En Occitanie, un camion pour faire découvrir l'astronomie aux déficients visuels

Épaulée par des astrophysiciens aveugles et des organismes de recherche toulousains, l'association Ciel d'Occitanie a mis sur pied un mobiloscope, un camion équipé pour faire découvrir l'astronomie aux déficients visuels. L'initiative soutenue par de grandes entreprises comme Berger-Levrault ou RTE est un prélude à la construction d'un observatoire scientifique inclusif dans l'Ariège qui demandera près d'un million d'euros d'investissement.
L'association Ciel d'Occitanie a mis sur pied un mobiloscope, un camion équipé pour faire découvrir l'astronomie aux déficients visuels.
L'association Ciel d'Occitanie a mis sur pied un mobiloscope, un camion équipé pour faire découvrir l'astronomie aux déficients visuels. (Crédits : Ciel d'Occitanie)

"Devenir astrophysicien ou mathématicien lorsque l'on est en situation de handicap, c'est possible et c'est le message que nous voulons faire passer aux jeunes venant nous voir", lance Jacques Croiziers, président de Ciel d'Occitanie. Cette association vient de mettre sur pied un mobiloscope, un camion qui va parcourir cet été les villages de la région pour faire découvrir l'astronomie aux déficients visuels et aux personnes en situation de handicap.

Maquettes imprimées en 3D et sonification

Un concept imaginé avec le soutien des 35 astrophysiciens de l'association dont certains justement confrontés à une déficience visuelle à l'instar de Ludovic Petitdemange, chercheur au CNRS et malvoyant depuis l'âge de 10 ans. C'est le cas aussi l'astrophysicienne américaine Wanda Diaz-Merced, spécialisée dans l'étude des ondes gravitationnelles et devenue aveugle au cours de sa carrière. Ce qui ne l'a pas empêchée de développer une sonification pour entendre les phénomènes célestes.

Au coeur du mobiloscope, les personnes en situation de handicap ont accès des maquettes imprimées en 3D représentant par exemple le système solaire. Grâce au toucher, les déficients visuels peuvent un peu mieux se représenter les astres. "Le télescope est également équipé d'une caméra qui va filmer par exemple la Lune ou n'importe quel objet. L'image est projetée sur un écran 70 pouces à l'intérieur du camion. Les personnes déficientes visuelles (seulement 5% d'entre elles sont aveugles, les autres sont malvoyantes ou souffrent de pathologies comme la DMLA, ndlr) arrivent à voir des contrastes et visualiser un peu l'image projetée sur l'écran et pour elles c'est fabuleux", décrit Jacques Croiziers. Le camion est également équipé d'un élévateur pour le rendre accessible aux personnes en fauteuil roulant qui peuvent le piloter depuis l'intérieur.

Autre alternative, Ciel d'Occitanie propose de la sonification.

"Paradoxalement, l'idée est de faire découvrir l'astronomie à des aveugles par la lumière. Nous allons utiliser le clavier du piano dans lequel chaque note de musique va représenter une couleur de l'arc-en-ciel. Cela permet d'expliquer qu'en tant que voyant nous ne percevons qu'une note de musique sur le clavier, qui correspond à la partie visible du ciel. Tout le reste est invisible, aussi bien les ondes radios, que les rayons ultraviolets ou infrarouges", poursuit-il.

L'initiative a demandé 75.000 euros d'investissement obtenus via le soutien de fondations de grandes entreprises comme RTE, TotalEnergies, Berger-Levrault, Fiducial ou encore la Caisse d'Épargne Midi-Pyrénées.

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Bientôt le premier observatoire inclusif d'Europe en Ariège ?

Surtout, le projet doit être le prélude à l'installation d'un observatoire scientifique inclusif qui demandera près d'un million d'euros d'investissement dans la station de ski de Guzet dans l'Ariège.

"L'idée est de créer un observatoire accessible à des personnes à mobilité réduite, des aveugles, des déficients visuels. Il sera doté d'un télescope de 500 mm qui va être placé à 1700 mètres d'altitude. Le lieu s'adressera aux chercheurs et aux astronomes mais pourra également être accessible aux clubs d'astronomie et aux amateurs. Ce sera le premier observatoire en Europe vraiment accessible à tous les publics", souligne Jacques Croiziers.

Un projet qui pourrait voir le jour d'ici à trois et pour lequel l'association travaille en collaboration avec de grands organismes de recherche toulousains comme l'Irap  (Institut de recherche en astrophysique et planétologie) ou l'Irit (Institut de recherche en informatique de Toulouse).

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