CLS connecte les filets de pêche pour limiter les déchets plastiques dans les océans

La société toulousaine CLS vient de déployer des balises de géolocalisation sur des filets de pêche en Méditerranée. Cette solution doit permettre de diminuer la pollution plastique des engins de pêche perdus en mer. Présentation.
CLS déploie des balises sur les engins de pêche.
CLS déploie des balises sur les engins de pêche. (Crédits : Reuters)

On l'appelle le continent de plastique. Dans le nord-est de l'océan Pacifique, 80 000 tonnes de déchets s'accumulent sur une zone grande comme trois fois la France. D'autres continents de ce genre ont émergé sur tous les océans du globe. Et parmi les morceaux de plastique figurent d'innombrables filets de pêche.

L'Organisation maritime internationale estime ainsi que les équipements de pêche représentent un tiers des sources de pollution plastique dans les eaux européennes.

Un enjeu économique et environnemental

Pour s'attaquer à ce problème, CLS a décidé de connecter les engins de pêche. Depuis 40 ans, la société toulousaine chargée d'étudier les balises Argos, a posé des capteurs sur les bateaux de pêche industrielle et suit 10 000 animaux dont de nombreux mammifères marins. Avec ce nouveau projet, l'idée est d'affiner encore plus la géolocalisation en posant des capteurs directement sur les engins de pêche.

"Dans certains bassins de pêche où l'activité est très forte, en Asie par exemple, de plus en plus de ces engins échouent sur les côtes. Les filets abandonnés deviennent une préoccupation grandissante. Avec notre technologie, le pêcheur pourra gagner cinq à six heures de recherches en localisant directement son filet et il consommera moins de gasoil pour l'opération. L'efficacité opérationnelle représente donc un bénéfice immédiat. Il faut savoir aussi qu'un engin de pêche peut coûter entre 100 et 70 000 euros. On imagine l'enjeu économique pour les pêcheurs.

Mais, les professionnels sont conscients aussi de l'enjeu environnemental. Éviter de perdre son filet, c'est ne pas polluer l'océan et ne pas risquer de condamner son activité à moyen-terme", avance Gaëtan Fabritius, directeur de l'innovation et de la prospective à CLS.

Connecter les filets permettrait aussi mieux contrôler les bateaux dans une optique de pêche durable. "Les autorités peuvent ensuite mieux contrôler les bateaux qui disposent d'une licence pour un certain nombre d'engins de pêche", commente le directeur.

Premier test en Méditerranée

Pour affiner son prototype, CLS a lancé début juillet une première expérimentation en Méditerranée. 20 balises ont été confiées au Comité départemental des pêches du Var. Pendant un an et demi, d'autres tests seront menés ensuite en Guyane, en Bretagne ainsi qu'en Asie, en Amérique Latine et en Amérique du Nord.

"L'objectif est de figer les spécifications techniques fin 2021 pour une mise sur le marché fin 2022. Cela correspond à la date prévue du lancement de la constellation Kinéis (25 nanosatellites "Made in France" destinés à l'internet des objets, ndlr). Cette dernière permettra une revisite en quasi temps réel sur les marchés européens et nord-américain avec une capacité de débit plus importante", précise Gaëtan Fabritius.

Lire aussi : New Space : Kinéis lève 100M€ pour sa constellation dédiée à l'IoT

Avec la constellation Kinéis, CLS espère aussi aligner la tarification de son service sur les dispositifs terrestres d'Internet des objets.

"Les filets de pêche représentent un marché de masse qui rend le projet viable économiquement. Pour la pêche au casier au Canada, par exemple, chaque bateau a 300 casiers. Si nous équipons 200 bateaux, le chiffre peut vite monter. Nous espérons connecter des dizaines de milliers d'engins", lance le responsable de CLS.

Pour le moment, les balises doivent servir uniquement à de la géolocalisation. Mais d'autres usages pourraient s'y greffer.

"Un engin de pêche connecté, c'est un capteur dans l'eau qui peut aussi remonter d'autres informations utiles à la communauté scientifique comme la concentration de CO2 ou de plancton dans l'eau, la température, la salinité, etc", conclut Gaëtan Fabritius.

Des données supplémentaires pour connaître l'état de santé des océans.

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Commentaire 1
à écrit le 06/07/2020 à 16:59
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Ouais ! Une couillonade? Ce qu'il faudrait, ce serait d'arrêter de vider la mer avec des filets gigantesques.

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