Occitanie : un boom économique nourri par un boom démographique

La Région s’attend à une forte hausse de sa population d’ici 2030 et s’y prépare avec la volonté de faire de son territoire un modèle sur la transition écologique.
L'Occitanie mise sur les énergies renouvelables pour se développer économiquement.
L'Occitanie mise sur les énergies renouvelables pour se développer économiquement. (Crédits : Yves Herman)

Avec ses deux métropoles, Toulouse et Montpellier, la région Occitanie, résultant de la fusion des anciennes régions Midi-Pyrénées et Langue- doc-Roussillon, devrait accueillir un million d'habitants supplémentaires d'ici 2030 (5,9 millions d'habitants au 1er janvier 2018 selon l'Insee).

"Nous allons accueillir plus du quart de l'accroissement démographique de la France dans les vingt prochaines années", souligne Nadia Pellefigue, vice-présidente de la Région chargée du développement économique.

Cette forte poussée de la population régionale dans la décennie à venir prend la forme d'un défi pour les dirigeants politiques locaux : programmer les capacités d'accueil nécessaires sur le territoire, un nombre d'emplois suffisant, sans mettre à mal la qualité de vie actuelle.

"Ce qui trace notre action en matière de développement économique, c'est bien l'accueil de ces populations nouvelles, tout en la faisant converger avec l'excellence environnementale, la coopération territoriale et le rayonnement de notre territoire", précise l'élue régionale.

De ce fait, pour se développer sur le plan économique, l'Occitanie ambitionne de devenir la première région d'Europe à énergie positive d'ici à 2050. Une convention avec EDF a été signée en 2017 en ce sens, tandis que la Région soutient d'importants projets d'éoliennes offshore au large des côtes audoises (portés par Engie et Quadran Énergies Marines).

"L'excellence environnementale" passe également par des mobilités plus propres. Par conséquent, la Région s'investit sur le dossier des mobilités nouvelles avec un soutien important à la filière hydrogène, tout en soutenant des startups développant les mobilités de demain à Toulouse, comme EasyMile, EVA ou encore Hyperloop. Pour propulser de potentielles pépites, la Région va ouvrir, en 2020, une Cité des startups à Toulouse. Elle abritera sur une surface de 10 000 mètres carrés l'incubateur régional Nubbo, le siège de l'agence de développement économique régionale Ad'Occ, un fab lab et une centaine de jeunes pousses.

À Montpellier, le pendant de la Cité des startups est la Cité des métiers de demain, "la Villa Médicis" de l'économie future prévue d'ici 2020. Ce lieu de résidence modulable associera universitaires, entre- prises et groupes déjà partenaires (Airbus, Dell, Microsoft...).

"Alors que l'intelligence artificielle et l'industrie 4.0 impactent de nom- breuses filières, nous devons identifier les métiers dont nous aurons besoin, et savoir comment y former", décrit la conseillère régionale Marie-Thérèse Mercier.

Une filière Silver économie

Cette logique de transformation se retrouve dans le Plan Littoral 21, doté d'un milliard d'euros (dont 300 millions de la Région) pour mettre en œuvre d'ici 2020 une nouvelle "économie bleue" sur les 220 kilomètres du littoral occitan. Le dispositif prévoit la modernisation des infrastructures portuaires et touristiques, avec 150 dossiers déjà traités en un an. "Le Sud-Ouest connaîtra une hausse de température d'un degré d'ici à 2050. Ce plan vise aussi à anticiper les conséquences du changement climatique, en travaillant sur l'accès à l'eau ou l'érosion du littoral, insiste Nadia Pellefigue.

De même, dans une région qui comptera en 2050 près de 7 millions d'habitants dont 29 % de seniors (20 % en 2013), la Direccte [Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi, ndlr] de l'ex- Languedoc-Roussillon a voulu impulser, dès 2012, une démarche de filière autour du bien vieillir, avec des groupes comme Sanofi et Horiba Medical, le pôle de compétitivité Eurobiomed, etc. Si le projet n'a pas vraiment abouti, cette volonté commune d'acteurs publics et privés s'est cristallisé, en 2014, dans la création de KYomed, qui veut faire le lien "entre la santé et le numérique pour façonner la médecine du futur", comme l'explique son président Daniel Laune. Dans un rapport sorti en mars, Ad'Occ recommande de structurer la filière Silver Économie d'Occitanie (70 entreprises, 5 166 structures de l'économie sociale et solidaire).

Mais si la Région défend "une vision solidaire afin de mieux gérer la coopération entre territoires", les heurts sont fréquents avec Montpellier. Absente de la loi de 2014 créant cet échelon et pourtant née d'un pacte entre ses 31 maires, la deuxième Métropole d'Occitanie voit sa propre édification comme un projet de long terme, se réinventant comme "métropole productive en richesse, emplois et innovations, métro- pole écoresponsable, métropole solidaire et citoyenne, et métropole connectée aux villes du pays et du monde", selon son président et maire (DVG), Philippe Saurel. Symbole de ces "nouvelles fonctions urbaines" : le quartier Cambacérès (60 hectares), présenté comme "la vitrine de Montpellier pour les cinquante ans à venir", dont le chantier démarre à la fin de 2018. Le projet intègre la gare TGV, entrée en fonction cet été, et prochainement une Halle French Tech de 8 000 mètres carrés et divers équipements majeurs (le stade de football Louis Nicollin, la nouvelle Business School, etc.).

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