Carole Delga : "l'aéroport de Toulouse pose une question de souveraineté nationale"

La présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, était l’invitée de La Matinale organisée à Toulouse ce jeudi 8 février au Meeting Lab par La Tribune. L’occasion de revenir sur son parcours, ses ambitions, le Parti socialiste, et les dossiers d’actualité comme la LGV Toulouse-Bordeaux, l’aéroport Toulouse-Blagnac, la grogne agricole ou encore le lycée Gallieni. Voici un résumé de ses principales déclarations.
Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, était l'invité de La Matinale du 8 février.
Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, était l'invité de La Matinale du 8 février. (Crédits : Rémi Benoit)

Membre du Parti Socialiste depuis 2004, Carole Delga a été élue présidente de la Région Occitanie le 4 janvier 2016, après avoir été secrétaire d'État en charge du Commerce, de l'Artisanat, de la Consommation et de l'Économie sociale et solidaire entre juin 2014 et juin 2015.

Bercy, "un milieu assez déconnecté du terrain"

"Cette fonction m'a donné accès à un réseau parisien. Il faut être lucide, en France les choses se décident à Paris, avec des hauts fonctionnaires et tout particulièrement à Bercy (ministère dont elle dépendait, ndlr). C'est un lieu de décision et de pouvoir. Pour moi, qui n'ai pas fait l'ENA et qui ne provient pas du milieu, cette expérience m'a donné une chance extraordinaire d'avoir accès à ce réseau-là, un réseau que je n'aurais pas pu avoir d'une autre façon. Quelle que soit l'alternance à la tête du pays, les hauts-fonctionnaires restent au pouvoir, donc on garde toujours des contacts. Désormais, j'ai une compréhension des circuits de décision qui me permet de gagner du temps pour savoir où il faut actionner quand on est présidente de Région et obtenir des informations.

Bercy, si c'était à refaire, je le referais car je sais ce que cela m'a apporté. Mais c'était bien que cela ne dure pas plus d'une année. C'est un milieu où l'on est assez déconnecté du terrain et c'est une des faiblesses de la France. On ne fait pas assez confiance aux territoires. Aujourd'hui, les initiatives locales sont freinées et c'est une vraie erreur en terme de croissance économique et de démocratie participative".

" Etre femme à la tête d'une région est un signal donné aux jeunes filles"

"J'ai eu la chance d'avoir une éducation où l'on me disait que tout était possible tant que l'on travaillait. J'ai toujours été élevée dans la religion de la méritocratie républicaine. J'ai commencé à travailler dans les bâtiments et les monuments historiques, un milieu très masculin, puis dans le BTP, aussi très masculin. J'ai également dirigé un syndicat de gestion et d'assainissement des eaux, où je gérais 120 gars au quotidien. J'ai toujours été dans des milieux essentiellement masculins, donc je ne me suis jamais posée cette question.

Je réalise qu'être une femme présidente de région c'est sans doute un signal qui est donné aux jeunes femmes qui pourraient s'autocensurer.  On doit avoir une considération en fonction des talents et non pas en fonction du sexe".

"J'ai plus le tempérament d'une présidente de Région que d'une présidente de parti"

"J'ai été fortement sollicitée pour prendre la tête du PS. J'ai démissionné d'un gouvernement pour me présenter à des élections régionales. Je voulais diriger cette région parce que j'avais un projet pour elle, et j'étais persuadée de son potentiel de développement. Alors quand on m'a sollicité, j'ai réfléchi avant de décliner. Je pense être plus utile à la tête d'une Région qu'ailleurs. J'ai plus le tempérament d'une présidente de Région que d'une présidente de parti".

Matinale Carole Delga

Pour la première Matinale de l'année 2018, les spectateurs étaient au rendez-vous./ Rémi Benoit

Municipales à Toulouse en 2020 : Nadia Pellefigue, "une candidate très sérieuse"

"Les élections municipales ne se déroulent que dans deux ans, nous avons encore un peu le temps. Mais Nadia Pellefigue (vice-présidente de la Région Occitanie en charge du développement économique et du numérique) pourrait être une candidate très sérieuse à ce scrutin. Elle a de grandes qualités. Mais quoi qu'il arrive, il est trop tôt. On rentrera le plus tard possible dans le débat d'idées pour l'avenir de Toulouse".

Matinale Carole Delga

Carole Delga va rencontrer le Premier ministre ce vendredi pour parler de la LGV (Crédit : Rémi Benoit).

La LGV Toulouse-Bordeaux : "Nous pouvons tout à fait réaliser ces travaux dans le calendrier avant 2030"

"Une première étape a été franchie. Les deux LGV que nous soutenons, Bordeaux-Toulouse et Perpignan-Montpellier, ont été reconnues utiles et donc à réaliser. Le différent que nous avons avec le rapport Duron se trouve sur le calendrier. Mais ce calendrier a été dicté par des enveloppes budgétaires qui ont été fixées par Bercy.

