ZFE : l'Adie monte au créneau face à la précarité des entrepreneurs

Avec l'entrée en service des ZFE (zone à faibles émissions) en France dont à Toulouse, l’Association pour le Droit à l'Initiative Économique (ADIE) craint des répercussions pour les entrepreneurs les plus démunis. Elle interpelle l'État sur la nécessité de mettre en place des aides supplémentaires. De son côté, l'Adie lance un soutien financier de 5.000 euros pour les créateurs d'entreprise.
L'ADIE souhaite supprimer le critère de seuil d'émission de CO2 pour les véhicules Crit'Air 1 d'occasion.

« Ce sont les personnes avec le plus de difficultés financières qui doivent payer le plus, c'est injuste », s'indigne Christophe Nicaud. Le directeur de l'Adie (Association pour le droit à l'initiative économique) Occitanie s'inquiète des répercussions de la mise en place de la Zone à Faibles Émissions (ZFE).

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Depuis le mois de janvier dernier, pour lutter contre la pollution atmosphérique, les véhicules classés Crit'Air 4 et 5 sont interdits dans la ville, tandis que les véhicules de Crit'Air 3 seront également bannis dès janvier 2024. Ces restrictions de circulation peuvent entraîner des difficultés financières pour ceux qui n'ont pas les moyens de changer de véhicule. D'ailleurs, dès fin 2022, l'opposition municipale à Toulouse appelait à « améliorer la qualité de l'air, sans pénaliser les classes populaires », rappelant que dès 2024, « 41% des véhicules personnels de Haute-Garonne (soit plus 330.000) ne pourront plus circuler dans la ZFE ».

Pour l'Adie, les préoccupations se concentrent sur les personnes les plus vulnérables, notamment les jeunes entrepreneurs et les travailleurs à faibles revenus, qui pourraient être confrontés à des difficultés pour se rendre sur leur lieu de travail ou pour transporter des marchandises nécessaires au fonctionnement de leur entreprise.

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Une aide supplémentaire

Inquiète pour les entrepreneurs (la région est la quatrième en matière de créations d'entreprises), l'Adie occitane propose, en complément des aides publiques actuelles, des microcrédits pour financer l'achat d'un nouveau véhicule. Cette aide supplémentaire de 5.000 euros peut donc se cumuler par exemple avec la prime à la conversion ou encore le bonus écologique. Des actions insuffisantes pour l'association qui appelle l'État à renforcer les aides pour un changement de véhicule. Parmi ces problèmes rencontrés, la hausse des prix, la raréfaction du parc automobile d'occasion ou encore la difficulté d'accès de ces mêmes primes publiques. Une situation qui peut alors aggraver la précarité et limiter le développement des entrepreneurs.

« La transition énergétique est une urgence absolue. Pour autant, il n'y aura de transition que si elle est inclusive, que si elle n'aggrave pas les fractures sociales ou territoriales, et qu'elle contribue même à les réduire. Inclure les plus faibles revenus, leur permettre d'être des acteurs citoyens de la transition: c'est la condition sine qua non pour combiner efficacité écologique et justice sociale », souligne Christophe Nicaud, directeur de l'Adie Occitanie, confiant.

Durant cette année 2022, l'Adie Occitanie, a enregistré 504 microcrédits mobilités pour un montant s'élevant à 1,8 million d'euros. À noter qu'un microcrédit peut être contracté deux fois dans la même année.

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Des inégalités entre villes

Se pose aussi la question des réglementations des zones à faibles émissions qui varient d'une ville à l'autre en France. Actuellement, Toulouse et Montpellier ont mis en place leur ZFE tandis qu'à Nîmes et Perpignan, il faudra attendre 2025 avant de voir les vignettes Crit'Air 3 interdites sur leurs territoires.

D'après une enquête de l'Adie en 2022, 80% des entrepreneurs à faibles revenus utilisent des véhicules motorisés pour leur travail. Une question se soulève alors, que se passe-t-il pour les travailleurs appelés à voyager entre plusieurs métropoles ? Néanmoins, l'association soutient que la ZFE « n'est pas une option » en raison de l'urgence climatique et des enjeux de santé publique liés à la pollution de l'air. L'Adie étudie d'ailleurs la possibilité de lancer un service de location de véhicule d'ici 2024 pour contrer ces problématiques.

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