RER : ce projet ferroviaire à Toulouse (très) attendu par la population selon une consultation publique

L'association Rallumons L'Étoile, qui porte à Toulouse un projet de RER sur six branches, vient de mener une consultation publique qui a rassemblé 5.000 personnes et qui attendent majoritairement l'aboutissement de ce projet de transport ferroviaire. Sa concrétisation est notamment attendue pour ceux qui se rendent vers la ville centre, ou qui vont d'une périphérie à une autre. Néanmoins, cette initiative de l'association doit faire face à la position des collectivités locales, qui sont dans l'attente d'un financement de l'État. Rallumons L'Étoile demande un séminaire de travail avec toutes les parties prenantes du dossier.
Une consultation publique confirme l'attente des Toulousains pour un RER.
Une consultation publique confirme l'attente des Toulousains pour un RER. (Crédits : Reuters)

Une étude pour « mobiliser le grand public » autour du projet de RER à Toulouse, et « humaniser » le sujet. Voici quels étaient les enjeux de la grande consultation publique menée il y a quelques semaines par l'association Rallumons L'Étoile, présidée par Benoit Lanusse. Cette dernière, qui oeuvre à la création d'un réseau express régional ferroviaire à Toulouse, vient d'en révéler les résultats. « Nous avons voulu partir du point de vue des habitants et des usagers des transports à Toulouse », ajoute Benoit Lanusse.

Sur les près de 4.900 répondants qui ont participé à ce questionnaire en ligne, ils sont 59% à répondre « Oui, tout à fait » quand on leur demande « Un RER toulousain pourrait-il améliorer votre quotidien ? ». Ce taux grimpe à 86% des participants en y ajoutant ceux qui ont répondu simplement « Oui ».

« Le RER seul ne sera pas une réponse suffisante (aux besoins de mobilité), mais les gens ont envie de RER. Ce sont des chiffres qui ressemblent grandement aux attentes des Toulousains à l'issue du grand débat public mené pour la future ligne C du métro. Je remercie Rallumons L'Étoile de ne pas opposer ces deux projets car ils s'enrichissent mutuellement. Le RER permet de rabattre car il va au-delà de la zone d'influence géographique du réseau TIsséo, et le métro permet de diffuser », rétorque Jean-Michel Lattes, président de Tisséo Collectivités, invité à réagir sur la présentation de ces chiffres.

Aussi 2.000 témoignages écrits

Accompagnée dans l'analyse des réponses par des étudiants étudiants du Master d'Urbanisme et Aménagement, spécialité Transports et Mobilités, de l'université Jean Jaurès à Toulouse, l'association Rallumons L'Étoile ne nie pas certains manques dans l'échantillon de sa consultation publique avec seulement 2% de 17 ans et moins et 10%   de 18 à 24 ans. À contrario, la population active, avec trois tranches d'âges allant de 25 à 64 ans, représente tout de même 78% des répondants (rien que 38% pour les 35-49 ans). Certainement les plus intéressés par un potentiel RER à Toulouse.

Sur leurs usages, 54% des participants à cette enquête en ligne - qui s'est tenue du au cours du mois de décembre sur deux semaines - sont des usagers de véhicules motorisés individuels comme « mode de transport principal  », en raison d'un temps de trajet plus court que l'offre de transports en commun locale actuelle. Parmi eux, ils sont d'ailleurs 64% à être actuellement insatisfaits de cette offre de transports à Toulouse et ces mécontents estiment, à 67%, « oui tout à fait » un RER toulousain changerait leur quotidien. Bien que minoritaires dans cette catégorie d'usagers, les satisfaits de la voiture plébiscitent aussi la création d'un RER. Ils sont 36% à répondre « oui tout à fait » et « plutôt oui » à 38% à la question « un RER toulousain changerait-il votre vie ? ».

Les usagers des modes doux et actifs (vélo et marche), qui pèsent aussi pour 18% des répondants, partagent majoritairement cet avis, tout comme ceux qui utilisent le réseau des transports en commun, ou encore le TER, comme moyen de locomotion principal actuellement. « La création d'un RER va mécaniquement augmenter la part modale des usagers des modes doux et actifs et permettre d'offrir une nouvelle alternative de déplacement à ceux qui habitent et travaillent à proximité d'une gare », commente Lambert Meilhac, le secrétaire général de l'association 2 pieds 2 roues.

« À travers 2.000 témoignages écrits supplémentaires, tous les profils de répondants demandent aussi l'instauration d'une tarification unique pour tous les transports en commun à Toulouse, notamment pour que cela soit pratique », ajoute Aymeric Burgunter-Delamare, l'un des étudiants de l'université Toulouse Jean Jaurès, qui a participé à l'analyse de la consultation publique.

Autre point important, près de la moitié des répondants (45%) font des trajets au départ de la périphérie vers Toulouse. Dans ce cas de figure, ils sont seulement 51% à être satisfait de leurs déplacements car ce sont les premières victimes de la congestion automobile ou d'une offre de transport moins riche qu'au sein de la ville centre. Ceux aussi qui se déplacent d'une périphérie à une autre, soit 27% des participants, sont insatisfaits de leurs trajets pour 55% d'entre eux.

