À Toulouse, Dominique Pon présente le futur de la santé numérique en France

À l'issue du Ségur de la Santé, le gouvernement a décidé d'allouer deux milliards d'euros supplémentaires pour accélérer la transformation numérique du secteur de la santé en France. Aux manettes de ce grand chantier, le directeur de la Clinique Pasteur de Toulouse, Dominique Pon, a présenté le 29 septembre à l'occasion de la Mêlée numérique les grands changements à venir : création pour tous les Français d'un espace numérique de santé sécurisé avec l'accès à un store d'applications, élargissement du répertoire des professionnels, etc.
Dominique Pon pilote le chantier de transformation numérique du secteur de la santé.

"C'est du jamais vu dans toute l'histoire de la santé en France. Des investissements colossaux vont être mis sur la table pour développer la e-santé dans le pays", se réjouit Dominique Pon.

Le directeur général de la Clinique Pasteur, à Toulouse, a été choisi en 2018 par le gouvernement pour piloter la transformation numérique du secteur de la santé en France. À l'origine, le plan Ma Santé 2022 devait consacrer 500 millions d'euros à la transformation numérique des hôpitaux. Mais crise sanitaire oblige, l'État a décidé d'engager des moyens beaucoup plus importants dans ce projet.

"La Covid a accéléré les usages numériques, le volume de téléconsultations a été multiplié par 100. Comme le numérique est devenu un sujet grand public, le gouvernement a décidé dans le cadre du Ségur de la Santé d'accélérer la feuille de route de Ma Santé 2022 en ajoutant deux milliards d'euros de budget", expliquait Dominique Pon le 29 septembre dernier à l'occasion de la Mêlée numérique.

Un espace numérique de santé pour tous les Français pour 2022

Si le budget a été considérablement réévalué, la feuille de route reste la même que celle qui avait été présentée par Dominique Pon l'an dernier.

Lire aussi : Santé : Dominique Pon veut sortir la France d'un "tiers-monde numérique"

 "Le projet prévoit la création début 2022, pour tous les Français et dès la naissance, d'un espace numérique de santé. Dans ce coffre-fort numérique, il pourra retrouver toutes ses données de santé. L'espace disposera également d'un store d'applications dont l'éthique aura été avalisée par l'État. Alors qu'aujourd'hui il très compliqué dans un hôpital de récupérer son dossier médical et de le partager avec son médecin généraliste, l'idée est que le citoyen devienne maître du jeu. Chacun aura aussi une adresse-mail sécurisée de santé pour que ces informations ne circulent plus sur Gmail ou Whatsapp", plaide-t-il.

Aujourd'hui, il existe déjà le Dossier médical partagé (DMP) qui permet à chaque Français d'agréger des compte-rendus de santé. L'interface est accessible en ligne via une double sécurité : un identifiant et un mot de passe ainsi qu'un code temporaire envoyé par SMS. Le projet prévoit de reprendre ce système de stockage des données sécurisées de santé, mais en revoyant totalement l'ergonomie de l'application du DMP, trop complexe.

Une remise à niveau informatique chez les professionnels

Du côté des professionnels, le plan a pour ambition d'élargir le répertoire des professionnels de santé. "Aujourd'hui, seules les professions qui ont un ordre de corporation comme les médecins ou les infirmières disposent d'un identifiant numérique unique. L'idée est de l'étendre à l'ensemble des professionnels, y compris le secteur médico-social", précise Dominique Pon.

D'ailleurs, sur les deux milliards d'euros du plan, 600 millions sont spécialement affectés au secteur médico-social.

"C'est un secteur qui a vraiment de besoin d'une remise à niveau des infrastructures. Les financements permettront de recruter des informaticiens et d'améliorer la connexion internet. Plus globalement, il faut harmoniser entre tous les professionnels le partage de données de santé sécurisées pour arriver à ce que tous les logiciels communiquent mieux ensemble", ajoute le collaborateur gouvernemental.

Lancement de la sélection des premières applications

Les entreprises de la e-santé pourraient également bénéficier de ce grand chantier par le biais d'appels à projets réguliers dotés au total de 200 millions d'euros.

"Le premier sera lancé courant novembre et concerne l'innovation dans le secteur médico-social. Le numérique en santé est vu par le gouvernement comme un sujet d'investissement et un domaine d'avenir pour créer des emplois. En Occitanie particulièrement, mais globalement partout en France, la e-santé va être un sujet porteur pour générer de l'activité", estime-t-il.

Un second appel à projets sera lancé simultanément au mois de novembre. Cette fois, il s'agira de sélectionner les quinze premières applications à rejoindre le store de l'espace numérique de santé dès son lancement en 2022. Les grands noms sur ce créneau à l'image de Doctolib, pourront soumettre leur candidature.

"Pour intégrer le store, il faudra que les logiciels respectent les règles imposées par l'État comme par exemple le fait d'intégrer l'identifiant numérique de santé, le répertoire des professionnels de santé et un canal de messagerie sécurisée. Pour vérifier, nous avons créé le site Convergences où l'industriel déclare sa conformité par rapport à ses règles avec des contrôles inopinés. Les industriels devront réaliser des tests techniques et enfin une commission avec des associations de patients et des professionnels de santé se prononceront sur l'éthique de l'application", détaille Dominique Pon.

Par ailleurs, le dirigeant veut rendre obligatoire dans la loi pour toutes les applications de santé en France l'identification avec un double niveau de sécurité : "Ma plus grosse crainte est que si l'on n'avance pas, on finira chez les Gafa (Google, Amazon, Facebook, Apple, ndlr). C'est ce qui me fait le plus peur pour des raisons de souveraineté", alerte-t-il.

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