Toulouse : Plastic Vortex veut dépolluer les fleuves et les rivières françaises

La jeune société met au point des barrages innovants capables de récolter les déchets flottants présents dans les cours d'eau avant qu'ils ne se retrouvent dans les océans. Une fois captés, les détritus sont remontés automatiquement vers la berge puis triés et revalorisés. Le système mis au point par Plastic Vortex est capable de dépolluer les fleuves et les rivières pour réduire jusqu'à 80 % la pollution anthropique flottante. Entièrement fabriqué en France, le dispositif est prêt à être commercialisé.
Plastic Vortex aimerait dépolluer jusqu'à « 80 % des principaux fleuves et rivières » de la région Occitanie.
Plastic Vortex aimerait dépolluer jusqu'à « 80 % des principaux fleuves et rivières » de la région Occitanie. (Crédits : Rémi Benoit)

Poser des barrages filtrants capables de récolter les déchets en plastique qui flottent à la surface des cours d'eau afin d'éviter qu'ils ne se retrouvent dans les océans. Telle est la mission que s'est donnée, depuis 2018, l'entreprise toulousaine Plastic Vortex. La société met au point des solutions pour dépolluer les cours d'eau des détritus jetés par négligence, incivilité ou amenés naturellement par le vent ou les eaux de ruissellement tels que les bouteilles en plastique, des canettes en aluminium, les emballages alimentaires par exemple. Son but est d'éradiquer la macro-pollution flottante des fleuves et rivières afin de préserver en amont les fonds et les rivages des océans de la pollution venue des villes.

D'après WWF France, chaque année, près de huit millions de tonnes de plastiques finissent dans les océans et constituent un véritable danger pour la planète et les écosystèmes, d'où l'intérêt de les intercepter avant qu'ils ne s'y retrouvent. « En Europe, la France est en retard dans la gestion des déchets aquatiques avec 37 % d'entre eux qui ne sont pas ou mal traités contre 18 % en Allemagne par exemple », révèle Anthony Coulon, cofondateur de Plastic Vortex.

Un barrage flottant conçu pour ne pas gêner les poissons

Le premier dispositif, breveté, de la société est un barrage flottant, qui rejoint une berge à l'autre et qui est doté d'un système de récupération de déchets et d'un convoyeur automatisé qui remonte ces détritus sur la rive au même endroit, directement dans une benne. Ils seront ensuite triés avant de rejoindre les circuits de revalorisation adaptés. Un prototype a été expérimenté par la société dans des conditions réelles sur la Garonne. Une centaine de kilos de déchets en tous genres ont pu être ramassés.

« Les systèmes que nous avons mis au point sont très avancés techniquement. Nous ne vendons pas un produit standard, nous réalisons des solutions sur-mesure. Nous avons bien sûr plusieurs solutions directives, mais elles sont évolutives et s'adaptent au lieu d'implantation», explique le responsable technique de la startup.

Limitée aux macro-déchets anthropiques flottants (déchets plastiques, métalliques et en verre) de plus de 5 mm, l'innovation est constituée d'une jupe qui plonge 30 à 40 cm sous l'eau afin de récupérer les détritus sans gêner les poissons. Plastic Vortex estime que son système est capable de ramasser jusqu'à 80 % de la pollution anthropique passant par les cours d'eau. Discrète et prudente vis-à-vis de ses concurrents, elle ne dévoile pas tous les aspects techniques et ne fait pas de descriptif précis de ses barrages filtrants.

Dépolluer jusqu'à « 80 % des fleuves et rivières » d'Occitanie

 L'entreprise toulousaine souhaite s'adresser aux collectivités territoriales de l'ensemble de la France. « Nous aimerions que notre service soit intégré dans le système de la collectivité en charge de la gestion des déchets », espère Anthony Coulon. Plastic Vortex est en train de démarcher différents acteurs avec l'objectif d'obtenir ses premiers contrats commerciaux et de déployer au plus vite ses solutions sur les fleuves et rivières pour endiguer la pollution anthropique flottante. Approchée par des villes comme Lyon et Montpellier ainsi que des organismes privés et publics, la société veut convaincre Toulouse en priorité, ville qui a vu naître le projet. Elle se dit prête à commercialiser dès maintenant sa solution.

 « Nous avons complètement retravaillé la stratégie commerciale de l'entreprise et l'approche du projet. Nous sommes en contact avec la Métropole, l'Agence de l'eau, la Région, etc. L'idée est de privilégier la vente d'un service pour être vertueux, minimiser les coûts pour les collectivités et travailler avec elles pour qu'elles puissent assurer une partie de l'exploitation, notamment la collecte des détritus. Nous sommes en ordre de marche pour développer une société avec un potentiel national et bien plus de part l'innovation qu'elle propose », raconte Patrick Thaunay, cofondateur chargé de l'aspect commercial.

Rien qu'avec un barrage sur la Garonne, Plastic Vortex estime que son dispositif est capable de collecter chaque année l'équivalent de 25.000 bouteilles en plastique de 25 cl. Avec neuf sites installés sur différents cours d'eau d'Occitanie, la startup pourrait dépolluer jusqu'à « 80 % des principaux fleuves et rivières » de la région.

Un cadre juridique défavorable

Accordant une forte importance au circuit court, la jeune pousse a choisi de faire fabriquer les systèmes avec l'aide de partenaires locaux et de réaliser l'assemblage en interne au sein de ses ateliers toulousains. Pour l'instant seuls, les trois fondateurs, Anthony Coulon, Patrick Thaunay et Alexis Eskenazi espèrent compter un effectif d'une dizaine de personnes d'ici deux à trois ans.

Aujourd'hui, aucune loi n'oblige les collectivités à gérer la pollution dans leur cours d'eau. Plastic Vortex attend une évolution du cadre juridique dans les prochaines années de sorte à responsabiliser les différents acteurs autour de la question des déchets aquatiques. « Nous avons un rôle de sensibilisation des décideurs et de la population à travers des actions. Les gens doivent prendre conscience de la nécessité de changer nos modes de vie », conclut Patrick Thaunay.

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