La France est le plus gros producteur de chanvre en Europe de l'ouest avec la présence de six chanvrières et plus de 1.500 producteurs selon Nathalie Fichaux, présidente d'interchanvre, l'interprofession du chanvre en France. C'est notamment avec ces chiffres prometteurs que Mathieu Ebbesen-Goudin et trois autres cofondateurs ont décidé de lancer VirgoCoop. Leur objectif : relancer la filière chanvre textile en Occitanie. En effet, cette plante fournit des fibres de haute qualité qui permettent de fabriquer des tissus durables destinés au secteur de l'habillement.

"Les fibres de la plante, outre leur solidité, possèdent des vertus thermorégulatrices naturelles qui confèrent au vêtement en chanvre un pouvoir isolant sans commune mesure avec le coton : fraîcheur en été, chaleur en hiver, même dans un jean !", indiquent les coopérateurs de VirgoCoop.

Selon Mathieu Ebbesen-Goudin, la culture du chanvre a un impact environnemental nul, il est possible d'en faire pousser quasiment partout et les vêtements réalisés à partir de la matière sont agréables et peuvent se garder de nombreuses années.

Une filière de plus en plus attractive

Aujourd'hui, avec 120 coopérateurs dans toute la région Occitanie et 175.000 euros de capital social, VircoCoop souhaite poursuive son développement. Entre 2020 et 2021, elle a noté une progression de 3 à 75 hectares de champs consacrés à la culture du chanvre dans la région. Les agriculteurs occitans sont curieux et de plus en plus attirés par cette production.

"En cette année 2022, il devrait y avoir 100 hectares de terres dédiés à la culture du chanvre textile. A ce jour, une cinquantaine d'agriculteurs travaillent avec nous sur de petites parcelles avec des essais concluants. Grâce aux fonds que nous recevons, nous pouvons sécuriser au maximum le parcours des agriculteurs qui se lancent avec une rémunération correcte",souligne le cofondateur de VirgoCoop.

Pour avancer, la structure s'allie avec un personnage emblématique du chanvre occitan, inventeur passionné installé dans sa ferme lotoise : Pierre Amadieu. Sa spécialité, défibrer le chanvre avec des méthodes simples et adaptées à de petits bassins de production. Une manière de relocaliser une filière chanvre, à des coûts limités et sans recours à des technologies complexes et onéreuses.

Produire des dizaines de milliers de tissus

En parallèle et à mesure que le fil produit à partir de chanvre local sera disponible, VirgoCoop poursuivra ses essais de teinture et de tissage pour proposer des toiles à de nouveaux clients et le renforcement de son modèle économique. Idéalement, elle souhaiterait avoir des parcelles comprises entre 500 et 1000 hectares qui pourront sortir plusieurs dizaines de milliers de tissus.

Sur un marché français prometteur, où 100 millions d'euros ont été investis depuis les années 1960 dont 30 millions d'euros rien que ces deux dernière années, VirgoCoop a pour vocation de porter des projets ayant du sens pour les territoires.

"Si la filière chanvre constitue aujourd'hui son projet phare, VirgoCoop portera d'autres projets structurants permettant une économie locale respectueuse des femmes, des hommes et de l'environnement", se projettent les coopérateurs de VirgoCoop.