Le premier train hybride de France sort des ateliers à Toulouse

Le premier train hybride français a été présenté mercredi 14 juin au technicentre SNCF de Toulouse. Développée par Alstom à Tarbes, cette technologie permet de remplacer une partie des moteurs diesel par des blocs de batteries produits non loin de Poitiers et ainsi réduire la consommation de carburant au profit de l'électricité. Imaginé pour des opérations de rétrofit sur des trains existants, ce dispositif n'a pour l'instant pas encore fait l'objet de commandes fermes de la part des collectivités régionales.
Le premier train régional hybride a été présenté, ce mercredi 14 juin, à Toulouse.
Le premier train régional hybride a été présenté, ce mercredi 14 juin, à Toulouse. (Crédits : Pierrick Merlet)

C'est un petit événement dans le monde ferroviaire. La SNCF et les deux constructeurs ferroviaires Alstom et CAF ont inauguré, mercredi 14 juin à Toulouse, le premier train régional hybride de France au sein du technicentre local. Hybride car une partie des motorisations diesel a été remplacée par des blocs de batteries lithium-ion sur cette rame de la gamme Régiolis.

« Sur cette rame, composée de quatre voitures et donc quatre moteurs diesel, nous avons remplacé deux moteurs par deux packs de batteries. Ces batteries offrent une autonomie totale de 20 à 25 kilomètres d'autonomie totale au train. Surtout, elles permettent de réduire la consommation de carburant de ce train de 20 % », décrit Kaïs Albouchi, le directeur du projet de train hybride chez Alstom.

Sans hybridation, ce train - qui opère traditionnellement sur les réseaux ferroviaires gérés par les conseils régionaux - consomme 1,8 litre de diesel par kilomètre, tout en offrant une capacité de 250 voyageurs. Mais cette technologie hybride, dont les batteries se rechargent lors des opérations de freinage ou sur les caténaires lors des arrêts en gare, a bien démontré une consommation moindre lors de phases de tests multiples sur les lignes Toulouse-Rodez (Aveyron) et Toulouse-Mazamet (Tarn).

« Ce train hybride offre les mêmes capacités et la même autonomie qu'un train non hybride. C'est le premier nouveau né d'une famille plus large de trains décarbonés ou moins polluants », se réjouit Nicolas Phan-Trong, le directeur des projets d'innovation technologique énergie et décarbonation à la SNCF, qui fait référence aux projets de train 100% batteries et train à hydrogène.

Des batteries françaises

L'inauguration de cette rame Régiolis est le fruit d'une gestation entamée en 2018. À l'époque, quatre Régions (Occitanie, Nouvelle-Aquitaine, Grand Est et Pays-Centre Val de Loire) s'engagent à soutenir financièrement le développement de cette rame hybride,  estimée autour de 17 millions d'euros. Dès 2019, le site Alstom de Tarbes, présenté par le groupe comme son site d'excellence mondial pour les systèmes de traction 'verts', est mobilisé pour faire aboutir ce projet.

Si le site tarbais, qui réunit 750 salariés dont deux tiers d'ingénieurs, a notamment développé un convertisseur de puissance à partir de carbure de silicium, le principal défi technique a résidé dans la taille maximale possible du coffre de batteries. « C'était le principal challenge, avoir une sorte de système plug and play pour remplacer le plus facilement les moteurs diesel », confirme Kaïs Albouchi d'Alstom.

« L'objectif d'Alstom avec ce projet de train hybride est avant tout de verdir la flotte de trains régionaux existante et donc faire du rétrofit à l'image de ce qui peut être fait sur d'autres moyens de transport. Pour cela, nous comptons profiter d'une opération de maintenance majeure que doit connaître chaque train diesel à mi-vie (sur une durée de vie estimée de 30 à 40 ans, ndlr) pour réaliser la conversion », ajoute le directeur du projet.

Pour offrir cette seconde vie, Alstom a équipé ce premier train hybride de batteries haute puissance développées et produites par la société française Forsee Power non loin de Châteauroux, dans son usine de Chasseneuil-du-Poitou (Vienne). Sur le papier, ces batteries ont une durée de vie de 7 à 10 ans.

Des commandes qui se font attendre

Pour le moment, un seul train hybride a été produit, à savoir le prototype inauguré ce jour. Aucune commande n'a encore été passée malgré les 17 millions d'euros investis. Tous les porteurs de projet sont dans l'attente de la certification par les services de l'État dédiés à ce sujet pour lancer son exploitation commerciale en fin d'année 2023.

« Ce train circulera en service commercial fin 2023 tout d'abord sur la région Occitanie (qui a investi trois millions d'euros dans ce projet, ndlr), pour une durée de quatre mois. Il sera ensuite exploité sur les régions Nouvelle-Aquitaine, Grand Est et Centre-Val-de-Loire en 2024 », expose Philippe Bru, le directeur régional Occitanie de la SNCF.

Avant d'envisager une industrialisation de la technologie, assemblée sur le site de Reichshoffen détenu par l'Espagnol CAF depuis août dernier, les conseils régionaux veulent avoir un certain retour d'expérience. Du côté d'Alstom, on assure que les discussions autour de ventes de trains hybrides ont déjà commencé avec les collectivités.

Lire aussiFerroviaire: l'espagnol CAF enregistre ses premières commandes pour Reichshoffen (ex Alstom)

« Nous allons amplifier ce mouvement, dès que nous aurons la certification des services de l'État pour ce train hybride. Une fois cette certification obtenue, nous envisagerons le déploiement de trains hybrides supplémentaires en Occitanie », tempère Jean-Luc Gibelin, le vice-président de la Région Occitanie en charge de la question des transports.

Actuellement en France, 300 rames Régiolis circulent sur le territoire et apparaissent comme les premières cibles de cette nouvelle technologie.

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Commentaires 2
à écrit le 15/06/2023 à 5:57
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"non loin de Châteauroux" : non loin de Poitiers en fait...

à écrit le 14/06/2023 à 22:10
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Dans les années à venir, le carbure de silicium devrait progressivement remplacer le silicium. On trouve depuis un certain temps des semi-conducteurs de puissance au SiC, avec de nombreuses vertus. Les puristes diront "on veut un train zéro CO2, l'h...

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