Toulouse accueille un colloque international sur la surveillance du climat par satellite

À moins d’un mois de la COP23, l’Académie de l’Air et de l’Espace organise les 10 et 11 octobre à Toulouse un colloque international dédié aux mesures par satellite des données atmosphériques influençant le climat. L'occasion de contrôler l’efficacité des engagements pris par les États signataires de l’Accord de Paris.
Le satellite franco-allemand Merlin utilise le laser pour mesurer les taux de gaz à effet de serre dans l'atmosphère avec une précision inégalée.

"Le Climat a besoin d'Espace". C'est le thème du colloque organisé par l'Académie de l'Air et de l'Espace (AAE) sur le site toulousain de Météo France les 10 et 11 octobre. Airbus, le Cnes, l'Esa, le CEA, l'Onera, Thalès Alenia Space, Météo France, Eumetsat... Moins d'un mois avant la COP23, tous les acteurs importants du spatial et de la météo seront réunis pour échanger autour des défis scientifiques et technologiques de la mesure des paramètres atmosphériques terrestres par satellite. Le 1er août, le colloque à obtenu la labellisation ESOF 2018 (l'année prochaine, la Ville rose sera capitale européenne de la science):

"L'objectif de ce colloque est de rassembler différents milieux pour susciter le débat : les scientifiques qui modélisent le changement climatique, les industriels qui développent les senseurs spatiaux et les grands patrons d'agences preneurs de décisions", expose Anne-Marie Mainguy, président de l'AAE.

Observer les effets de l'Anthropocène

L'observation du climat est un sujet extrêmement complexe dans le cadre de l'Anthropocène (époque de l'histoire de la Terre qui a débuté lorsque les activités humaines ont eu un impact global significatif sur l'écosystème terrestre). Ainsi, la journée du 10 octobre sera consacrée aux défis scientifiques à relever tels que le contrôle des émissions de CO2 provenant des combustibles fossiles, la mesure du méthane atmosphérique (CH4) ou l'influence des nuages et de la vapeur d'eau dans la sensibilité du climat.

"Les intervenants du Centre national de recherches météorologiques, du Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement et du Max Planck institute for biogeochemistry montreront en quoi la mesure de ces paramètres atmosphériques doit nécessairement s'effectuer depuis l'espace, ainsi que les exigences relatives aux observations par satellite", précise Anne-Marie Mainguy.

Quelles technologies spatiales ?

Dans un second temps, le mercredi 11 octobre sera dédié à une vision plus technique. Des ingénieurs d'Airbus, Thalès Alenia Space, de l'Esa, du Cnes, d'Eumetsat et des laboratoires du Centre allemand pour l'aéronautique et l'astronautique (DLR) présenteront leurs observatoires spatiaux et leur regard sur les technologies de demain.

La nécessité d'avoir des sondages atmosphériques plus précis pour mesurer les taux de CO2 et de CH4 sera notamment abordée. Pour Marc Pircher, président du comité de programme et ancien directeur du centre spatial de Toulouse, les échanges devraient s'axer autour des sondeurs et du LIDAR (instrument qui utilise la technologie laser pour mesurer avec précision les quantités de CO2 ou CH4 atmosphériques, NDLR).

En effet, ces appareils seront sans doute l'avenir de l'instrumentation spatiale pour le climat, car indispensables pour contrôler depuis l'espace si chaque pays respecte ses engagements en matière d'émissions de gaz à effet de serre. Il en existe déjà comme les satellites Sentinellle de l'Esa, la mission Microcarb du Cnes, le satellite franco-allemand Merlin, le franco-américain Calipso... Cependant, ils sont encore peu nombreux et insuffisamment précis:

"Il va falloir fabriquer plus d'instruments types sondeurs ou LIDAR, plus rapidement et surtout pour moins cher, assure Marc Pircher. Le coût d'un LIDAR est en moyenne de 150 millions d'euros. Problème : il n'existe pas de courbe de décroissance des prix puisque ce sont à chaque fois des prototypes. Aujourd'hui, dans un lot de trente lanceurs Ariane 5, le 30e coûte la même chose à fabriquer que le 1er, on ne se sert pas des réalisations passées pour réduire le coût des suivantes.

C'est le même problème avec les satellites équipés de LIDAR ou de sondeurs ! Selon moi, cette 'industrie par prototype' doit changer d'organisation, comme cela a été fait pour les constellations de satellites et le lanceur Ariane 6 en préparant les technologies génériques".

Une table ronde entre agences et industriels

Par ailleurs, l'américain D. Crisp du Jet propulsion laboratory de la Nasa apportera son éclairage sur les technologies spatiales développées hors d'Europe et notamment aux États-Unis, en dépit d'un contexte tendu depuis l'arrivée au pouvoir du climato-sceptique Donald Trump.

Enfin, le colloque sera clos par une table ronde réunissant de grands décideurs du secteur spatial : Nicolas Chamussy (vice-président exécutif des systèmes spatiaux chez Airbus DS), Jean-Loïc Galle (PDG de Thales Alenia Space), Jean-Yves Le Gall (président du Cnes) et le Dr Jörg Schulz (climate service product manager chez Eumetsat). Les Professeurs Johann-Dietrich Wörner (directeur général de l'Esa) représenté par Max Doherty (senior advisor à l'Esa), et Pascale Ehrenfreund (présidente du directoire du DLR) feront également partie des intervenants.

"Je souhaite que cette discussion permette d'éclairer les chefs d'agences et d'industries sur les choix à faire en matière d'observation de la Terre par satellite et sur les technologies spatiales à développer en priorité", conclut Anne-Marie Mainguy.

Lire aussi : "Le réchauffement climatique est devenu un enjeu fondamental de la recherche spatiale"

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