Loft Orbital suivra depuis Toulouse sa future constellation de services partagés

La startup californienne Loft Orbital enverra fin juin sa première mission en orbite. La société se développe autour d'un modèle économique atypique : chacun de ses satellites embarque les charges utiles d'une demi-douzaine de clients qui se partagent ainsi le coût du lancement. Pour suivre ces missions, Loft Orbital va implanter un centre de contrôle à Toulouse où elle compte doubler ses effectifs cette année.
Loft Orbital disposera fin juin de deux centres de contrôle : un à San Francisco et un deuxième à Toulouse.
Loft Orbital disposera fin juin de deux centres de contrôle : un à San Francisco et un deuxième à Toulouse. (Crédits : Loft Orbital)

"C'est un grand cap que nous allons franchir", reconnaît Antoine de Chassy, cofondateur de Loft Orbital. Fin juin, la société californienne lancera depuis la Falcon 9 de Space X sa première mission en orbite. Et ce quatre ans seulement après sa création.

Le cloud du spatial

À la différence des acteurs traditionnels de la filière spatiale, Loft Orbital n'est pas un fabricant de satellites qui programme le lancement d'une charge utile pour un client. La jeune pousse achète un satellite standard et bas-coût auprès d'acteurs du New Space, comme Blue Canyon Technologies ou Leostella, et se charge ensuite des technologies logicielles qui permettent l'interface entre les charges utiles des clients (caméras, capteurs) et la plateforme satellitaire. Une fois le satellite lancé, les clients de Loft Orbital peuvent prendre le contrôle de leur charge utile et accéder à leurs données.

"C'est assez révolutionnaire puisque jusqu'à présent les clients devaient s'acheter leur propre satellite pour faire voler leurs capteurs. Avec notre service, ils peuvent simplement réserver une place à bord suivant un modèle de leasing (location). C'est aussi le modèle du cloud : vous n'avez pas besoin d'ordinateurs à la cave pour stocker vos données mais vous achetez des capacités de stockage sur le cloud d'Amazon, Google ou Apple", décrit Antoine de Chassy.

L'autre similitude avec le cloud c'est que les clients paient à la consommation. Au lieu d'être facturés en fonction de la capacité de stockage utilisée, là ils paient en fonction des ressources utilisées : la puissance électrique, la protection thermique, la surface disponible pour regarder la Terre...

Le coût de la mission est ainsi partagé entre la demi-douzaine de clients qui embarque à bord de chaque satellite. Une forme de "covoiturage spatial" qui séduit largement. Sur les deux premiers satellites de Loft Orbital qui seront lancés cette année, voleront les charges utiles de l'opérateur télécoms Eutelsat, du gouvernement émirati mais aussi de petites startups. Loft Orbital compte à nouveau lancer deux satellites en 2022 et basculer à terme sur un modèle de constellations de services partagés avec des dizaines voire des centaines de satellites en orbite.

Un centre de contrôle et un labo radiofréquences à Toulouse

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Centre de contrôle de Loft Orbital à San Francisco (Crédits : Loft Orbital).

Pour suivre ses missions, Loft Orbital pourra s'appuyer sur deux centres de contrôle : un à San Francisco, où est née la société, et un deuxième qui sera opérationnel à compter de la fin juin à Toulouse. "Cela permet de jouer au mieux avec le décalage horaire. Quand l'équipe de San Francisco va se coucher, celle de Toulouse prend le relais", commente Antoine de Chassy.

Loft Orbital s'est implantée fin 2019 dans la Ville rose. Installée dans les locaux d'At Home dans le quartier Compans-Caffarelli, elle y a recruté 20 personnes en un an et compte à nouveau doubler la mise en 2021. "Nous recrutons essentiellement des ingénieurs qui maîtrisent également le développement logiciel. Le profil idéal, c'est la personne qui comprend le spatial et qui en est passionnée. Mais elle doit aussi connaître toute l'approche de la tech puisque aujourd'hui le spatial est envahi par le logiciel", remarque le cofondateur de Loft Orbital. En plus du centre de contrôle mission, la société commence à installer dans ses locaux toulousains un laboratoire radiofréquences avec des bancs de tests pour vérifier toutes les charges utiles et les composants électroniques qui seront envoyés dans l'espace.

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La société californienne compte jouer à plein son rôle de locomotive et de partenaire pour la filière spatiale locale.

"Nous comptons nous appuyer sur l'écosystème toulousain à trois titres. Le premier, c'est en tant que fournisseur de technologies. Loft Orbital souhaite se concentrer sur le service et ne va pas produire des composants. L'une des raisons de notre implantation à Toulouse, c'est justement d'avoir accès à ces fournisseurs de composants. Anywaves est un exemple (la société a fourni des antennes pour les premiers satellites de Loft Orbital). Demain, ce sera peut-être une société comme Comat ou Syntony.

Ensuite, nous sommes convaincus qu'il y a des clients pour Loft Orbital à Toulouse. Enfin, nous faisons partie d'un groupe d'entreprises qui développent le New Space en France. Et Loft Orbital avec son implantation aux Etats-Unis peut constituer une porte ouverte vers les marchés étrangers", conclut Antoine de Chassy.

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