La startup Kippit disparaît avec sa promesse d'un électroménager made in France

Les deux entrepreneurs à la tête de Kippit ne feront pas appel de la liquidation prononcée par le tribunal de commerce de Toulouse. Si les investisseurs sont bien au rendez-vous pour sauver le projet, ils manquent de temps pour réunir les 800.000 euros nécessaires tout en respectant le timing donné par la juridiction. Ils travaillent désormais sur la piste d'un repreneur pour sauver cette promesse d'un électroménager durable et made in France.
En plus d'une bouilloire multifonctions, Kippit travaillait déjà sur un grille-pain multifonctions et un lave-linge, le tout made in France et réparable à vie.
En plus d'une bouilloire multifonctions, Kippit travaillait déjà sur un grille-pain multifonctions et un lave-linge, le tout made in France et réparable à vie. (Crédits : Kippit)

Finalement, le challenge aura eu raison des deux cofondateurs, Kareen Maya Levy et Jacques Ravinet. Sauf énorme retournement de situation, les entrepreneurs ne feront pas appel de la décision du tribunal de commerce de Toulouse qui a prononcé la liquidation de la startup Kippit le 22 septembre. Ils avaient jusqu'au 3 octobre pour se positionner. "C'est un délai théorique mais bon...", commente Kareen Maya Levy.

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Fondée en 2018, cette jeune entreprise avait vu le jour avec la promesse de commercialiser un électroménager durable, réparable à vie et surtout made in France. Au-delà de l'ambition de lutter contre l'obsolescence programmée des appareils, l'idée était surtout de lutter contre une consommation à tout-va de ces appareils, souvent jetés et remplacés plutôt que réparés.

En l'espace de quelques mois, Kippit a ainsi reçu près de 3.000 pré-commandes pour sa bouilloire multifonctions Jaren. Mais la société travaillait déjà également sur le grille-pain multifonctions Toben et le lave-linge Fraval. Les consommateurs avaient aussi témoigné de marques d'intérêts fortes pour ses deux futurs produits. Mais ils ne verront jamais le jour sauf si le duo de cofondateurs trouve un ou des repreneurs.

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Besoin de 800.000 euros

La direction de Kippit avait tout d'abord pour espoir de réunir une certaine somme afin de relancer le projet avec des investisseurs au profil industriel et associés à la fabrication. C'était surtout LA condition pour être en capacité de faire appel de la liquidation auprès du tribunal de commerce de Toulouse.

"Il fallait un plancher de 800.000 euros. Aujourd'hui, nous avons 500.000 euros apportés par trois investisseurs dont un Toulousain (...) Nous avons discuté tout le week-end avec des investisseurs. Les marques d'intérêts sont là mais le problème est que ce genre de décision ne se prend pas rapidement et nous sommes sur des délais hors normes (10 jours entre l'officialisation de la décision et la possibilité de faire appel, ndlr", témoigne Kareen Maya Levy auprès de La Tribune.

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Consciente que l'équation est impossible à réaliser dans les temps, la dirigeante et son associés poursuivent les discussions dans l'espoir de trouver un ou des repreneurs à la barre du tribunal pour Kippit.

"Si le projet survit normalement nous ne pourrons pas être au capital, mais nous approchons quand même des investisseurs pour qu'ils fassent désormais une offre à la barre du tribunal. Nous pourrions être des salariés pour continuer à faire vivre le projet. Mais trouver un repreneur n'est pas simple non plus", raconte la dirigeante.

Une procédure lancée contre le fournisseur défaillant

Pour mémoire, Kippit avait prévu de livrer à ses clients les premières bouilloires multifonctions dès 2021. Seulement, les retards de livraison du fournisseur chargé de la cuve en inox, DEP Industrie, ont mis dans une situation inconfortable sur le plan financier la jeune entreprise. "Aujourd'hui, une procédure est lancée contre DEP Industrie mais ce n'est pas ça qui sauvera l'entreprise", ajoute Kareen Maya Levy.

"Dans cette aventure, notre seul tord est la confiance que nous avons mis en ce fournisseur qui, au final, n'avait pas les compétences pour répondre à notre demande", poursuit la présidente de Kipppit.

Face à cette situation, Kippit avait identifié et commencé à travailler au cours de l'été avec un partenaire industriel asiatique, qui dispose du savoir-faire nécessaire, pour fournir les premières pièces et honorer les commandes en cours. Par la suite, l'ambition de la startup était d'acheter les outils utilisés dans les mois suivants, comme convenu avec cette société étrangère, afin de rapatrier totalement la production et ainsi tenir sa promesse d'un électroménager 100% made in France.

Avec cet échec qui se profile, en plus des six licenciements déjà actés, le projet d'une usine de production dans l'Ariège et sa cinquante d'emplois associés ne sont désormais plus qu'un lointain souvenir.

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Commentaire 1
à écrit le 03/10/2022 à 15:55
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C'est une bien triste nouvelle, une de plus, qui confirme le manque d'intérêt des investisseurs nationaux et des gouvernements successifs pour soutenir les PME et la réindustrialisation de notre pays, ce qui est pourtant indispensable non seulement d...

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