C'est un triste record. En juin 2020, l'Arctique enregistrait une température de 38°C, du jamais vu dans la région. Le pôle Nord se réchauffe d'ailleurs trois fois plus vite que le reste de la planète d'après un récent rapport. Les dépressions polaires pourraient offrir une clé de compréhension de ce phénomène. "Ces dépressions sont responsables d'un transfert de chaleur entre les latitudes tempérées et l'Arctique. Cela fait moins d'une dizaine d'années que les scientifiques s'intéressent au phénomène mais les dépressions polaires pourraient participer au réchauffement plus rapide de l'Arctique", indique Gwendal Rivière.
Chercheur au CNRS, il coordonne en France une mission menée en collaboration avec des scientifiques anglais pour survoler du 4 au 27 août l'océan Arctique. Parmi les laboratoires mobilisés figurent des scientifiques toulousains du Centre national de recherches météorologiques et du Laboratoire d'aérologie.
Un phénomène qui accélère la fonte de la banquise ?
L'équipe anglaise sera chargée de voler à moins de deux kilomètres au-dessus de l'océan pour étudier l'impact de ces dépressions sur la banquise.
"Des scientifiques ont déjà mis en évidence que certaines dépressions sont capables d'accélérer la fonte de la banquise en été ou de potentiellement détruire la structure de la banquise. Cela peut se produire quand des vents forts autour du centre dépressionnaire créent des vagues susceptibles de détruire la banquise. Ensuite, les dépressions peuvent ramener des masses d'eau plus chaude sous la banquise et la faire fondre par en-dessous", décrit Gwendal Rivière.
De son côté, l'équipe française montera à bord d'un avion ATR-42 et d'instruments de mesures situés sous les ailes de l'appareil pour observer à cinq kilomètres d'altitude les nuages au sein de ces dépressions. "Jusqu'à présent, les nuages sont représentées dans les modèles de manière assez simplifiée. Or, si les nuages sont transparents ou totalement opaques, ils vont plus ou moins réchauffer les basses couches de l'atmosphère. Il est donc important de bien représenter la texture des nuages dans les modèles pour prévoir la température dans l'atmosphère", poursuit le chercheur du CNRS.
Meilleure météo pour les bateaux de croisière
De quoi améliorer les modèles climatiques mais aussi météorologiques utilisés par Météo-France. "Comme en Arctique il existe moins de stations météo et de survols de satellites, il est moins évident de prévoir les dépressions sur deux à cinq jours. Les campagnes de terrain servent aussi à améliorer les prévisions météo. D'autant qu'avec la fonte de la banquise, la région voit passer plus de bateaux qui ont besoin de ces informations", complète Gwendal Rivière.
Ces dernières années, les pôle Nord et Sud ont vu affluer les touristes avec une multiplication des bateaux de croisière dont le passage est facilité par la fonte des glaces. En 2019-2020, on comptabilisait 85 000 touristes au Groënland, 120 000 au Svalbard (archipel de Norvège) ou encore 10 000 touristes dans l'Arctique canadien.
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