Que dit le premier livre blanc de l'Internet des objets publié à Toulouse ?

Cinq acteurs toulousains de l'Internet des objets (Orange, Fusion labs, Telegrafik, Occitech, Sierra Wireless) publient le premier livre blanc de l'IoT à l'occasion de l'Innovation IT Day organisé par Digital Place ce jeudi 9 juin. Quelles sont les perspectives de développement et les freins de ce secteur ? Éléments de réponse avec Nicolas Damour, chargé du développement commercial chez Sierra Wireless, groupe canadien qui dispose d'une antenne à Labège.
Cinq acteurs toulousains de l'Internet des objets publient le premier livre blanc de l'IoT

Quand on parle Internet des objets, le grand public a immédiatement en tête les montres ou les bracelets connectés. Or, vous expliquez à travers ce livre blanc que les débouchés commerciaux actuels se situent davantage auprès des professionnels que des particuliers...

Oui, c'est vrai qu'actuellement, il est beaucoup question par exemple de balances connectées. Mais les objets connectés à destination des particuliers se heurtent à une barrière économique. Prenons l'exemple d'une alarme connectée : suis-je vraiment prêt à dépenser 20 euros par mois pour être appelé en cas d'incendie ? Aujourd'hui, la plupart des opportunités dans l'Internet des objets se situent dans le B2B (business to business). Avec Sierra Wireless, nous ciblons des entreprises dont l'activité ne concerne pas du tout l'Internet des objets mais à qui nous expliquons comment l'IoT peut étendre ou apporter de la valeur à leur société. Cela peut être des garages automobiles, des sociétés de sécurité... Par exemple, nous vendons à Peugeot un bouton d'appel d'urgence connecté au GPS qui permet d'appeler l'ambulance en cas d'accident. D'autres sociétés passent par les entreprises pour toucher les particuliers (B2B2C). Par exemple, certains acteurs de l'IoT travaillent avec les assureurs qui vont proposer en option un service d'alarme connectée.

Comment mesurer le retour sur investissement des objets connectés ?

Parfois, le retour sur investissement est immédiatement visible. Prenez le compteur intelligent Linky, l'intérêt pour ERDF est évident. Le groupe n'aura plus besoin de payer des salariés pour relever les compteurs électriques. En général, l'impact d'une telle optimisation opérationnelle peut être mesuré de suite tout comme l'acquisition d'un volume conséquent de données sur l'outil industriel. Ensuite, il existe des bénéfices à plus long terme auxquels l'entreprise n'aurait pas pensé au moment de l'installation des capteurs et qui lui permettent d'offrir un nouveau service. Initialement, les capteurs pour enregistrer le kilométrage de la voiture étaient surtout utilisés pour de la maintenance automobile. Les assurances ont eu l'idée de proposer des offres au kilomètre.

Dans ce livre blanc, vous dites que le principal défi est la consommation énergétique de ces objets connectés. Comment faire pour la réduire ?

La consommation d'énergie est due principalement à l'émission d'ondes. Alors sont nés des réseaux bas débit d'objets connectés comme celui de Sigfox ou la technologie LoRa (privilégiée par Bouygues Telecom et Orange). De son côté, Orange a aussi opté pour un réseau mobile IoT longue portée avec une très faible consommation qui permet de faire fonctionner des objets connectés sur des batteries pendant 10-15 ans.

L'autre piste qui se développe actuellement est la collecte d'énergie, afin que les objets connectés puissent se recharger tout seul. On connaît l'exemple de l'énergie solaire mais d'autres pistes sont étudiées. Des fabricants de semelles connectées parviennent ainsi à convertir la pression exercée à chaque foulée ou les variations de température issue de l'environnement extérieur en électricité. Par ailleurs, comme beaucoup d'ondes sont émises dans l'air, il est également possible de récupérer ces ondes pour produire de l'énergie. Ce segment est très porteur, beaucoup de centres de recherches comme le CEA Tech à Toulouse planchent sur ces technologies.

Vous expliquez aussi que les entreprises doivent trouver un équilibre entre collecter trop ou pas assez de données via les objets connectés...

Effectivement, car si l'entreprise collecte trop de données, elle va consommer trop d'énergie et cela a un coût. À l'inverse, si le fabricant de l'objet connecté collecte trop peu de données et que le client souhaite rajouter après coup des fonctionnalités supplémentaires, la manœuvre sera plus complexe. Il faut trouver un juste équilibre dans la collecte des données.

À travers ce livre blanc, vous évoquez enfin le défi sanitaire posé par l'émission d'ondes. Certaines personnes se disent électrosensibles, la pose des compteurs Linky d'ERDF interroge aussi certaines associations. Comment gérer cette problématique ?

C'est vrai que beaucoup d'ondes sont émises, même si les études sur l'électrosensibilité sont très controversées. Il faut savoir aussi qu'en doublant la distance de l'objet on divise par 4 l'émission d'énergie. Les téléphones portables sont utilisés à 3 cm du cerveau, ce qui n'est pas le cas des objets connectés. Donc, les émissions sont minimes et les consommateurs s'accommodent bien des ondes émises par les box wifi. Mais cette perception de la population est à prendre en considération. En Angleterre, au moment de l'installation de compteurs intelligents cellulaires, les associations de consommateurs ont été impliquées pour désamorcer les polémiques.

Quel est le modèle économique des sociétés de l'Internet des objets ?

Le modèle économique est assez compliqué pour le moment, c'est pour cette raison qu'il existe beaucoup de sociétés de conseil en technologie. Certains acteurs vendent de la connectivité à un réseau à l'image d'Orange, d'autres entreprises comme la nôtre vendent à grande échelle les objets connectés.

Le cabinet Gartner estime dans une étude que le marché de l'IoT arrivera à maturité d'ici à 5 ou 10 ans, cela vous semble tangible ?

Oui, je dirai même que c'est un peu pessimiste, je tablerais plutôt à 5 ans.

Premier livre blanc sur l'IoT

Le premier livre blanc sur l'Internet des objets sera dévoilé ce jeudi 9 juin à l'occasion de l'Innovation IT Day organisé par Digital Place à Labège. Cinq coauteurs en sont à l'origine : Cyril Hlakkache (Orange Business Services), Stéphane Monteil (Fusion labs), Matthieu Chaize (Telegrafik), Étienne Zulauf (Occitech) et Nicolas Damour (Sierra Wireless). Ce rapport de 60 pages est à lire ci-dessous. Il a déjà été téléchargé plus de 600 fois en quelques jours.

 

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