Fusion Métropole / Département : "le chantage n'a pas sa place" pour Jean-Luc Moudenc

Gestion de l'eau, LGV, aéroport de Toulouse, élections municipales... Le président de Toulouse Métropole, Jean-Luc Moudenc, est revenu mercredi 28 novembre sur les dossiers chauds de l'actualité de la Ville rose à l'occasion de la Matinale organisée par La Tribune. Morceaux choisis.
Jean-Luc Moudenc était l'invité de la Matinale de la Tribune mercredi 28 novembre.
Jean-Luc Moudenc était l'invité de la Matinale de la Tribune mercredi 28 novembre. (Crédits : Rémi Benoit)

C'est le sujet qui crispe depuis plusieurs semaines les relations entre Toulouse Métropole et le Conseil départemental de la Haute-Garonne. Le gouvernement réfléchit à une fusion des Départements et des Métropoles de taille européenne à l'instar de Toulouse. Le projet a provoqué l'ire de Georges Méric, le président du Conseil départemental de Haute-Garonne qui s'est dit prêt le 23 novembre dernier dans une interview à la Tribune Toulouse à annuler tous les accords de subventions passés avec la Métropole depuis 2015 si la fusion est imposée. De quoi remettre en cause des projets comme la troisième ligne de métro, ou un nouveau pont sur la Garonne au nord de l'agglomération toulousaine.

"Annuler tel ou tel projet, mais pour qui nous prend-t-on ? Ce type de menaces pouvait passer à l'époque des seigneurs mais nous sommes à présent dans une démocratie. Le chantage n'a pas sa place, sinon cela risque de se retourner contre les gens. J'observe beaucoup d'hystérie sur ce sujet et je n'ai pas l'intention de participer à ce carnaval. Je souhaite un retour à des relations apaisées, sans caricature avec le Département", a réagi Jean-Luc Moudenc mercredi 28 novembre à l'occasion de la Matinale de la Tribune organisée au Meeting Lab à Toulouse.

L'édile qui considère que les citoyens "ne veulent pas d'une querelle institutionnelle" estime :

"La métropolisation est un phénomène inéluctable. Vouloir l'empêcher est un leurre. La question du département est posée par tous les gouvernements. Nicolas Sarkozy voulait une fusion entre conseillers généraux et régionaux, François Hollande a envisagé une suppression des départements et aujourd'hui Emmanuel Macron prône une fusion. Depuis la loi NOTRe, la Région et la Métropole sont chargées des compétences économiques, le Département n'a plus que les aides sociales et le RSA. Or, le volet insertion ne fonctionne pas. Si la Métropole récupérait les aides sociales, les personnes en recherche d'emploi seraient enfin connectées à un dynamisme économique métropolitain", poursuit le président de Toulouse Métropole.

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La salle était comble pour écouter le maire de Toulouse. / (Crédits : Rémi Benoit).

Eau : "un doublement des investissements pour l'entretien des canalisations"

Autre dossier brûlant du moment : l'entrée en vigueur d'un mode de gestion de l'eau commun aux 37 communes de Toulouse Métropole en mars 2020. Jean-Luc Moudenc va proposer le 13 décembre prochain, en conseil métropolitain, le choix d'une DSP (délégation de service public) attribuée à Veolia pour l'eau et Suez pour l'assainissement. Contre toute attente, les deux délégataires ont proposé des prix largement inférieurs à la régie publique  (2,95 euros pour la DSP contre 3,46 euros pour la régie).

"Les deux groupes Veolia et Suez se sont battus entre eux comme d'habitude mais ils ont dû en plus faire face à un double front avec la régie publique. Ce qui fait qu'il y a eu une baisse très considérable du prix des offres. Cela représente une diminution de 25% des prix par rapport à ceux pratiqués actuellement sur la commune de Toulouse. Elle va devenir la ville la moins chère de France en la matière. Par ailleurs, nous avons indiqué aux délégataires que nous refuserons toute revoyure (autrement dit toute révision à la hausse des prix de l'eau durant les douze années du contrat, ndlr)", avance Jean-Luc Moudenc.

L'élu ajoute que dans le cahier des charges il est prévu aussi un "doublement des investissements pour l'entretien des canalisations, de 12 à 24 millions d'euros par an" et qu'"un contrôle citoyen sera instauré" avec la possibilité pour le monde associatif de siéger au sein des conseils d'administration et surveillance des sociétés en charge de la gestion de l'eau.

