Quel avenir pour le pôle de compétitivité Aerospace Valley ?

Dès 2020, l’État se désengagera des pôles de compétitivité au profit des Régions. Avec ce transfert de compétences, Aerospace Valley, pôle de compétitivité du grand sud-ouest, changera-t-il sa feuille de route ?
Une machine de fabrication additive de l'IRT Saint-Exupéry de Toulouse, technologie jugée prioritaire par Aerospace Valley.
Une machine de fabrication additive de l'IRT Saint-Exupéry de Toulouse, technologie jugée prioritaire par Aerospace Valley. (Crédits : IRT Toulouse)

La gouvernance tripartite État-Régions-Pôles vit ses dernières heures. Dès 2020, les crédits de fonctionnement des 56 pôles de compétitivité, 15 millions d'euros pour l'année à venir, seront transférés aux Régions. Mais si le désengagement de l'État est acté, les modalités de ce transfert semblent encore peu claires, notamment dans le grand Sud-Ouest.

Sur ce territoire, le pôle de compétitivité Aerospace Valley, spécialisé en aéronautique, spatial et systèmes embarqués, est bi-régional (Occitanie et Nouvelle-Aquitaine). Une configuration qui pour Yann Barbaux, président de cette structure pose question dans ce contexte de transition budgétaire :

"Il y a une certaine logique dans le transfert de l'État vers les Régions. Cette nouvelle est cohérente avec la loi NOTRe, mais aujourd'hui nous n'avons pas d'information sur la manière dont cela va se passer. Aerospace Valley concerne deux régions, ce qui en soi n'est pas un problème mais nous aurons besoin d'un mode d'emploi.

Aerospace Valley a touché 650 millions d'euros d'aides publiques depuis sa création en 2011. Ces subventions représentent près de 40% de ses ressources (le restant provenant des cotisations de ses 850 membres). En attentant de connaître la nouvelle marche à suivre, le futur d'Aerospace Valley, classé dans le trio de tête des pôles de compétitivité mondiaux, passe par l'Europe. Car si l'État se désengage, ses directives pour la phase IV des pôles de compétitivité - qui court de 2019 à 2022 - demeurent et parmi elles, celle d'assumer une ambition moins locale.

"Nous avons une ambition européenne. Aerospace Valley a passé des accords avec le cluster d'Hambourg en mai et celui de Bavière en juin dernier. Il y a des ETI allemandes qui peuvent avoir un intérêt à travailler avec des PME françaises et vice versa. L'idée est de monter des projets d'innovation avec des financements européens, d'encourager les rencontres pour favoriser des business croisés mais aussi de travailler ensemble pour que les formations soient en adéquation avec les recrutements dans nos filières", explique Yann Barbaux.

Une initiative groupée vers l'industrie du futur

Si la feuille de route d'Aerospace Valley ne connaît pas pour le moment de changement notable, le pôle de compétitivité entend développer de nouvelles filières comme la fabrication additive métallique. Cette technologie, qui consiste à fabriquer des objets industriels en superposant des couches de matières métalliques issus d'impressions 3D, est au coeur d'AddimAlliance.

Ainsi l'Institut Clément Ader et l'Institut de recherche technologique Saint-Exupéry basés à Toulouse, le centre technologique Prod3D de l'Université de Montpellier, FuturProd à l'INP Bordeaux, la plateforme Addimadour de l'école d'ingénieurs Estia à Bidart et CEF3D, celle de l'Ecole nationale d'ingénieurs de Tarbes, mutualisent leurs compétences et leurs recherches sous l'égide d'Aerospace Valley. Au total, les équipes d'AddimAlliance représentent un effectif de 100 personnes dont 33 dévolus à la recherche. Le but est de créer un pôle majeur de la fabrication additive métallique en France.

"L'industrie 4.0 change la donne de manière radicale. On est encore au début, il y a des problèmes scientifiques et techniques à régler mais c'est une technologie qui a un potentiel énorme. Elle est complètement numérique et beaucoup d'entreprises ont investi dans ces machines", conclut Yann Barbaux.

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