Comment l'ISAE et Daher collaborent sur l'avion de demain

Pour répondre aux exigences climatiques, la filière aéronautique doit se réinventer. C'est dans ce sens que l'école ISAE-Supaero et le groupe Daher viennent de lancer une chaire pour concevoir et certifier l'avion hybride de demain. Néanmoins, ce travail de recherche devrait pour le moment se concentrer sur des avions de faible capacité.
À l'instar du démonstrateur Éco-Pulse, élaboré par trois acteurs industriels dont Daher, ce dernier et l'ISAE-Supaero veulent mettre aussi au point un modèle d'avion hybride.
À l'instar du démonstrateur Éco-Pulse, élaboré par trois acteurs industriels dont Daher, ce dernier et l'ISAE-Supaero veulent mettre aussi au point un modèle d'avion hybride. (Crédits : Florine Galéron)

Il n'est un secret pour personne que la filière aéronautique doit se réinventer pour continuer à exister face au défi environnemental. Le développement d'une filière de biocarburants est une partie de la réponse. L'autre partie quant à elle, se trouve dans la conception d'une nouvelle génération d'aéronefs. C'est tout l'intérêt de la collaboration qui vient d'être nouée entre l'ISAE-Supaero et le groupe Daher.

"Nos deux structures vont à présent travailler ensemble dans le cadre d'une chaire de recherches, pour concevoir, développer et tenter de certifier l'architecture de l'avion de demain, mais plutôt sur des petits modèles ne dépassant pas les 15 à 20 places, afin d'y inclure la dimension environnementale. Il faut une rupture, nous sommes capables de faire beaucoup de progrès sur l'architecture, l'intégration des moteurs et l'optimisation des vols", estime Joël Jezegou, enseignant-chercheur à l'ISAE-SUPAERO qui porte la chaire.

Ce projet, qui lie un acteur académique à un acteur industriel, va dans le même sens que l'aile volante d'Airbus présentée au récent salon de l'aéronautique à Singapour. Si l'ISAE-Supaero est aussi associée à cette démarche innovante c'est que l'école souhaite monter en compétences au niveau de la recherche pour, par la suite en faire bénéficier son enseignement, elle qui forme les ingénieurs qui feront les avions demain.

Trouver un compromis entre le fioul et l'électricité

L'initiative portée par l'école d'ingénierie toulousaine et Daher ressemble grandement au projet de démonstrateur Ecopulse, présenté au salon du Bourget 2019. La seule différence notoire est que ce dernier est porté par trois acteurs industriels uniquement (Airbus, Daher et Safran) mais sans acteur académique, avec néanmoins l'objectif commun de réaliser l'avion hybride de demain.

"Eco-Pulse a mis un vrai coup de fouet à la filière sur la nécessité de travailler sur la problématique de l'hybridation (...) Avec Bombardier, nous allons travailler ensemble pour électrifier au maximum les avions. L'objectif de ces études sera de déterminer jusqu'où nous pouvons aller sur le côté électrique afin de consommer de moins en moins d'énergie de fioul. Pour mettre au point le moteur hybride, tout est une histoire de compromis technologique. Faut-il plancher par exemple sur l'utilisation de l'hydrogène ? C'est une piste que nous allons aussi étudier", expose le professeur-chercheur.

Pour lui, toutes les technologies et énergies nécessaires pour parvenir à élaborer ce moteur hybride existent en France, mais il faut désormais travailler sur la montée en maturité de ces briques technologiques. Reste à définir la méthode de recherches pour cela.

Une chaire totalement financée par Bombardier, pour le moment

Dans les faits, le lancement de cette chaire entre l'ISAE-Supaero et Daher va permettre à l'école de recruter deux ingénieurs qui se consacreront totalement aux travaux en lien avec le projet. Ils feront partie du groupe de recherches "Conception Avion" de l'ISAE, composé de six membres permanents et d'une dizaine de doctorants.

"Notre groupe de recherche et la division R&D de Daher vont travailler en étroite collaboration. Il est notamment prévu d'organiser des workshops entre leurs équipes et les nôtres. Dans un premier temps, nous devons déterminer sur quels segments du marché le besoin et la demande d'un avion hybride sont les plus importants afin d'orienter nos travaux", précise Joël Jezegou.

Pour le moment, cette chaire et ses travaux seront totalement financés par le groupe Daher, qui ne souhaite pas communiquer sur le montant de son investissement. Néanmoins, l'ISAE-Supaéro ne ferme pas la porte à l'accueil de nouveaux partenaires mécènes dans cette chaire pour aller plus vite.

Lire aussi : À Toulouse, l'aviation française réclame sa filière de biocarburant

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.