Prix des carburants : les agriculteurs vont bloquer une raffinerie à Toulouse

À l'appel du syndicat des Jeunes agriculteurs 31, les agriculteurs comptent bloquer la raffinerie de Lespinasse (Haute-Garonne) ce jeudi 17 février. En cause, la flambée des prix au litre du gazole non routier (GNR) utilisé pour les engins agricoles.
Les Jeunes Agriculteurs de Haute-Garonne se mobilisent face à une explosion des prix des carburants et des matières premières. Ils occuperont ce jeudi la raffinerie de Lespinasse toute la journée.
Les Jeunes Agriculteurs de Haute-Garonne se mobilisent face à une explosion des prix des carburants et des matières premières. Ils occuperont ce jeudi la raffinerie de Lespinasse toute la journée. (Crédits : Jeunes Agriculteurs 31)

Le gazole non routier (GNR) utilisé par les agriculteurs coûtait 80 centimes le litre hors taxes, fin mars 2021. Le 10 février dernier, le prix était de 1,14 euros. Une augmentation de plus de 40 % en moins d'un an, lourde et conséquente pour les exploitants.

C'est pourquoi ce jeudi 17 février, le syndicat des Jeunes agriculteurs de Haute-Garonne appelle à la mobilisation près de Toulouse, à la raffinerie de Lespinasse. Le syndicat haut-garonnais qui compte plus de 250 adhérents, et majoritaire à la chambre d'agriculture du département, espère réussir à mobiliser pour donner de la visibilité à leurs revendications.

"Nous nous mobilisons pour montrer notre inquiétude. Celle de jeunes agriculteurs qui voient le coût des matières premières augmenter et notamment le coût du GNR. C'est pour cela que le lieu choisi est la raffinerie de Lespinasse. Nous n'avons pas demandé de délégations pour ce rassemblement mais nous invitons les autorités à venir nous rencontrer", commente Elodie Doumeng, la présidente des JA31.

Une action de "communication" nécessaire selon Nicolas Ates, le secrétaire général des Jeunes agriculteurs 31. Quelques tracteurs, des bennes de fumier et de paille pourraient être déversés sur le bitume.

"Le but est de se rassembler à la raffinerie. Il y aura quelques tracteurs pour créer le blocage, mais après il n'y aura pas de blocages de voies publiques ni d'encombrement routier", précise Elodie Doumeng.

Plusieurs foyers de dépenses qui augmentent et pas que le GNR

Pour comprendre cette colère qui a mené jusqu'à cette mobilisation, il suffit de quantifier l'impact de la hausse des prix pour ces professionnels de la terre. "Une exploitation agricole nécessite entre 5 000 et 70 000 litres de GNR par an selon sa taille, je vous laisse imaginer le peu de bénéfices qu'il reste à l'exploitant agricole", commente Nicolas Ates. Surtout, cette hausse du prix du GNR se poursuit et elle vient s'ajouter à d'autres difficultés sur les épaules des agriculteurs.

Outre la hausse des prix des carburants, d'autres produits voient leur coût flamber. C'est le cas notamment des engrais avec une augmentation de x2,5 sur le prix initial. Conséquence, une tonne d'engrais est passée de 350 euros à 1.000 euros aujourd'hui. Concernant le matériel utilisé et les éventuelles opérations de maintenance ou réparation, l'augmentation se fait aussi ressentir et pèse sur les agriculteurs. Les concessionnaires se voient obligés d'augmenter leurs prix de +15% pour pallier cette hausse du coût des matières premières. Le prix des engins agricoles a aussi augmenté. "Un tracteur à 90.000 euros est vendu aujourd'hui 110.000, voire 120.000 euros", rapporte la présidente de Jeunes agriculteurs 31.

Son secrétaire général, Nicolas Ates, rappelle que le marché agricole est un marché mondial avec une politique agricole européenne. De ce fait, les agriculteurs n'ont donc pas la main sur leurs tarifs et ne peuvent compenser ces hausses.

"On ne peut pas claquer du doigt et vendre notre blé 20 euros de plus à la tonne", peste Nicolas Ates. "Nos marges n'augmentent pas", appuie quant à elle Elodie Doumeng.

Des revenus trop faibles pour les agriculteurs du département

Pour le moment, le cours des céréales a suivi lui aussi cette hausse des prix. Elodie Doumeng affirme qu'à l'été 2021 le blé s'est très bien vendu. Mais la situation pourrait rapidement évoluer. "On sait qu'un jour les prix vont rechuter", s'inquiète Nicolas Ates. Une situation critique car les 5.500 agriculteurs du département ne touchent en moyenne que 4.500 euros par an, soit 21.500 euros de moins que la moyenne nationale, selon le secrétaire général des JA31. Le département fait partie des "mauvais élèves" de l'Hexagone. Elodie Doumeng estime qu'il serait raisonnable de laisser les exploitants agricoles fixer eux-mêmes leurs prix face à cette flambée des coûts.

"On manque d'agriculteurs, le métier n'est plus attractif. Qui souhaite faire un métier sans visibilité en termes de revenus ? La situation est alarmante. C'est aujourd'hui compliqué pour un jeune de se lancer dans l'agriculture sachant qu'il n'a aucune visibilité sur son futur et qu'il voit les prix augmenter", souligne la présidente des JA31.

"C'est un métier que l'on exerce par passion, conviction, envie et traditions familiales", conclut Nicolas Ates. "Mais avec 4.500 euros par an, demain, on aura du mal à renouveler les générations et la transmission ne pourra pas s'effectuer. Si les matières premières continuent d'augmenter, un jour, il n'y aura plus d'agriculture en Haute-Garonne", s'inquiètent Elodie Doumeng et Nicolas Ates.

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