Aéronautique : Aubert & Duval modernise son site de Pamiers et met le cap sur l'intelligence artificielle

Le métallurgiste aéronautique Aubert & Duval investit 75 millions d'euros sur son site de Pamiers en Ariège pour s'équiper d'une nouvelle presse à forger. Objectif: se positionner sur les moteurs du futur et mener la reconstruction de l'atelier de traitement de surface détruit lors d'un incendie. Neuf mois après sa reprise par Airbus, Safran et Tikehau, le groupe a prévu un vaste plan d'investissements sur cinq ans pour amorcer son redressement.
Aubert & Duval emploie un millier de salariés sur son site de Pamiers en Ariège.
Aubert & Duval emploie un millier de salariés sur son site de Pamiers en Ariège. (Crédits : Rémi Benoit)

Aubert & Duval fait peau neuve sur son site de Pamiers en Ariège. Le métallurgiste aéronautique a annoncé en ce début d'année un investissement de 75 millions d'euros pour s'équiper d'une nouvelle presse à forger dans cette usine qui emploie un millier de salariés. La nouvelle machine, d'une puissance de 6.000 tonnes et dont l'entrée en service est escomptée en 2027, viendra remplacer l'une des presses historiques du site dite « presse Schloemann » en activité depuis... 1932.

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« La presse en elle-même va demander une vingtaine de millions d'euros et le reste des investissements est consacré à l'agrandissement du bâtiment et en particulier les fours pour intégrer cet outil de six mètres de hauteur. Cette presse relativement haute nous permettra de nous positionner sur la fabrication des pièces de grande dimension destinées à l'aéronautique (pièces de structure, arbres et disques moteur) », avance Bruno Durand, PDG du groupe.

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Aubert & Duval va remplacer sa presse historique sur le site de Pamiers en Ariège. (Crédits : Aubert & Duval)

Se positionner sur les moteurs du futur

Ce nouvel outil de production va aussi permettre à Aubert & Duval de développer des procédés innovants pour les prochaines de moteurs civils ou militaires à l'instar du moteur Rise développé par Safran Aircraft Engines et GE Aerospace, qui devra consommer 20 % de moins de carburant qu'un moteur Leap équipant actuellement les A320neo d'Airbus et les 737 MAX de Boeing.

« Le but recherché avec les nouvelles générations de moteurs est de moins consommer pour aller dans le sens de la décarbonation. L'une des manières d'y parvenir, c'est de chauffer davantage les matériaux, autrement dit d'atteindre une combustion plus élevée. La presse sera aussi en mesure d'accueillir des matériaux résistants aux hautes températures. Nous avons notamment développé un superalliage, l'AD730, utilisé pour les disques de turbines.

La presse pourra aussi forger avec une technologie appelée 'very hot die', qui existe aux Etats-Unis mais pas encore en Europe et qui consiste à chauffer l'outillage en permanence pour éviter tout choc thermique sur la pièce », poursuit le dirigeant.

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 Le groupe remonte la pente après le rachat par Airbus, Safran et Tikehau

Outre la presse, Aubert & Duval mène en parallèle la reconstruction d'un atelier de traitement de surface, le précédent ayant été détruit lors d'un incendie dans l'usine en septembre 2021.

Neuf mois après sa reprise par Airbus, Safran et Tikehau, le groupe a engagé un vaste de plan de redressement pour éponger les pertes accumulées depuis 2019 à la suite d'événements successifs : problème de qualité, crise liée au Covid-19 et à ses conséquences sur le marché de l'aéronautique. Cette situation s'est accentuée au cours de 2022 du fait de la hausse sans précédent des prix de l'énergie et du coût des matières premières, qui l'une des conséquences notamment du déclenchement du conflit en Ukraine.

En 2023, le groupe a continué de remonter la pente avec un chiffre d'affaires de 693 millions d'euros contre 553 millions en 2022 et a divisé par deux ses pertes. Aubert & Duval escompte dépasser les 800 millions d'euros en 2024 et avoisiner son niveau d'avant Covid.

« Aujourd'hui, Aubert & Duval va mieux, même si le chemin reste long. Le taux de service vis-à-vis des clients était très compliqué, l'entreprise n'avait pas beaucoup investi sur les quinze dernières années. Elle a besoin de moderniser ses systèmes informatiques et de revoir son organisation. Parmi les éléments positifs, les clients nous soutiennent dans cette reprise et nous sommes positionnés dans des marchés en croissance », commente son PDG.

 L'entreprise est portée par la forte reprise de la filière aéronautique, le cœur de son activité, mais observe une croissance sur les segments du spatial et de l'énergie. Le groupe est notamment très sollicité en Asie pour fournir des turbines pour le remplacement des centrales à charbon par des centrales à gaz.

L'intelligence artificielle pour les contrôles et de nouveaux matériaux

Aubert & Duval entend investir entre 300 et 350 millions d'euros sur cinq ans en France pour moderniser ses sites. Outre la presse sur le site de Pamiers, le groupe a annoncé le 13 février un partenariat avec le CEA pour réaliser un saut technologique au niveau des contrôles non destructifs en embarquant notamment de l'intelligence artificielle.

« Les contrôles en métallurgie n'ont pas bougé depuis 50 ans. Or, nous devons gérer des alliages de plus en plus complexes mais aussi les exigences des autorités pour viser le zéro défaut sur les pièces. Pour moderniser nos méthodes de contrôle, nous allons notamment nous appuyer sur l'intelligence artificielle qui permet de réaliser un premier contrôle automatisé des pièces », décrit Bruno Durand.

L'intelligence artificielle sera aussi utilisée par le groupe dans le développement de nouveaux matériaux : « L'IA a déjà permis d'accélérer la définition des bonnes combinaisons de molécules dans la confection des nouveaux vaccins. Pour notre industrie, de la même manière, l'intelligence artificielle permettra de déterminer le bon équilibre de matériaux pour créer de nouveaux alliages ». L'industriel se donne « trois à quatre ans pour faire d'Aubert & Duval le métallurgiste européen de référence ».

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