Mon Espace Santé : "Les médecins et hôpitaux qui ne jouent pas le jeu perdront de l'argent"

La Haute-Garonne est le premier département français à tester Mon Espace Santé avant un déploiement national début 2022. La plateforme héberge un coffre-fort numérique de données de santé, une adresse de messagerie sécurisée et à terme un catalogue d'applications labellisées par l'Etat. Une enveloppe sera débloquée pour aider les médecins et hôpitaux à intégrer ces nouveaux outils numériques. "Ceux qui ne jouent pas le jeu perdront de l'argent", alerte dans La Tribune Dominique Pon, responsable ministériel au numérique en santé et directeur de la Clinique Pasteur à Toulouse.
Directeur de la Clinique Pasteur à Toulouse, Dominique Pon est le responsable ministériel au numérique en santé.
Directeur de la Clinique Pasteur à Toulouse, Dominique Pon est le responsable ministériel au numérique en santé. (Crédits : DR)

Les habitants de la Haute-Garonne ont reçu il y a quelques jours par mail ou par courrier un message leur donnant accès à Mon Espace Santé. Ils ont ensuite un mois pour se manifester pour refuser le service. Successeur largement amélioré du Dossier médical partagé (DMP), Mon Espace Santé est une plateforme qui héberge un coffre-fort numérique de données de santé, une adresse de messagerie sécurisée et à terme un catalogue d'applications labellisées par l'Etat. Après la Haute-Garonne, le service va être testé dans les prochaines semaines dans la Somme et la Loire-Atlantique avant un déploiement national à partir de janvier 2022.

Lire aussi 4 mnE-santé : BOTdesign lève un million d'euros pour intégrer l'appstore Ma Santé 2022

"Dans un premier temps, les patients pourront télécharger eux-mêmes des fichiers (résultats de prises de sang ou d'examens) dans le coffre-fort numérique mais aussi remplir un profil de santé avec leurs antécédents. Autant d'informations qu'ils pourront partager avec les professionnels de santé. Ensuite, progressivement les données vont arriver automatiquement par les hôpitaux, les médecins, les biologistes", décrit Dominique Pon, responsable ministériel au numérique en santé et par aillleurs directeur de la Clinique Pasteur à Toulouse.

Un accès sécurisé

Mon Espace Santé est également équipé d'une messagerie. Chaque Français disposera bientôt d'une adresse mail standard composée de son numéro de Sécu qui devient son identifiant national de santé (INS) et ensuite qui se finira par @patient.masante.fr. "L'avantage de la plateforme est qu'elle est sécurisée (l'accès se fait par un identifiant et un mot de passe puis par un code unique reçu par mail ou SMS, ndlr) et hébergée en France. Tout professionnel de santé pourra vous écrire, au lieu d'utiliser des outils non sécurisés comme Gmail ou WhatsApp", plaide Dominique Pon. Pour autant, l'accès à l'espace santé pourrait être rapidement simplifié puisque à compter de 2022 une application permettra d'utiliser sa Carte Vitale de manière dématérialisée et de déverrouiller automatiquement l'accès à Mon Espace Santé.

La plateforme sera enrichie dans quelques mois d'un agenda pour enregistrer des rendez-vous de santé ou des rappels de vaccination. Et enfin courant 2022 sera déployé un catalogue d'applications numériques développées par des startups : télémédécine, suivi de la grossesse ou du diabète, etc. Pour figurer dans Mon Espace Santé, ces dernières devront au préalable avoir été labellisées par l'Etat suivant un référentiel en matière de sécurité, d'éthique et d'interopérabilité qui sera fixé d'ici la fin de l'année. "À partir de là, il sera possible de synchroniser les données de ces applications avec son espace numérique de santé", ajoute le responsable ministériel.

"La jungle" de la santé numérique en France

Pour accompagner ce déploiement, à l'origine, le plan gouvernemental Ma Santé 2022 devait consacrer 500 millions d'euros à la transformation numérique des hôpitaux. Mais à l'issue du Ségur de la Santé, l'Etat a décidé de débloquer deux milliards d'euros supplémentaires pour accélérer cette modernisation du secteur de la santé en France. Une enveloppe nécessaire face à l'ampleur du chantier.

Dominique Pon lui-même alerte depuis des années sur "le bordel incroyable" de la santé numérique en France. "Il existe des logiciels différents partout qui ne communiquent pas entre eux. C'est la jungle, la France est un tiers-monde numérique en matière de santé", dénonçait-il par exemple en 2019.

Lire aussi 3 mnSanté : Dominique Pon veut sortir la France d'un "tiers-monde numérique"

Depuis un an, l'Etat travaille sur un cahier des charges techniques qui sera imposé à tous les industriels en charge des logiciels pour les médecins et les hôpitaux. "Il faut compter à peu près deux ans pour modifier tous les logiciels de France et il y en a des centaines de milliers", fait remarquer le dirigeant.

Mais, relève-t-il, "la grande différence désormais c'est que dans un horizon de 18 mois à peu près si les professionnels de santé ne jouent pas le jeu, ils perdront de l'argent". Dans les hôpitaux, les enveloppes budgétaires sont versées en fonction du respect de certains critères (taux de maladies nosocomiales, etc) et l'utilisation des outils numériques en fera partie. Le déploiement sera aussi accompagné de textes règlementaires. "Nous sommes vraiment déterminés", conclut Dominique Pon.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 6
à écrit le 15/09/2021 à 19:27
Signaler
Une "couillonade" destinée à nous "couilloner" de nos données personnelles, de nitre liberté. En gros un truc, un machin numérique à faire "ch..r".

à écrit le 15/09/2021 à 18:55
Signaler
Ce coffre-fort sera percé un jour,c'est inévitable. Et adresse de messagerie sécurisée ,c'est du vent.

à écrit le 15/09/2021 à 18:39
Signaler
Coffre-fort numérique de données de santé, une adresse de messagerie sécurisée? Et vous pouvez dire ca sans rire? Oui, derriere nos dos.

à écrit le 15/09/2021 à 17:18
Signaler
La dépendance au numérique s'accentue... la perte d'un dossier ne concerne qu'un individu, mais pour un problème informatique c'est toute une population qui est impacté! On comprend que l'on instille des menaces "innocentes" pour booster!

à écrit le 15/09/2021 à 17:05
Signaler
Un coffre fort numérique : me font bien rigoler. L'épidémie Big Brother s'étend....

le 15/09/2021 à 17:27
Signaler
Y aura un mot de passe avec 50 caractères à saisir pour que ça soit très difficile à forcer (force brute = test de toutes les combinaisons, successivement, très rapidement). Le DMP "définitif" c'est récent (Nov 2018), avant c'était un peu bancale. V...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.