Des étudiants toulousains créent des super-levures pour les astronautes

Huit étudiants de l'université Paul-Sabatier et de l'Insa mettent actuellement au point des levures nutritives pour les astronautes, destinées à améliorer l'apport en vitamines lors des longues missions spéciales. Les jeunes toulousains présenteront leur projet fin octobre lors d'une compétition internationale de biologie nommée iGEM.
Les étudiants en biologie, ont imaginé des super-levures synthétiques permettant de compléter l'alimentation lors de longues missions dans l'espace.
Les étudiants en biologie, ont imaginé des "super-levures synthétiques" permettant de compléter l'alimentation lors de longues missions dans l'espace. (Crédits : iGEM Toulouse)

Comment conserver la qualité nutritive des aliments tout en les embarquant dans l'espace ? C'est la question sur laquelle planchent huit étudiants de l'INSA et de l'université Paul Sabatier. Après avoir constaté que les aliments destinés aux astronautes perdaient en moyenne 30 à 50% de leur apport en vitamine A en trois mois, ces jeunes toulousains, tous étudiants en biologie, ont imaginé des "super-levures synthétiques" permettant de compléter l'alimentation lors de longues missions dans l'espace.

"C'est un système innovant puisqu'il est quasi-autonome : il faut très peu de ressources pour produire ces éléments nutritifs, tout est directement disponible dans le vaisseau spatial. Il y aura une boîte avec deux compartiments, un pour la bactérie et un autre pour la levure enrichie en provitamine A, et il suffira de faire "pousser" la bactérie avec des ressources déjà présentes à bord (eau, électricité, urines, CO2) pour mettre au point une co-culture afin que la levure puisse se développer. On pourra même choisir le goûts que l'on préfère grâce à des LED ! ", s'amuse Laurène Adam, l'une des étudiantes qui travaille sur ce projet.

Se démarquer parmi 300 projets venus du monde entier

C'est pour la compétition internationale iGEM 2020 que cette équipe s'est formée. Organisé par le MIT (Massachusetts Institute of Technology), ce concours sur la biologie synthétique réunit chaque année des équipes d'étudiants à travers le monde entier. L'objectif pour les participants est de travailler à l'élaboration d'un système biologique innovant répondant à une problématique actuelle. L'équipe toulousaine, qui existe depuis 2013, fait régulièrement bonne figure à l'image de l'édition 2018 dont le projet avait été couronné à Boston par la médaille d'or, aux dépens des 353 autres équipes venues du monde entier.

"Chaque année, les universités passent un "appel à candidature" pour former la nouvelle équipe annuelle iGEM. Après des entretiens avec des chercheurs et l'équipe encadrantes, nous entrons dans une phase de brainstorming où l'on épluche toutes les idées pour participer à la compétition et répondre à un souci sociétal grâce à la biologie synthétique. Ensuite, une fois le thème trouvé, il y a trois mois pour faire les expériences et prouver que notre théorie est fonctionnelle dans la pratique", explique Laurène Adam.

Un incubateur de startups

Avec des sponsors récurrents qui viennent chaque année subventionner les différents projets portés par iGEM Toulouse, ce sont 40 000 euros de budget qui sont utilisables pour aller chercher la première place du concours. Les établissements scolaires aident également leurs étudiants, à l'image du département de la génie biologique de l'INSA qui leur a mis à disposition le laboratoire du site.

Ces soutiens n'ont pas pour seule vocation la compétition iGEM, mais une initiative pédagogique réfléchie selon Laurène, la chargée de communication du projet iGEMINI :

"Dans le concours, il y a une partie entrepreneuriale qui nous permet aussi de voir quelque chose de plus concret : si le projet marche, comment en faire une entreprise après le concours ? Et donc l'équipe étudie en ce moment le potentiel de notre dispositif, si nous voulons créer une startup, on étudie les marchés, les business plan etc. Ça fait partie de iGem. C'est une compétition publique et internationale qui ouvre des possibilités au monde entier"

En 2019, ce sont plus de 300 équipes qui ont participé au concours iGem. Autant de candidats sont attendus cette année mais l'élection du meilleur système biologique se fera à la fin du mois d'octobre, non pas à Boston comme de coutume mais bien lors d'un meeting virtuel, crise de la Covid-19 oblige.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.