Les agriculteurs paralysent Toulouse contre la carte des futures zones agricoles défavorisées

Mobilisés contre la carte des futures zones agricoles défavorisées (ZAD), la FDSEA et les jeunes agriculteurs de la Haute-Garonne ont, comme ils l’avaient promis, manifesté mercredi 31 janvier paralysant le trafic routier toulousain. La circulation sur les périphériques et dans le centre-ville a été fortement perturbée tout au long de la journée.
Le périphérique toulousain a été bloqué toute la journée.
Le périphérique toulousain a été bloqué toute la journée. (Crédits : Rémi Benoit)

C'est la carte des futures zones agricoles défavorisées (ZAD) qui est au coeur de la grogne paysanne. Cette réforme européenne doit entrer en vigueur au printemps. La définition de ces "zones soumises à contraintes naturelles" (ZSCN) permet de prendre en compte les spécificités de certains territoires qui contraignent la production agricole et de donner accès à l'indemnité compensatoire de handicap naturel (ICHN). Ce futur zonage qui devrait réduire le nombre de communes éligibles à certaines aides européennes provoquera selon les organisations syndicales la faillite de nombreuses exploitations.

1 000 communes seraient concernées en Occitanie

Dès le lundi 29 janvier, les agriculteurs s'étaient mobilisés dans le Tarn et Garonne (82) après qu'une réunion de la commission nationale travaillant sur la révision de la carte des zones agricoles défavorisées avait eu lieu le vendredi 26 janvier à Paris. Selon les agriculteurs haut-garonnais, 1 000 communes d'Occitanie en aurait été exclues.

La présidente de la Région Occitanie, Carole Delga avait alors fait savoir qu'elle n'accepterait pas que sa région "soit la grande perdante de la future carte des zones agricoles défavorisées". L'élue avait déclaré :

"Nous poursuivons notre mobilisation sur ce dossier avec un objectif clair : obtenir le maintien de l'enveloppe globale allouée jusqu'à présent à notre région pour soutenir les agriculteurs installés dans des zones difficiles qui, je tiens à le rappeler, représentent aujourd'hui 85% de notre territoire. Je souhaite que le ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert, puisse rapidement nous apporter des éléments précis et rassurants sur cette question."

De son côté Vincent Labarthe, vice-président de la Région en charge de l'Agriculture, avait participé à la manifestation du 26 janvier organisée à Montauban et rappelé l'engagement de la Région : "La filière élevage est particulièrement menacée par la révision en cours alors que c'est justement une des forces et une des fiertés de notre agriculture ! La Région Occitanie est déterminée à faire front commun avec les professionnels qui sont très inquiets pour leur avenir".

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Les agriculteurs ont répandu des ballots de foin dans le centre-ville (Crédit : Rémi Benoit).

Georges Méric, le président du Conseil départemental de la Haute-Garonne a, quant à lui, interpellé par écrit Stéphane Travert, au sujet de ce projet qui "pénaliserait de nombreux exploitants haut-garonnais". Il a fait part de "son inquiétude" au ministre de l'Agriculture.

Selon lui, "le nouveau zonage présenté par le gouvernement en décembre 2017 impliquerait l'exclusion de près de 100 communes haut-garonnaises de ces zones défavorisées, alors que le département en avait déjà perdu 130 en avril 2017".

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Les agriculteurs ont pris d'assaut le périphérique dès l'aube (Crédit : Rémi Benoit).

Les inquiétudes sont les mêmes du côté des manifestants qui, à Toulouse ce mercredi 31 janvier, ont demandé qu'une discussion soit engagée avec le ministre de l'Agriculture. Pour se faire entendre, ils ont pris d'assaut les routes toulousaines dès l'aube. Tout a commencé à 6h30 avec l'arrivée d'environ 150 tracteurs de l'A64 depuis Tarbes et de l'A68 depuis Albi. Quatre convois se sont formés et les difficultés se sont ensuite étendues à plusieurs autres portions du périphérique toulousain.

À 8 heures, un barrage filtrant entre les sorties Soupetard (N°16) et Lasbordes (N°17) a été installé par les jeunes agriculteurs de la Haute-Garonne et la FDSEA, venus du Lauragais alors qu'un convoi menait une opération escargot sur le périphérique extérieur à hauteur de Sesquières.

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Les Toulousains bloqués sur la rocade (Crédit : Rémi Benoit).

