« Tiens, j'ai 31% de probabilité d'avoir un emploi stable », s'amuse une visiteuse. En passant devant le dispositif de reconnaissance faciale, un carré jaune encadre son visage et un pourcentage totalement farfelu apparaît. La scène ne se déroule pas dans un épisode de la série Black Mirror ou en Chine, où un système de crédit social basé sur la reconnaissance faciale existe déjà, mais à Toulouse au cœur de la nouvelle exposition du Quai des Savoirs, dédiée à l'intelligence artificielle.
Exercer son esprit critique face à la machine
« L'un des grands risques de l'IA est de croire tout ce qu'elle dit. Nous voulons exercer l'esprit critique du public par rapport aux machines », pointe Laurent Chicoineau, directeur du lieu.
L'exposition réussit le pari de vulgariser de manière ludique des notions complexes, et pourtant cruciales, comme la question du biais des algorithmes. Illustration avec ce programme informatique entraîné uniquement à reconnaître des chats. Même en dessinant un lapin sur la tablette, la machine identifie un félin et lui ajoute un pelage soyeux.
Ce programme informatique a été entraîné uniquement à reconnaître des chats (Crédits : Rémi Benoit).
Un peu plus loin, l'exposition dévoile l'installation de l'artiste allemand Simon Weckert, parvenu à hacker Google Maps. Il lui a suffi de marcher dans les rues de Berlin avec un chariot contenant 99 smartphones allumés sur l'application de géolocalisation pour qu'un embouteillage soit signalé sur la carte même si les rues étaient désertes.
Des apports pour la santé et l'environnement
L'exposition excelle surtout dans sa capacité à expliquer au grand public comment l'intelligence artificielle bouscule tous les pans de nos vies. A commencer par une installation autour de la voiture autonome (autrement dit sans chauffeur).
« Calculer une trajectoire, prendre des décisions ou prévoir un accident... toutes ces facultés que l'homme fait spontanément, l'intelligence artificielle tente de les reproduire », fait remarquer Laurent Chicoineau.
Juste à côté, on s'entraîne à détecter un cancer du sein en sélectionnant les bonnes informations médicales et en inspectant une mammographie. Le visiteur a ensuite une minute pour repérer sur une image satellite des lieux de décharge. Une tâche ardue accomplie en une poignée de secondes par l'intelligence artificielle. Des informaticiens mais aussi un philosophe, un sociologue, une juriste, l'Agence spatiale française, Airbus ou encore l'Oncopole ont été mobilisés pour vulgariser sans déroger à la rigueur scientifique. L'exposition interroge aussi sur l'impact de l'IA sur le travail à partir de témoignages de salariés et d'un quizz pour tester si son métier est menacé par de telles avancées.
(Crédits : Rémi Benoit)
A la fin du parcours, une série de questions permet d'évaluer dans quelles situations le spectateur voudrait ou non faire appel à de l'intelligence artificielle et mesurer son niveau d'acceptabilité sociale. Les résultats du test, également disponible en ligne (www.project-42.org), serviront à alimenter les futurs travaux de chercheurs.
Visible à Toulouse jusqu'en novembre, l'exposition sera ensuite présentée à Paris en 2025, au sein de la Cité des sciences et de l'industrie (coproductrice des œuvres) avant une tournée dans plusieurs villes en France.
Sujets les + commentés