Le spatial, acteur méconnu mais crucial dans la surveillance du climat

Aujourd'hui, la moitié des données climatiques sont observées depuis l'espace via des satellites d'observation de la Terre. À l'occasion d'un colloque à Toulouse, des scientifiques internationaux sont revenus sur les outils utilisés pour surveiller le climat. Pour renforcer la coopération internationale, Emmanuel Macron devrait annoncer en décembre la création d'un observatoire spatial du climat.
La branche spatiale d'Airbus a conçu MicroCarb, le premier satellite français capable de mesurer la concentration de CO2 à l'échelle planétaire.

"J'ai été frappé, en 2015, quelque temps avant la COP21 à Paris, de voir à quel point les hommes politiques n'imaginaient pas le rôle crucial que peut avoir le spatial dans l'observation du climat. Les satellites permettent de mesurer les trois principaux effets du réchauffement climatique : l'augmentation de la température du globe, la hausse du niveau des océans et la croissance des émissions de gaz à effet de serre", a tenu à signaler Jean-Yves Le Gall le président du Centre national d'études spatiales (CNES), ce mercredi 11 octobre, à l'occasion du colloque Climat et espace organisé dans les locaux de Météo France à Toulouse.

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 Pendant deux jours, des scientifiques internationaux ont présenté les différents outils du spatial actuellement utilisés pour l'observation de la Terre et réfléchi à la manière d'améliorer la coopération entre les agences spatiales pour répondre aux enjeux environnementaux.

"Sur les 54 variables essentielles pour observer le climat (ECV : Essential climate variables), la moitié est accessible uniquement par les données spatiales et 75% d'entre elles sont partiellement délivrées par les satellites", fait remarquer Gerhard Ehret, responsable du département lidar au sein du centre aérospatial allemand.

L'industrie spatiale planche sur des technologies de pointe pour améliorer les mesures. Par exemple à Toulouse, la branche spatiale d'Airbus a conçu MicroCarb, le premier satellite français capable de mesurer la concentration de CO2 à l'échelle planétaire avec une grande précision (de l'ordre d'1 ppm). L'autre objectif du projet est de cartographier les puits de carbone sur la planète (océans et forêts tropicales) et dans le même temps les tonnes de CO2 émises par les villes. Le satellite sera envoyé dans l'espace au cours de l'année 2020 via une plateforme du Cnes et utilisera la lumière pour s'alimenter en énergie.

Lire aussi : Au Cnes de Toulouse, Ségolène Royal annonce 75 M€ pour le satellite MicroCarb

Autre illustration : dans le cadre du programme européen d'observation de la Terre Copernicus, ce vendredi 13 octobre a été lancé le satellite Sentinelle 5P. Il pourra cartographier quotidiennement l'ensemble de la planète et mesurera notamment les concentrations d'aérosols et de nombreux gaz à l'état de traces tels que le dioxyde d'azote, l'ozone, le méthane ou le monoxyde de carbone.

Les satellites One Web réutilisés pour surveiller le climat ?

Mais des satellites télécoms pourraient à l'avenir être utilisés également pour surveiller le climat. Nicolas Chamussy, vice-président exécutif de la division systèmes spatiaux d'Airbus, avance ainsi lors du colloque :

"Nous réfléchissons à une réutilisation des satellites OneWeb pour d'autres usages et notamment l'observation du climat."

Pour rappel, fin juin a été inaugurée à Toulouse la chaîne d'assemblage pour les premiers satellites de OneWeb. Ils seront intégrés dans une constellation de 900 satellites dont la mission est d'apporter un accès web haut-débit à tous les habitants de la planète.

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 "Ces satellites sont très légers. Ils pèsent 150 kg et peuvent emporter une charge utile de 60 kg, de quoi transporter des instruments de mesure. Ce dispositif a aussi l'avantage de représenter un coût bien moindre avec une couverture mondiale instantanée. L'autre atout est la résilience : si un satellite a un problème cela ne compromet pas l'ensemble de la mission scientifique puisque la flotte compte 900 satellites. On pourrait imaginer une réutilisation pour la surveillance du CO2 par exemple", poursuit Nicolas Chamussy.

Un observatoire spatial du climat sera créé en décembre

Mais pour Jean-Yves Le Gall, mieux utiliser le spatial pour le climat passe par une meilleure coopération entre les agences spatiales. "Nous disposons de toute une série de capteurs mais la prochaine étape devant nous est la coordination internationale. Il faut que les agences américaines reconnaissent les données spatiales fournies par les scientifiques chinois". Le président du Cnes annonce par ailleurs qu'en décembre prochain, à l'occasion des deux ans de l'accord de Paris, Emmanuel Macron devrait annoncer la création d'un observatoire spatial du climat.

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