Anywaves lance sa première mini-antenne pour nanosatellites dans l'espace

La startup toulousaine Anywaves développe des antennes innovantes à destination des petits satellites. La jeune pousse verra sa première antenne miniature mise en orbite le 17 décembre. Elle lance une levée de fonds pour recruter de nouveaux collaborateurs et étendre la commercialisation de ses antennes en Asie.
Le satellite EyeSat du Cnes aura à son bord une des antennes d'Anywaves.
Le satellite EyeSat du Cnes aura à son bord une des antennes d'Anywaves. (Crédits : CNES/Emmanuel Grimault, 2017)

Première expérience spatiale pour Anywaves. Le 17 décembre, le satellite EyeSat du Cnes sera mis en orbite. Il aura à son bord une des antennes de la jeune pousse. Créée en avril 2017, la startup toulousaine développe des mini-antennes pour la nouvelle génération de nanosatellites des constellations.

"Nous sommes les seuls équipementiers sur le marché des antennes pour nanosatellites en Europe", souligne Nicolas Capet, fondateur et président d'Anywaves.

De 10 centimètres de côté pour 1 centimètre d'épaisseur, ces antennes miniatures sont capables de transmettre des informations sur l'état du satellite. Et ceci, grâce à certaines propriétés de la céramique et une structuration en impression 3D.

"La céramique est un matériau très résistant à l'environnement, aux radiations et aux températures. On le structure en 3D pour ajuster ses propriétés électromagnétiques à partir de la fabrication additive. On peut alors concevoir des antennes optimales sans être restreint par la technologie", explique le dirigeant.

La société exploite un brevet développé par Nicolas Capet lorsqu'il était encore au service antennes du Cnes. Diplômé de l'École nationale de l'aviation civile et détenteur d'un doctorat en électronique, le fondateur d'Anywaves a déposé 20 brevets sur des antennes durant les huit années qu'il a passé au Cnes.

La startup a vendu 25 antennes

La startup fabrique aussi des petites antennes en métamatériaux, un matériau composite artificiel qui présente des propriétés électromagnétiques qu'on ne retrouve pas dans un matériau naturel. Ils permettent ainsi de miniaturiser le dispositif à sa conception.

"C'est un véritable challenge d'arriver à miniaturiser des antennes. Nous repoussons les limites de la physique. Nous sommes d'ailleurs arrivés à la limite fondamentale de ce que l'on peut faire aujourd'hui", précise le fondateur d'Anywaves.

Antenne band-s

L'antenne band-S  permet de piloter le nanosatellite (Crédits : Anywaves).

Aujourd'hui, Anywaves propose deux antennes, l'antenne band-S et l'antenne band-X. En tout, la jeune pousse en a vendu 25.

"L'antenne band-S fonctionne dans des fréquences aux alentours de 2 GHz, 2,3 GHz. Elle permet de piloter le satellite, de lui envoyer des instructions, de recevoir son état de santé et les éventuelles anomalies. L'antenne band-X, récupère uniquement les données qui viennent de la charge utile, c'est-à-dire les données de la mission. Cela peut être via les données d'une caméra. Nous fonctionnons donc avec des fréquences plus élevées, autour de 8 GHz", détaille Nicolas Capet.

Antenne band-x

L'antenne band-X récupère les données de la mission (Crédits : Anywaves).

De nouvelles antennes dépliables

Généralement envoyés en orbite basse, entre 400 et 800 kilomètres d'altitude, les nanosatellites sont bien plus proches de la Terre que les satellites géostationnaires qui culminent à 36 000 kilomètres. La distance de propagation est donc différente. En orbite basse il n'est pas nécessaire d'avoir autant de liens au niveau de l'antenne qu'en orbite haute. Une différence qui explique que ces mini-antennes, même si elles sont performantes, ne le sont pas autant que leurs homologues de plus grande taille.

"Les performances sont en général un peu moins bonnes mais, nous arrivons à trouver des solutions qui permettent aux antennes d'être assez efficaces pour réaliser leur mission", indique le président d'Anywaves.

Pour pallier ce problème, la jeune pousse travaille actuellement sur des antennes dépliables. Elles permettront d'avoir des antennes de nanosatellites aussi efficaces que celles de satellite.

"Au lancement, l'antenne est toute petite et contenue dans le satellite. Une fois en orbite, elle va se déployer et aura une taille beaucoup plus grande. Elle pourra même être plus grande que le satellite", annonce Nicolas Capet.

Des intégrateurs industriels comme clients

Anywaves ne dispose pas d'outils de production en interne. Elle fait alors appel à des fabricants basés en France et locaux, pour la plupart.

"Nous nous appuyons sur le tissu industriel régional. En Occitanie nous avons de nombreuses PME du spatial et nous travaillons avec plusieurs d'entre elles, comme Mecano ID, par exemple. Ce sont des partenaires qui ont une forte capacité de production et un haut niveau de qualité", précise le dirigeant.

Côté clients, la startup travaille avec six intégrateurs industriels, basés en Europe, principalement des fabricants de petits satellites.

"Ils vont fabriquer la plateforme et y ajouter plusieurs équipements. Nous leur fournissons l'antenne pour répondre aux besoins de leur mission et ils vendent ensuite le satellite à leurs clients. Nous nous adressons aussi aux clients finaux pour lesquels nous faisons du sur-mesure", renseigne le fondateur d'Anywaves.

Une levée de fonds de 1,5 millions d'euros

Anywaves a réalisé un chiffre d'affaires de 300 000 euros en 2018. Elle prévoit le double en 2019. L'entreprise prépare actuellement une levée de fonds de 1,5 million d'euros pour étendre la commercialisation de ses antennes au Japon, augmenter ses effectifs et déménager dans de plus grands locaux.

"Nous avons réalisé plusieurs démarches pour exporter vers l'Asie. Avec une délégation occitane de la Région nous sommes allés prospecter le marché du Japon et nous avons aussi obtenu une journée de présentation avec l'Aerospace Valley. Nous affinons actuellement notre stratégie avec des revendeurs sur place pour nous lancer sur le marché asiatique dès 2020. Nous pensons peut-être même ouvrir un bureau au Japon. Nous comptons aussi nous déployer aux États-Unis en 2021, nous allons prospecter et démarcher sur toute l'année 2020 comme nous l'avons fait cette année avec le Japon", informe Nicolas Capet.

Incubée à l'Enac, la jeune pousse va prochainement déménager dans des locaux à Compans. Plus grands, ils permettront d'accueillir les cinq nouveaux salariés embauchés par Anywaves. Ils seront alors 16 à travailler au sein de la startup.

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Commentaire 1
à écrit le 07/11/2019 à 23:27
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C'EST vraiment cool j'aime la science

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