Jamais la filière du spatial n'aura été si puissante à Toulouse. Avec 10 000 emplois et 400 entreprises directement concernées, le secteur concentre des savoir-faire majeurs. Mais 2012 est un tournant et les incertitudes liées au financement des projets rendent plus fragiles les perspectives. Tour d'horizon des stratégies, des technologies et des acteurs.
Personne n'ose le dire franchement mais tout le monde y pense. L'heure est venue pour Midi-Pyrénées d'orienter massivement ses efforts en direction des applications spatiales et des services. Certes, les constructeurs de satellites restent de formidables locomotives : Astrium et Thales Alenia Space (TAS) totalisent plus de 5 000 emplois directs. Mais après plusieurs années exceptionnelles, ils font le dos rond. Le premier devrait maintenir une centaine de recrutements cette année, le second a gelé ses embauches. « Avec les succès passés, nous bénéficions d'une bonne assise, relativise Dominique Rousselet, directeur du site toulousain de Thales Alenia Space. Mais le marché est plus nerveux que jamais. Nous n'avons pas encore signé de contrats télécoms depuis le début de l'année. »
Avant tout, il faut se réhabituer à l'ordinaire après des années fastes. Les contrats géants comme Iridium Next, remporté par TAS en 2010 pour 2,1 milliards de dollars, ont donné le sentiment que la crise n'impactait pas le spatial. Mais l'endettement croissant des États laisse planer une menace permanente. « Les pays émergents se dotent d'équipements en construisant eux-mêmes leurs satellites, poursuit Dominique Rousselet. Par ailleurs, le marché civil commercial arrive sur le très haut débit avec des technologies imaginées par les militaires des États-Unis et que nos concurrents américains maitrisent donc parfaitement. Pour nous Européens, la marche est haute mais nous nous y attelons. »
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