Spatial : Nitrexo imagine depuis Toulouse « le ChatGPT de l'ingénieur »

Face aux besoins grandissants du NewSpace et des futures constellations de satellites, Nitrexo développe un assistant virtuel pour faire monter en compétences plus rapidement les ingénieurs débutants. La startup a imaginé un robot de conversation spécialisé dans l'ingénierie spatiale et capable d'automatiser certaines tâches basiques. Après avoir été testé avec succès auprès de plusieurs universités européennes, la jeune pousse compte sur son installation à Toulouse pour créer des ponts avec des acteurs industriels et académiques du spatial.
À Toulouse, Nitrexo développe un assistant virtuel pour faire monter en compétences plus rapidement les ingénieurs débutants.

Avec l'arrivée de startups du NewSpace et l'essor des nouveaux programmes de constellations chez les acteurs établis, les besoins de recrutement explosent dans le spatial, notamment à Toulouse. Dans un rapport publié fin 2022, le collectif des assises du NewSpace appelait à « augmenter le volume de jeunes ingénieurs formés au spatial » et à la formation d'une « nouvelle génération d'ingénieurs », remarquant le manque d'ingénieurs système pour couvrir ces besoins à venir.

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Pour faire émerger cette nouvelle génération, la startup Nitrexo, née en 2019 en Irlande avant de migrer il y a quelques mois à Toulouse, a mis au point « un ChatGPT de l'ingénierie ».

« Nous avons développé un robot de conversation qui permet d'échanger en langage naturel et de poser des questions comme sur ChatGPT. La différence c'est qu'au lieu de répondre à des interrogations d'ordre général, le logiciel est en mesure d'informer son utilisateur sur des questions techniques portant sur l'ingénierie spatiale et notamment les domaines mécaniques et thermiques. Cela peut être par exemple de savoir la conductivité thermique de l'aluminium », explique Yannick Melameka, fondateur de Nitrexo.

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 Yannick Melameka est le fondateur de Nitrexo. (Crédits : Nitrexo)

Combler l'écart entre l'université et l'industrie

Cet ingénieur diplômé d'un Deug à l'université Paul-Sabatier et de Polytech Marseille a eu l'idée de fonder Nitrexo à partir de ses premières expériences dans l'industrie spatiale notamment chez Altran auprès du site de Thales Alenia Space à Cannes.

« Je me suis rendu compte de l'écart énorme entre les connaissances académiques acquises en école d'ingénieurs et celles de l'industrie. L'idée était de créer un assistant numérique pour venir en aide aux jeunes ingénieurs qui puissent apprendre plus vite sans devoir en permanence solliciter les experts avec plus de vingt ans d'expérience dans les produits spatiaux. D'autant qu'il y a actuellement un déficit de seniors dans le secteur et que ces derniers ne sont pas toujours disponibles pour aider les juniors à avancer », développe-t-il.

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Capture d'écran du logiciel développé par Nitrexo.

Au-delà du robot de conversation, l'autre grande fonctionnalité du logiciel est d'exécuter de manière automatique des tâches standards d'ingénierie. « Nous avons identifié une série de tâches qui sont présentes sur les projets spatiaux et qui ne sont pas enseignées dans les universités. Cela peut-être par exemple de construire une géométrie pour l'analyse thermique de satellites. Nous demandons aux ingénieurs expérimentés de décrire de manière détaillée comment réaliser cette tâche, ce découpage va permettre de créer un algorithme pour ensuite l'automatiser avec le logiciel. L'objectif est de créer une bibliothèque de modèles de simulation détaillés au niveau thermique et mécanique pour des produits standards comme une batterie ou des panneaux solaires », ajoute Yannick Melameka.

Il est aussi possible d'entraîner plusieurs ingénieurs de manière simultanée avec chacun une partie de satellite à développer. À la manière de l'application d'apprentissage des langues Duolinguo, le logiciel peut pointer les erreurs et réadapter l'exercice. L'ambition de Nitrexo est de faire monter en compétences plus rapidement les ingénieurs débutants et générer des gains d'efficacité pour les entreprises du secteur spatial. « Imaginons qu'une société doive intégrer dix jeunes ingénieurs pour concevoir les panneaux solaires des prochains satellites. Elle peut tous les mettre en formation en même temps sur le logiciel », mentionne Juila Vergnol, responsable du marketing de la startup.

Une version prototype déjà testée en université et au sein du NewSpace

Pour alimenter la base de connaissances du logiciel, la startup s'appuie sur les standards développés par les agences spatiales comme l'Esa ou la Nasa, les compétences internes de la société d'ingénierie mais aussi des partenariats avec des experts d'entreprises du secteur comme par exemple l'acteur du NewSpace italien Aiko, le fournisseur de composants et mécanismes spatiaux Nimesis. Nitrexo imagine à terme des partenariats avec de grands donneurs d'ordre qui pourraient se servir de la plateforme pour partager avec leurs sous-traitants sur un projet des modèles de simulation.

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 Le logiciel a déjà été testé notamment au sein de l'université de Leicester.

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Nitrexo a déjà bénéficié d'une aide de 500.000 euros de l'agence spatiale européenne durant la crise sanitaire pour utiliser son logiciel afin d'éviter un décrochage des étudiants en école d'ingénieurs. Plusieurs écoles européennes ont ainsi testé le logiciel à l'instar de l'université de Leicester, VKI un centre de recherche en Belgique, le MTU en Irlande. La version prototype a également été éprouvée par des acteurs du NewSpace comme le Néo-zélandais Zenno Aerospace, l'Allemand Constellr, la Suisse Beyond Gravity, ou l'Américain Red Wire space. Depuis son installation dans le centre-ville de Toulouse et son intégration au sein du club Galaxie, Nitrexo espère nouer des liens avec des acteurs industriels et académiques du spatial pour faire grandir sa solution.

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