Les sacs plastiques biodégradables le sont-ils vraiment ?

Depuis Toulouse, des chercheurs du CNRS mènent une expérience participative inédite à travers toute la France pour déterminer si les sacs biodégradables respectent véritablement leurs promesses. Après de premiers résultats qui montrent une faible dégradation de ces emballages, les scientifiques veulent mener l'expérience à une plus large échelle notamment via les écoles et les acteurs du secteur agricole.

Ils ont débarqué aux rayons fruits et légumes des supermarchés depuis l'interdiction des sacs plastiques à usage unique en 2017. Mais les sacs biodégradables sont-ils vraiment compostables à la maison ?

Pour en avoir le cœur net, à Toulouse, des chercheurs du Laboratoire écologie fonctionnelle et environnement du CNRS ont lancé fin 2021 une expérience participative inédite. Chaque Français est invité à commander sur le site PlastiZen un kit contenant un morceau de sac conventionnel et un autre de sac biodégradable à planter à huit centimètres de profondeur dans son jardin ou dans un pot de fleurs sur son balcon.

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Chaque kit contient un morceau de sac conventionnel et un autre de sac biodégradable à planter dans son jardin. (Crédits : Plastizen)

Censés se biodégrader en six mois

 Tous les mois pendant un trimestre, il faut ensuite déterrer les morceaux de plastique et les prendre en photo pour évaluer leur décomposition progressive.

Alors qu'il faut compter au moins un demi-siècle pour voir disparaître un sac plastique standard, leurs homologues compostables sont censés se biodégrader à 90% dans un délai de six mois. « Mais ces résultats sont obtenus depuis des composteurs industriels à très haute température, des conditions difficiles à reproduire à la maison », pointe Arthur Compin, ingénieur de recherche au CNRS.

Sa consoeur Camille Larue abonde :

« Les plastiques biodégradables sont présentés comme des solutions de remplacement aux sacs conventionnels. Mais avant de les répandre un peu partout, il faudrait quand même s'assurer que cette solution est vraiment meilleure. »

Dans 42% des cas, les sacs ne se dégradent pas

Les premiers résultats de l'enquête semblent donner raison aux premières intuitions des scientifiques. Une centaine de Français issus de 47 départements et une poignée d'écoles dispatchées entre Toulon, l'Aube et même La Réunion sont allés au bout de l'expérience. Au bout de trois mois, dans 42% des cas, les sacs compostables ne se dégradent pas du tout, ils étaient en partie altérés chez 21% des participants et dans seulement 37 % des cas les sacs étaient pratiquement complètement dégradés.

De même, alors que le niveau de précipitations durant la période ne joue pas forcément un rôle dans le devenir des sacs compostables, les scientifiques ont remarqué que plus la température était élevée et plus la dégradation était grande.

Doubler le nombre de participants

Pour conforter ces résultats, les chercheurs toulousains aimeraient poursuivre l'expérience à une plus large échelle et au moins doubler le nombre de participants, notamment via les écoles et les acteurs du secteur agricole. « Cela nous permettrait de voir les différences entre deux métropoles ou de repérer des spécificités régionales comme l'influence de la pluie, des nitrates ou de tel paramètre environnemental. », développe Arthur Compin.

Les scientifiques voudraient aussi tester sur un petit échantillon de participants un système de capteurs mesurant la température et l'humidité du sol directement depuis le sol. Par ailleurs, une étude sociologique étudiera la portée de l'expérience. « Nous avons déjà remarqué que les participants se sont beaucoup plus documentées par elles-mêmes sur toutes les problématiques environnementales liées au plastique », relève Camille Larue.

Pour la chercheuse, sensibiliser la population est l'un des grands objectifs de ce type d'expérience de science participative. Cette dernière permet aussi de monter des expériences impossibles à mener en laboratoire. « Le fait d'avoir des participants partout en France nous permet d'aller étudier des facteurs comme le type de sol, comme des différences de climat, de température, de pluviométrie que nous ne pourrions pas observer à petite échelle. Et si nous devions le faire par nous-mêmes, cela prendrait un temps infini », conclut-elle.

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Commentaire 1
à écrit le 04/10/2023 à 8:32
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Vu la puissance financière hallucinante du lobby plastique indissociable du lobby pétrolier il fallait bien se douter que ce serait encore une fois une escroquerie le truc. D'ailleurs au tout début de cette loi il est possible qu'ils aient généré des...

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