RER à Toulouse : la Métropole et le Sicoval prêts à se mettre autour de la table, pas (encore) l'État

Au fil des déclarations des uns et des autres, nombreux sont les élus locaux à vouloir désormais discuter d'un projet de RER métropolitain à Toulouse. Après le conseil départemental de Haute-Garonne, le Sicoval s'est également dit prêt à y participer, tout comme Toulouse Métropole pourtant sceptique à l'égard de ce projet il y a encore quelques mois. Tous attendent désormais d'être reçu par le préfet de région pour esquisser les prémices d'un montage financier, comme le souhaite la Première Ministre.
À quand un RER métropolitain à Toulouse ?
À quand un RER métropolitain à Toulouse ? (Crédits : Alstom)

Les lignes sont-elles en train de bouger ? À Toulouse, le projet de RER métropolitain prend de plus en plus de place dans le débat public ces derniers mois. Au point que certains élus locaux font évoluer leurs éléments de langage au fil de leurs sorties médiatiques pour donner davantage d'épaisseur à ce sujet. C'est notamment le cas du maire de Toulouse et président de la Métropole, Jean-Luc Moudenc.

À l'occasion d'un déjeuner avec une poignée de journalistes au cours de l'été dernier, l'édile n'avait pas manqué de rappeler son scepticisme à l'égard d'un potentiel RER à Toulouse, jugeant par la même occasion sa future troisième ligne de métro plus efficace avec 90.000 véhicules retirés de la circulation chaque jour. Mais lors de sa conférence de presse de mi-mandat, mardi 11 avril, Jean-Luc Moudenc a fait évoluer sa position.

« Nous ressentons tous (les élus locaux, ndlr) le besoin d'aller plus loin en matière de mobilité et d'alternatives à la voiture individuelle », a notamment déclaré le président de la Métropole, dans un contexte où des avancées en faveur d'un RER sont attendues.

Quelques semaines auparavant, c'est son adjoint aux déplacements et président du réseau de transports urbains Tisséo, Jean-Michel Lattes, qui a distribué quelques bons points à un tel projet. « Le RER permet de rabattre car il va au-delà de la zone d'influence géographique du réseau TIsséo, et le métro permet de diffuser (...) Au-delà de 15 kilomètres de trajet, les personnes se sentent délaissées. Il y a donc un sens certain derrière le projet de RER à Toulouse », avait notamment déclaré l'élu local.

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Le Sicoval veut y aller aussi

Bien avant ces diverses déclarations, tous les groupes politiques du conseil de Toulouse Métropole ont même adopté, le 20 octobre 2022, un voeu en faveur de la création d'un RER métropolitain à Toulouse. Le Sicoval, l'intercommunalité du sud-est toulousain, en a fait de même quelques temps après.

« À partir de 2024, nous allons financer la LGV entre Toulouse et Bordeaux à hauteur de 740.000 euros par an, mais sans en voir la couleur. Nous allons payer notre proximité avec la gare Toulouse-Matabiau. Nous, ce qui nous manque au Sicoval, ce sont vraiment les trains du quotidien donc nous sommes prêts à nous mettre autour de la table pour discuter d'un tel projet comme le RER métropolitain. Il faut travailler dans un premier temps sur un meilleur cadencement des lignes existantes, avant d'étudier un meilleur maillage avec pourquoi pas de nouvelles gares », témoigne auprès de La Tribune Jacques Oberti, le président du Sicoval.

Récemment, le nouveau président du Département de Haute-Garonne, Sébastien Vincini s'est lui aussi déclaré prêt à participer au financement d'un tel projet. Dans les coulisses du Capitole, on craint néanmoins que ce sujet ne devienne qu'un serpent de mer supplémentaire sans avancée concrète pendant plusieurs années comme a pu l'être la LGV Toulouse-Bordeaux, évoquée pour la première fois au cours des années 90 et dont les travaux vont enfin débuter fin 2023 voire 2024. Pourtant, le plan Borne de 100 milliards d'euros en faveur du ferroviaire annoncé en début d'année prévoit la création de plusieurs RER métropolitains sur les années à venir.

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Le préfet n'a pas encore débuté les consultations

Après cette annonce tenue au début du mois de février, les élus locaux sont désormais dans l'attente des enveloppes financières potentielles associées à ces projets de RER métropolitains.

« Il faut aussi mener ces projets dans un esprit de responsabilité. Les citoyens doivent être conscients que tout cela ne sera possible qu'en identifiant de nouvelles ressources financières pour les mener à bien », précise Jean-Luc Moudenc qui a déjà fait savoir qu'il serait candidat à sa réélection en 2026.

Pour l'édile, « deux rendez-vous » devront aussi témoigner de nouvelles ambitions sur la mobilité (et donc potentiellement d'un RER métropolitain) : le futur Plan de déplacements urbains qui doit dicter la politique mobilités du territoire jusqu'en 2040 et les négociations du futur volet mobilités du contrat de plan État-Région (CPER) promis par Matignon comme véhicule financier pour lancer ces projets de RER dans les villes de Province. « Nous attendons un signe de la part du préfet », n'a pas caché Jean-Luc Moudenc. « Je n'ai pas encore reçu le mandat de négociation de la part de l'État pour discuter avec les collectivités locales de ce sujet, mais je ne suis pas le seul préfet dans ce cas », répond Pierre-André Durand, le nouveau préfet d'Occitanie, interrogé par La Tribune. Pourtant, lors d'une conférence de presse, la Première Ministre Élisabeth Borne a indiqué attendre la copie des volets mobilités de tous les CPER pour le mois de juin. Dans ce contexte, le nouveau représentant de l'État s'attend à un léger décalage de cette date.

Selon diverses études multimodales récemment dévoilées par la préfecture, un RER à Toulouse coûterait au moins 1,5 milliard d'euros voire 2 milliards selon le déploiement retenu. L'association Rallumons L'étoile, qui porte ce projet de RER à Toulouse, veut proposer un scénario « compatible avec le financement de la troisième ligne de métro » (réévaluée à 3,44 milliards d'euros). Celui-ci repose sur une phase 1 jusqu'à 2029, avec une cadence à raison d'un train toutes les 30 minutes dans les deux sens de six axes (vers Montauban, Brax, Muret, Auterive, Baziège et Saint-Sulpice). La phase 2 consiste à tendre vers un train toutes les 15 minutes de 5 heures à minuit à horizon 2040. Pour assurer le financement de ce projet et de l'ensemble du plan Borne de 100 milliards d'euros, « Régions de France demande au gouvernement une augmentation des crédits de l'État en faveur du ferroviaire, un fléchage des recettes des concessions autoroutières vers le transport ferroviaire, un plan rail européen pour bénéficier de fonds européens, mais également de nouvelles modalités de portage financier à l'image de la société de projet qui a vu le jour pour la LGV Toulouse-Bordeaux », a rappelé ce jeudi 13 avril Carole Delga, la présidente socialiste de la Région Occitanie, qui prévoit d'investir 800 millions d'euros dans un plan Rail entre 2021 et 2030.

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