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L'élu a tenu à rassurer sur la gestion du dossier de l'eau. / (Crédits : Rémi Benoit).

"LGV, un combat avec Bercy"

Du côté des transports, la partie n'est toujours pas gagnée pour l'arrivée d'une ligne à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse. Lors de la présentation de la loi d'orientation des mobilités (Lom) lundi 26 novembre, par la ministre des Transports, Élisabeth Borne, il a été rappelé que ce tronçon faisait partie des cinq LGV prioritaires en France. Pour autant, les travaux seraient échelonnés en trois phases, ramenant l'entrée en service de la LGV Paris-Bordeaux-Toulouse à l'horizon 2037.

"Nous n'admettons pas qu'une LGV promise depuis 1991 soit rejetée aux calendes grecques. Le problème est qu'il n'y a pas de société ni de ressources fiscales dédiées. Nous demandons la reprise du modèle du Grand Paris, ce qui permettrait de faire le projet en une fois et à un horizon moins lointain. Je suis prêt à signer pour une mise en service en 2030", pointe le président de Toulouse Métropole.

L'élu souligne que le projet du Grand Paris "va coûter 35 milliards d'euros" et qu'il vient "d'obtenir une rallonge financière de la part de l'État". Pour Jean-Luc Moudenc, au-delà du gouvernement, il faudra surtout convaincre Bercy. "Pour la LGV, le combat c'est avec Bercy et plus particulièrement sa direction du budget qui censure tous les ministres".

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Le maire estime pouvoir mettre la LGV en fonction dès 2030 grâce au modèle de financement du Grand Paris Express. / (Crédits : Rémi Benoit).

Aéroport de Toulouse : vers un accord sur les dividendes ?

Alors que la Cour des comptes a dépeint dans un rapport publié le 13 novembre dernier "l'échec de la privatisation de l'aéroport de Toulouse", Jean-Luc Moudenc n'a pas voulu commenter cette enquête "pour ne pas recréer des crispations".

"Nous avons obtenu au début de l'été une nouvelle gouvernance avec Charles Champion à la présidence du conseil de surveillance et Philippe Crébassa à la tête du directoire. L'actionnaire chinois ne voulait pas de cette nouvelle gouvernance. D'ici quelques mois, des propositions seront réalisées pour obtenir sur la question des dividendes un principe acceptable par tous", a-t-il expliqué.

Gilets jaunes : "la schizophrénie de l'Etat"

Sur la question des gilets jaunes, Jean-Luc Moudenc considère que "le problème est qu'au niveau national les différents gouvernements ont laissé perdurer le diesel tout en faisant adoptés des lois en faveur de la transition énergétique. À travers la crise actuelle des gilets jaunes, on paie 20 ans de schizophrénie de l'État. Je comprends que les gens se révoltent même si cela ne justifie pas certains comportements violents".

Municipales : Jean-Luc Moudenc ne veut pas entrer aujourd'hui dans le combat électoral

Interrogé sur sa proximité avec le gouvernement actuel, Jean-Luc Moudenc avance qu'il "essaie d'être compatible avec tous les gouvernements", rappelant qu'il avait déjà été déclaré "Cazeneuve-compatible", sous Hollande. "Je suis tantôt d'accord, tantôt pas d'accord. Sur la LGV, j'ai exprimé mon désaccord tout comme j'ai fait part à mon ami Édouard Philippe de l'ampleur de notre désaccord sur la politique du logement social".

À un an et demi des élections municipales, Jean-Luc Moudenc se déclare concentré sur ses dossiers plutôt que "d'entrer en combat électoral". Concernant l'émergence de candidatures dans l'opposition à gauche, l'élu glisse : "Je regarde tout ça de loin et c'est un paysage vivant".

Lire aussi : Municipales 2020 : la difficile recomposition de la gauche toulousaine (1/3)

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Commentaires 2
à écrit le 29/11/2018 à 8:51
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Le chantage n'a pas sa place? Ah bon? Macron et Moudenc n'en montrent pas vraiment l'exemple. Pour remettre le débat dans son contexte, la métropole toulousaine ne récupérerait pas tout le département de Haute Garonne, juste une partie... ou comment...

à écrit le 28/11/2018 à 20:04
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Et les rémunérations des élus aux communautés de communes (intercommunalités) exclus des règles de non cumul des mandats (et donc des rémunérations) ? On en parle ? Non bien sur :) C'est une planque ces métropoles, comme l'UE. Pas de démocrati...

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