Quelques jours après la cessation immédiate d'activité prononcée par le tribunal de Toulouse et à l'avant-veille d'une nouvelle manifestation de soutien le 1er décembre, la fonderie SAM a connu un nouvel événement important avec la venue de Carole Delga, la présidente socialiste de la région Occitanie.
"La décision du tribunal est rude mais nous devons continuer à travailler pour l'avenir de la SAM et du bassin industriel de Decazeville (...) L'objectif reste de sauver les emplois de la SAM et développer les emplois sur le bassin de Decazeville (...) La SAM a un avenir et doit avoir un avenir", a-t-elle notamment déclaré aux 350 salariés, lundi 29 novembre, à l'issue d'une rencontre sur place avec les élus locaux et les représentants syndicaux.
Pour mémoire, la Société aveyronnaise de métallurgie a fait l'objet d'une telle mesure de la part du tribunal suite à la décision du constructeur automobile Renault, l'unique client du site industriel, de ne pas soutenir le projet de reprise du groupe Alty, détenteur de la fonderie Sifa. Depuis mi-septembre, la fonderie aveyronnaise était placée en liquidation judiciaire avec poursuite d'activité.
Dès lors, dans les jours à venir, les salariés devraient recevoir les premières lettres de licenciement, avant le déblocage en parallèle d'indemnités et de budget de formation, en attendant des jours meilleurs... En déplacement à Toulouse samedi 27 novembre, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a reconnu que l'épilogue de ce dossier était "un échec", avant de laisser une note d'espoir aux salariés du site.
"Nous ne laisserons pas tomber les salariés et ce n'est pas parce que la SAM ferme que le site industriel doit fermer", a-t-il affirmé à la presse.
"Plusieurs contacts" avec des "investisseurs"
Depuis la décision du tribunal de commerce de Toulouse, les échanges sont réguliers entre Carole Delga et le ministre de l'économie, mais aussi avec la ministre déléguée à l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher. Pour le trio, qui semble acter la fin de l'histoire de la SAM, il mise en revanche sur une renaissance industrielle du site, avec certainement une nouvelle entité juridique, mais aussi de nouveaux investisseurs.
"Je me bats pour que cette fonderie continue à produire des pièces et pour que nous aidons d'autres entreprises du bassin de Decazeville qui ont des projets de développement", a ainsi clairement fait savoir Carole Delga face au personnel du site réunit dans un entrepôt.
Pour favoriser "cette seconde vie", le trio compte donc bien obtenir de Renault, en plus d'une enveloppe financière dédiée aux indemnités pour chaque salarié, un montant d'investissement sur le site si un projet de reprise venait à se concrétiser dans les prochains mois. D'ailleurs, le conseil régional d'Occitanie fait savoir que des échanges sont en cours avec des investisseurs et des entrepreneurs intéressés pour monter des projets de reprise. "Nous avons plusieurs contacts que je ne peux divulguer pour le moment car ils ont demandé à pouvoir travailler sereinement, dans la discrétion", précise Carole Delga. Il y a quelques jours - alors que tous les espoirs étaient encore placés dans l'offre du groupe Alty - une fonderie lotoise, Diace Société, est venue visiter l'usine et rencontrer les salariés.
"J'espère que sur le premier semestre 2022, nous pourrons apporter des éléments très concrets aux salariés. Je sais que c'est loin mais je ne suis pas là pour mentir aux salariés, sachant que cela ne dépend pas que de moi, mais surtout du marché et des investisseurs", a précisé à la presse Carole Delga, à l'issue de sa visite à la SAM.
Plusieurs axes de travail pour faire renaître la fonderie SAM
Mais quoi qu'il arrive, il est hors de question de reproduire les mêmes recettes qui ont conduit à ce résultat clame-t-on dans les rangs syndicaux. "Renault a imposé que nous ne travaillons que pour eux, on voit le résultat", peste David Gistau, salarié chez la SAM depuis 31 ans et secrétaire départemental de la CGT en Aveyron.
Bien que l'industrie automobile semble un débouché indispensable pour ce site industriel, le conseil régional d'Occitanie veut travailler avec les élus locaux et les représentants du personnel pour orienter le site également vers la mobilité décarbonée et surtout la filière aéronautique. En marge du sommet Aéro'Régions, organisé chez Airbus à Toulouse, jeudi 18 novembre, par le GIFAS et l'association Régions de France présidée par Carole Delga, celle-ci a évoqué l'avenir de la SAM avec Guillaume Faury, le patron de l'avionneur Airbus et nouveau président du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales. "Depuis 10 jours, nous avons un nouvel élément de contexte avec les 406 avions Airbus commandés et officialisés au Dubaï AirShow", ne cache pas l'élue régionale.
Avant l'annonce du plan social de 700 emplois au sein de l'usine Bosch de Rodez, c'est aussi cette stratégie de diversification du site vers l'aéronautique que Carole Delga avait proposé au groupe allemand, sans succès. Néanmoins, dans le dossier SAM, le contexte est différent, et la collectivité semble avoir davantage de poids et d'écoute de la part des autres protagonistes. Surtout, elle ne ferme pas la porte à de nouveaux soutiens financiers (subventions, prêts et prise de capital) aux futurs investisseurs après avoir promis plus de trois millions d'euros d'aides à l'offre du groupe Alty, rejetée par Renault et le tribunal de commerce de Toulouse il y a quelques jours. "La partie n'est pas perdue même si le coup est rude", a répété Carole Delga à la fin de son intervention devant les salariés.
Enfin, des salariés de la SAM pourraient trouver des opportunités d'emploi sur d'autres entreprises du bassin. À quelques kilomètres de là, l'entreprise SNAM a crée la société Phénix, dont le projet est de fabriquer des batteries neuves pour le stockage de l'énergie électrique, à partir de matériaux recyclés à 80%. En quelques années, plusieurs dizaines d'emplois pourraient ainsi voir le jour non loin de la fonderie aveyronnaise, selon les projections des dirigeants de la nouvelle structure qui ont accueilli le conseil régional dans leur capital.
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