Sur la RN124 et l'A624 en provenance du Gers depuis la Salvetat-Saint-Gilles, les axes desservant les usines Airbus et tout l'Ouest toulousain étaient eux aussi totalement saturés. Des pneus et de la paille ont été enflammés en plusieurs points sur le périphérique toulousain. Le périphérique est resté bloqué toute la journée en différents endroits.

Dans l'attente d'un engagement écrit, blocus sur le périph'

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Les tracteurs ont convergé vers le centre-ville dans l'après-midi (Crédit : Rémi Benoit).

Dans l'après-midi, plusieurs tracteurs ont convergé vers le centre-ville de Toulouse pour rejoindre la préfecture, où une délégation a été reçue peu avant 16h. A l'extérieur, place Saint-Étienne, les agriculteurs ont martelé qu'ils n'avaient plus rien à perdre et qu'ils ne bougeraient pas s'ils n'obtenaient pas gain de cause, à savoir, une réunion avec le ministre de l'Agriculture à Paris. "On a l'impression de parler dans le vide. Il nous faut des réponses rapides ou on ne bougera pas de là. Aujourd'hui en Haute-Garonne, notre action est une première mais on peut en faire beaucoup d'autres", prévient Amaury de Faletans, secrétaire général de la FDSEA 31 et céréalier à Cornebarrieu.

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Amaury de Faletans, secrétaire général de la FDSEA 31 (Crédit : Rémi Benoit).

45 minutes plus tard, la délégation sort de la préfecture de Région :

"On a obtenu des garanties de la part du préfet mais des garanties orales. Vendredi 2 février à 11 heures, une délégation Occitanie sera reçue au ministère de l'Agriculture à Paris. Nous avons exigé qu'une preuve écrite de ce rendez-vous nous soit apportée. En attendant qu'un communiqué de presse émanant de la préfecture ou du ministère soit réalisé, on ne bouge pas", a déclaré Christian Mazas, président de la FDSEA 31.

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Conférence de presse de la délégation paysanne à la sortie de la préfecture (Crédit : Rémi Benoit).

Dans les rangs des manifestants les réactions sont mitigées. Christian Mazas a alors lancé : "Ne partez pas en vous disant qu'on a pas avancé d'un pas, mais en vous disant qu'on avance pas à pas". Face à la presse, Guillaume Darrouy, responsable des Jeunes Agriculteurs 31 prévient :

"Quand je vois que les zadistes ont obtenu gain de cause à Sivens et Notre-Dame-des-Landes, je me dis que oui on pourrait les appeler à nous rejoindre si nous n'obtenons pas gain de cause. Nous, les réunions et les discussions on en a fait un paquet, la démocratie on connaît mais si ça ne doit servir à rien...".

Finalement, en attendant le fameux communiqué qui devrait tomber dans la soirée du mercredi 31 janvier, les agriculteurs ont mis le feu aux ballots de foin qu'ils avaient déposé rue de Metz, à proximité de le préfecture. Puis ils sont remontés dans leurs tracteurs et ont quitté le centre-ville pour rejoindre en cortège leurs collègues restés sur le périphérique toulousain.

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Commentaires 6
à écrit le 03/02/2018 à 14:23
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comment peut on laisser faire çà ! je suis scandalisé par la fait que ces types aient pu bloquer la 4 eme ville de France en tout impunité! Nos chers agriculteurs qui détruisent nos campagnes, nos nappes phréatiques, nos rivieres, nos abeilles, bref...

à écrit le 01/02/2018 à 11:45
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des manifestationss ont lieu en BRETAGNE ! et soutenus par la population voila ou mène cette politique qui gouverne sans le soutien le peuple... mais uniquement le soutien des (élites) qui se gavent.... mais pour combien de temps ? que font les j...

à écrit le 01/02/2018 à 11:44
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des manifestationss ont lieu en BRETAGNE ! et soutenus par la population voila ou mène cette politique qui gouverne sans le soutien le peuple... mais uniquement le soutien des (élites) qui se gavent.... mais pour combien de temps ?

à écrit le 01/02/2018 à 10:57
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L’État, qui n'est plus le peuple, est irresponsable parce que non souveraine et n'applique que les "recommandations" et les directives de Bruxelles, sous peine de sanction! Ce n'est qu'un fusible!

à écrit le 31/01/2018 à 19:28
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Pour manifester contre l'état la fnsea est toujours aussi motivée et virulente, mais pour manifester contre les actionnaires milliardaires de l'agro-alimentaire qui les décime, là il n'y a plus personne. Outre la compromission légendaire du syndi...

le 01/02/2018 à 10:21
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Vous melangez tout decidement. FDSEA et FNSEA, sont deux organismes #.

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