À Toulouse, la ZFE "soulève de vives inquiétudes" au sein des entreprises

Depuis le 1er mars 2022, la zone à faibles émissions (ZFE) est en vigueur à Toulouse. Le dispositif a pour but de limiter la pollution dans la ville et d’éliminer du trafic automobile les véhicules les plus polluants. Les entreprises sont les premières concernées par la mesure puisque les fourgonnettes, fourgons et poids lourds de vignette Crit’air 5 et non classés ne peuvent plus circuler au sein de la ZFE au risque d’être verbalisés. Elles doivent donc renouveler leur flotte de véhicules afin de continuer à circuler au sein de la ville. Quel est l’impact de cette mesure sur les politiques de mobilités des entreprises toulousaines ? Peuvent-elles répondre aux défis posés par la ZFE et renouveler les flottes pour des véhicules moins polluants ? Valérie Jimenez, vice-présidente du Medef31 et présidente de la société de transport routier éponyme répond à ces questions. Interview.
Valérie Jimenez, vice présidente du Medef 31 et présidente Jimenez groupe.
Valérie Jimenez, vice présidente du Medef 31 et présidente Jimenez groupe. (Crédits : Rémi Benoit)

LA TRIBUNE - La zone à faible émission est entrée en vigueur le 1 mars dernier et elle vise à chasser du centre-ville et d'une partie de la rocade les véhicules les plus polluants. Cette mesure concerne d'abord et uniquement les camions et utilitaires classés Crit'Air 5. Progressivement, elle concernera les Crit'Air 4 et 3. Quel est l'impact de cette décision sur les entreprises détentrices d'une flotte automobile et membres du syndicat patronal Medef 31 ?

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VALÉRIE JIMENEZ - Nous considérons que les zones à faibles émissions constituent des outils pertinents pour améliorer la qualité de l'air dans les zones qui subissent justement des dépassements réguliers des normes et notamment les grandes villes. Cependant, bien qu'ambitieux, le calendrier de mise en oeuvre de ces restrictions de circulation des véhicules polluants soulève de vives inquiétudes au sein des entreprises. Les restrictions mises en oeuvre couvrent plus de trois quart du parc des particuliers et plus de 90 % du parc des professionnels.

À titre personnel, notre groupe, Jimenez n'est pas concerné par la ZFE car cela fait près de 10 ans que nous sommes détenteurs de la certification QSE (qualité sécurité environnement) et que nos camions disposent d'une vignette Crit'Air 2, nous sommes donc dans la bonne mouvance. Cependant, nous sommes un cas isolé car les autres transporteurs, qui sont souvent des petites structures de deux ou trois camions, ne peuvent pas matériellement et financièrement changer leurs véhicules. Ils disposent d'une flotte qu'ils sont censés garder entre 7 et 15 ans. Après le mouvement des gilets jaunes, la crise du Covid, le remboursement des PGE (Prêt garanti par l'État) il est maintenant demandé aux entreprises de continuer leurs efforts et de changer leurs véhicules, qui sont leurs outils de travail. De plus certains véhicules n'auront pas eu le temps d'être amortis, puisque qu'en moyenne, selon la profession, il faut sept ans pour un véhicule léger et treize ans pour un poids lourd.

Les conséquences économiques de ces restrictions seront lourdes pour certains secteurs comme le commerce, l'hôtellerie, la restauration, le sport ou les loisirs qui pourrons être confrontés à baisse de la fréquentation.

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Pour les entreprises de moins de 250 salariés et dont le siège social ou une de ses antennes se situe l'une des 37 communes de Toulouse Métropole, la collectivité propose une prime jusqu'à trois véhicules subventionnés ou jusqu'à atteindre 20 000 euros de subventions. Cela est-il suffisant ?

On nous propose une subvention à laquelle toutes les entreprises n'auront jamais droit car la elles ne remplissent pas les conditions requises comme le seuil de moins de 250 salariés par exemple ou le nombre de véhicules.

De plus, le prix de revente des véhicules anciens subira une décote importante puisqu'ils auront interdiction de circuler au sein de la ZFE. Toutes les entreprises n'ont pas et n'auront pas la chance de revendre leur flotte à l'étranger à un prix intéressant. Pour celles qui le peuvent, les aides proposées sont disproportionnées par rapport à ce que nous pouvons tirer de la revente à l'étranger.

Quels moyens demandez-vous afin de répondre aux défis posés par la ZFE ?

À force de discussion avec Toulouse Métropole, la collectivité a fini par accepter d'expérimenter sur l'année 2022 l'octroi d'une prime pour l'achat d'un véhicule peu émissif tels que les GNV, GPL électriques, hybrides, hydrogènes et Crit'Air 0 ou 1, neufs ou d'occasion à destination d'une entreprise sans condition de mise au rebut d'un véhicule polluant. Nous sommes entendus, il y a un échange.

Certes, les entreprises sont résiliantes et ont une capacité à s'adapter, mais pour cela, il faut poursuivre les efforts engagés en matière d'aide pour nous accompagner dans le renouvellement du parc automobile. Nous travaillons avec Toulouse Métropole mais également sur le plan national afin de démontrer les problématiques importantes rencontrées par les transporteurs et l'ensemble des sociétés qui disposent d'une flotte de véhicules.

Il faut continuer à échanger avec la métropole pour que les intérêts des transporteurs mais aussi des commerçants et de tous puissent être pris en compte. Nous allons tout faire pour répondre aux défis posés par la ZFE. Nous voulons des baisses de différentes taxes actuellement trop élevées, notamment sur le transport. Nous souhaitons de l'équité et de la clarté sur certaines taxes. Lorsqu'une société produit et qu'elle gagne de l'argent, je suis d'accord pour qu'elle soit taxée mais équitablement.

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Commentaire 1
à écrit le 02/09/2022 à 5:30
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C'est une dictature sociale à tout niveau sanitaire escrologique énergétique ! Les aides de l'état une fumisterie conditionnées. Pourquoi changer de véhicule lorsque l'on est dans une précarité professionnelle alors même que ce dernier fonctionne e...

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