérêt territorial du projet. « Il s'agit de créer les emplois qui manquent dans le sud du Sicoval », défend Jacques Oberti. Selon des données partagées par l'élu local, à l'occasion d'une précédente conférence de presse, la partie nord du Sicoval abrite dix emplois pour autant d'actifs, tandis que la partie sud ne concentre que cinq emplois pour dix actifs. Pour ce qui est de la partie nord, la collectivité compte s'atteler prochainement à la densification de l'habitat, la zone faisant face à un manque criant de logements.

« La Zac du Rivel est à la fois un projet d'équilibre territorial propre au Sicoval, mais c'est aussi un projet économique à l'échelle de la grande métropole toulousaine. La loi Climat et Résilience change pas mal de choses et les élus locaux ont désormais compris qu'il fallait mieux coopérer pour attirer ou conserver les entreprises sur notre territoire, plutôt que chacun ait une approche égocentrique », plaide Jacques Oberti.

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Enfin, ce projet doit permettre d'alimenter l'investissement fléché vers le CLB (connexion de la Ligne B), qui reliera le terminus actuel de la ligne B du métro à Toulouse, au niveau de Ramonville, jusqu'au parc d'activité de Labège à proximité du centre commercial. Si sa mise en service est espérée pour septembre 2027, les porteurs du projet, dont le Sicoval, prévoient d'investir 227 millions d'euros dans ce chantier. « Les recettes générées par la Zac du Rivel seront principalement destinées au financement du métro », prévient le président du Sicoval, qui a aussi noué un accord avec les communes concernées par la Zac pour toucher un tiers des retombées financières liées au foncier économique bâti. Cependant, le numéro un de l'intercommunalité du sud-est toulousain ne souhaite communiquer aucun chiffre sur les recettes totales attendues grâce à la future Zac du Rivel.

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