« Au-delà de 15 kilomètres de trajet, les personnes se sentent délaissées. Il y a donc un sens certain derrière le projet de RER A Toulouse », commente Jean-Michel Lattes, qui relève « des chiffres intéressants » dans cette consultation.

Le plan de 100 milliars d'euros ? « Nous attendons »

Face à cet engouement autour du projet de RER à Toulouse, l'annonce d'Emmanuel Macron de créer 10 RER métropolitains en France suivi de celle d'un plan d'investissement de 100 milliards d'euros d'ici 2040 pour le développement du transport ferroviaire ont créé de l'attente.

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« Je suis satisfait de ce plan. Maintenant, nous attendons la traduction concrète de ces 100 milliards. Pour le moment, c'est juste une annonce. Il faut une planification des investissements et nous attendons aussi les intentions du gouvernement sur la manière avec laquelle il compte piloter ces projets de RER métropolitains », réagit Christine Arrighi, député EELV au sein de la Nupes, sur la 9ème circonscription de Haute-Garonne.

Au sein des élus locaux, ce sentiment d'attente est aussi prédominant. « Pour l'instant, ce n'est que de la communication. L'État doit reprendre la main sur l'investissement dans le transport ferroviaire », ajoute Jérôme Monamy, conseiller régional en Occitanie et membre de sa commission Mobilités et Infrastructures. Du côté de Jean-Michel Lattes, satisfait que ce plan accorde un intérêt à l'intermodalité, on estime qu'il reste des questions en suspens comme l'investissement réel de l'État dans ces projets de RER. « Il devra être conséquent d'autant plus qu'il y a des inquiétudes autour du coût réel de ces infrastructures », interpelle le président de Tisséo.

Le projet de RER à Toulouse est estimé à 1,5 milliard d'euros selon les dernières études multimodales, somme à laquelle il faut ajouter les 900 millions d'euros prévus dans les aménagements ferroviaires du nord toulousain. Investissement qui va permettre l'arrivée de la LGV à Toulouse et favoriser l'émergence d'un RER avec la création d'une voie nouvelle.

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Quel RER demain ?

Devant cette équation économique incertaine, l'association Rallumons L'étoile veut proposer un scénario « compatible avec le financement de la troisième ligne de métro » (réévaluée à 3,44 milliards d'euros). Celui-ci repose sur une phase 1 jusqu'à 2029, avec une cadence à raison d'un train toutes les 30 minutes dans les deux sens de six axes (vers Montauban, Brax, Muret, Auterive, Baziège et Saint-Sulpice). La phase 2 consiste à tendre vers un train toutes les 15 minutes de 5 heures à minuit à horizon 2040.

RER

Carte produite par l'association Rallumons L'Étoile.

« Notre rôle est d'aider à cheminer vers un accord entre toutes les parties. Le conseil régional d'Occitanie ne pourra pas porter seul ce projet de RER. Déjà plusieurs millions d'euros ont été dépensés dans des études, mais aucune n'a été financée pour évaluer la soutenabilité financière de ce projet. Nous appelons à un séminaire d'études avec toutes les parties prenantes du dossier pour mettre tous les éléments sur la table et avancer ensemble. Il ne faut pas attendre le financement de l'État », insiste Benoit Lanusse, le président de l'association qui a bien conscience des négociations en cours pour la création d'un volet mobilités sur le CPER 2023-2027, véhicule juridique privilégié par l'État pour investir sur les RER.

Malgré le scepticisme du maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc sur le volet financier d'un RER à Toulouse, Jean-Michel Lattes, son adjoint, tient une certaine position d'ouverture. « Le positionnement de l'État dans le futur volet mobilités du CPER sera la clé et les collectivités locales sont associées à ce CPER. Nous allons discuter (...) Il faudra accepter de hiérarchiser en commençant par les axes les plus importants et avec le plus de potentiel, comme nous parlons de six branches aujourd'hui ». L'élu estime par ailleurs que « les collectivités locales ont déjà commencé le chantier du RER » en favorisant notamment l'interconnexion entre le réseau de lignes du métro et le réseau ferré porté par le conseil régional.

Quant au conseil régional Occitanie, qui vient de signer une nouvelle convention avec la SNCF pour augmenter le nombre de trains sur l'étoile ferroviaire toulousaine dans les années futures, il privilégie l'hypothèse de terminus partiels aux entrées de Toulouse, avant d'envoyer ses usagers vers le réseau Tisséo. « Les études sont lancées », insiste Jérôme Monamy. Du coté de l'association, on défend l'intérêt de créer un noeud modal au sein de la gare Toulouse-Matabiau dans laquelle se croiseraient toutes les lignes du futur RER.

Le symbole que toutes les parties n'ont pas la même vision de ce que doit être le RER à Toulouse, bien au-delà de la question de son financement.

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