Vendredi 9 février, nous rencontrons le Premier Ministre pour lui indiquer qu'avec l'étude que les Régions Nouvelle Aquitaine et Occitanie ont financé nous pouvons réaliser les projets qui sont dans le scénario 3, mais avec l'enveloppe budgétaire du scénario 2. Nous pouvons tout à fait réaliser ces travaux dans le calendrier avant 2030 avec les financements innovants que nous avons proposé : la taxe sur les poids-lourds en transit international et une répartition de la TICPE. Nous voulons que 10 % de cette TICPE, soit 50 millions d'euros, soit réaffecté sur les Régions qui n'ont pas encore eu d'investissements sur les LGV. Nos propositions sont réalistes".

Aéroport Toulouse-Blagnac : "C'est une question de souveraineté nationale"

"L'aéroport de Toulouse-Blagnac a une spécificité unique en France. Il sert à notre industrie aéronautique, notamment à Airbus pour tous ses essais. C'est donc une question de souveraineté nationale et je pèse mes mots. Notre aéroport n'est pas simplement un aéroport commercial comme à Nice. C'est pourquoi il est indispensable que l'État reste actionnaire dans cet aéroport parce qu'il a une dimension nationale. L'actionnariat public doit rester majoritaire".

Lire aussi : Aéroport de Toulouse : l'État prépare-t-il la vente de ses parts à l'actionnaire chinois ?

Matinale Carole Delga

Carole Delga s'est exprimée sur l'avenir de l'aéroport de Toulouse./ Rémi Benoit

Le lycée Gallieni de Toulouse

"À partir de la fin de l'année dernière, le climat s'est dégradé à cause du comportement de certains jeunes. J'ai demandé au ministère de l'Éducation Nationale de prendre la pleine mesure de la souffrance des professeurs et des élèves. Il faut être clair, c'est une minorité d'entre eux qui créé un climat d'insécurité, de violence et d'agressivité. Des mesures viennent d'être prises (un nouveau proviseur vient d'être nommé, ndlr).

Nous, la Région, en tant que propriétaire des lieux, nous avons pris nos responsabilités en installant 35 caméras de vidéo-surveillance. Au plus fort de la crise nous avons même mis des vigiles aux entrées du lycée mais aussi des patrouilles la nuit avec des chiens pour surveiller le lycée afin d'éviter de nouveaux problèmes".

La grogne des agriculteurs  :"Toutes ces manifestations auraient pu être évitées"

"Demain matin (vendredi 9 février, ndlr) avant d'aller à Matignon, je serais au ministère de l'Agriculture puisqu'on va nous présenter concrètement la nouvelle carte des zones agricoles défavorisées. Il semblerait que des communes soient réintégrées. Le combat été juste car l'enveloppe budgétaire de ces aides européennes allouées à la France est inchangée mais en Occitanie elle était en diminution.

J'avais dit au ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert, que l'Occitanie est l'une des régions les plus agricoles de France. Pourtant, on est la région où l'on a le revenu par agriculteur le plus faible de France. Alors ce n'est pas normal que notre région soit sacrifiée face à d'autres régions qui ont des revenus agricoles plus élevés.

Ces aides européennes sont faites pour compenser des handicaps naturels. Cette compensation est logique et elle représente 50 % des revenus des agriculteurs. Toutes ces manifestations auraient pu être évitées car cela faisait plusieurs mois que l'on prévenait le ministère de l'Agriculture sur le fait que cette carte était catastrophique. Cela fait plus de six mois que l'on travaillait avec lui sans aucune avancée".

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Commentaires 4
à écrit le 10/02/2018 à 20:03
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Ancien habitant de la région Languedoc/Roussillon, puis maintenant Occitanie, je viens de lire l'interview de la présidente Madame Delga, que je trouve très bien (et la femme politique, et l'interview). Juste la petite critique d'un des sous-titres (...

à écrit le 09/02/2018 à 18:17
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Madame la Présidente de la Région Occitanie, Monsieur le Président du Conseil Départemental, Mme Carole Delga, Monsieur Georges Méric, Je tiens tout particulièrement à vous remercier pour votre engagement et votre sincérité dans vos discours fa...

à écrit le 09/02/2018 à 15:22
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"car cela faisait plusieurs mois que l'on prévenait le ministère de l'Agriculture sur le fait que cette carte était catastrophique." Oui mais ça notre gouvernement est peu regardant en ce qui concerne ses "réformes", prenez celle des cartes grise...

à écrit le 08/02/2018 à 21:49
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J'ai voté madame Delga bien que je ne sois pas d'obédience socialiste. Je la remercie de son franc parlé, ce qui est malheureusement rare chez nos politiques. Soyons logique et ayons la parole libérée pour parler des vrais sujets et des vrais probl...

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