Toulouse face au défi de la croissance démographique

Toulouse est devenu la cinquième agglomération la plus peuplée de France, devant Nice : elle va dépasser le million d’habitants, pour approcher le 1,5 million en 2050. Une croissance qui met au défi son attractivité et imposera des choix en matière d’urbanisme et de densité. Décryptage.
La Métropole cherche à densifier Toulouse.
La Métropole cherche à densifier Toulouse. (Crédits : Rémi Benoit)

Toulouse n'en finit plus de croître. Le dernier recensement de l'Insee montre que l'agglomération a gagné près de 70 000 habitants en cinq ans. Elle compte désormais 948 000 personnes (dont 472 000 intramuros), devenant la 5e de France devant l'agglomération niçoise. Et ce rythme de croissance devrait se poursuivre dans les décennies à venir. « Selon nos projections, l'agglomération va gagner entre 350 000 et 440 000 habitants d'ici 2050 », informe Annette Laigneau, adjointe en charge de l'urbanisme à Toulouse Métropole. La Ville accueillera des nouveaux arrivants mais connaîtra surtout beaucoup de naissances grâce à sa population jeune. L'Insee remarque en effet qu'en 2050, le solde migratoire en Haute-Garonne deviendra "presque nul" et le vieillissement de la population sera nettement moins prononcé qu'ailleurs (seulement 21% de seniors en 2050 contre 27% en France).

Le modèle d'urbanisation toulousain "obsolète"

La croissance démographique pose de nombreux défis notamment en termes d'urbanisme.

"Le ville de Toulouse a la particularité d'avoir un tiers de maisons individuelles. Mais ce modèle d'urbanisation est en train de devenir obsolète avec la croissance démographique. On ne peut pas continuer à perpétuer l'étalement urbain. L'attractivité de Toulouse repose sur sa qualité de vie : si cela devient aussi difficile de se déplacer qu'à Paris, les ingénieurs ne viendront plus travailler à Airbus, ce dynamisme économique va s'effondrer", alerte François Saint-Pierre, membre du Codev, comité d'expertise citoyenne sur la métropole.

Pour arrêter de grignoter sur les terres agricoles, la métropole toulousaine cherche aujourd'hui à densifier. L'étalement urbain est beaucoup moins fort depuis quelques années. Il est passé de 400 hectares par an entre 2007 et 2010 à 230 hectares par an entre 2013 et 2016 sur les 114 communes de la grande agglomération toulousaine.

"Nous voulons encore réduire de 10% ce phénomène. La ville doit se reconstruire sur elle-même : il faut transformer les friches industrielles en logements, détruire pour reconstruire plus haut. La construction de nouveaux logements se fera à 50% dans la ville-centre, à 30% dans la première couronne, à 10% dans des communes dont les perspectives de transports en commun sont lointaines et à 10% dans celles qui n'auront jamais ce type de transports", avance Annette Laigneau.

De nouveaux logements mais à quel prix ? "Pour loger une famille à Toulouse, il faut compter entre 300 000 et 400 000 euros l'achat d'un appartement et  au minimum 500 000 euros pour une maison individuelle. Les ménages plus modestes vont déjà à 20 km de Toulouse pour construire leur maison. Comment feront-ils demain ? La construction d'HLM ne résout cette question que pour la couche de population la plus défavorisée ", estime François Saint-Pierre.

Le risque de créer de nouveaux îlots de chaleur

Mais au-delà de la question des logements, la croissance démographique demande de construire des maternités, des établissements scolaires (la majorité municipale a promis dix nouvelles écoles d'ici la fin du mandat), des équipements sportifs... Se pose aussi la question de l'eau : " La Région Occitanie a aujourd'hui un déficit en eau de 200 millions de m3, il devrait atteindre 1 milliard en 2050 selon la Dreal", fait remarquer Laurent Carrié, secrétaire général aux affaires régionales à la préfecture d'Occitanie. Qui dit plus d'urbanisation, dit aussi plus de pollution avec le risque de créer de nouveaux îlots de chaleur. " On peut enregistrer 4°C de différence entre les faubourgs du centre-ville et la campagne. Cela semble peu mais en cas de canicule, c'est énorme ", ajoute l'adjointe. Toulouse a connu en juin dernier un pic à 38°C et selon une étude du Cerfacs, si rien n'est fait pour atténuer le réchauffement climatique, le Sud-Ouest pourrait connaître des pics de chaleur réguliers à 51,6°C en moyenne !

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