Spatial : Aldoria et Latitude s'allient pour protéger les lanceurs des débris

Face à la prolifération des débris spatiaux, même les lanceurs commencent à se prémunir des risques de collision. Le pépite rémoise Latitude a profité du salon de Colorado Springs pour s'adjoindre les services de la startup toulousaine Aldoria afin de sécuriser la trajectoire du lanceur et la mission des satellites à bord.
Face à la prolifération de débris spatiaux, même les lanceurs commencent à se prémunir des risques de collision
Face à la prolifération de débris spatiaux, même les lanceurs commencent à se prémunir des risques de collision (Crédits : NASA)

Avec l'explosion du NewSpace, l'orbite basse devient de plus encombrée et devrait atteindre 40.000 satellites en 2030, contre près de 9.000 aujourd'hui. Cette prolifération fait poindre le risque de collision dans l'espace alors que l'agence spatiale européenne dénombre actuellement 36.000 débris de plus de dix centimètres.

Face à ces enjeux colossaux, le segment de la surveillance de l'espace est en pleine effervescence. La startup toulousaine Aldoria (ex-Share My Space) qui a levé 10 millions d'euros en début d'année, entend déployer un réseau de douze stations de surveillance optique réparties sur quatre continents d'ici fin 2025. La jeune pousse a développé par ailleurs un système d'information orbital qui cartographie en temps réel les objets en orbite. Preuve de l'importance de la menace, son outil, qui a généré 230.000 mesures sur 5.000 objets au cours de l'année 2023, a anticipé 30 millions de rapprochements entre objets spatiaux et alerté en cas de besoin les opérateurs de satellites. Rien que Starlink, la constellation de SpaceX a recensé 25.000 manoeuvres anticollision en six mois sur ses satellites.

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Latitude et Isar Aerospace équipés

Au-delà des satellites, les lanceurs commencent également à se prémunir contre les risques de collision. Aldoria a annoncé au cours du salon spatial de Colorado Springs aux USA la signature d'un partenariat avec la pépite rémoise Latitude. La société toulousaine viendra sécuriser le premier lancement test et le premier lancement commercial du lanceur à haute cadence Zephyr, prévus respectivement pour fin 2025 et 2026, en analysant la trajectoire pour éviter tout risque de collision lors de la phase ascendante mais aussi lors des manœuvres de désorbitation du second étage.

« Le risque de collision avec un lanceur reste mesuré et n'atteint pas le niveau d'urgence actuel sur les satellites. Mais l'idée de ce partenariat est d'investir dès maintenant pour  développer ces technologies pour avoir un temps d'avance et pouvoir assurer à nos clients que tout se passe bien pour leur satellite durant la phase ascensionnelle. Nous pourrons également proposer directement à nos clients les services d'Aldoria pour la protection de leurs satellites durant leur mission », indique Stanislas Maximin, PDG de Latitude.

Aldoria compte déjà parmi ses clients l'Allemand Isar Aerospace qui développe également un mini-lanceur. « Nous nous engageons pleinement à faire en sorte que les véhicules spatiaux de nos clients n'entrent pas en collision avec des objets orbitaux connus, et ce avec un impact minimal sur la mission. Cela rassure toutes les parties prenantes sur le risque perçu, et évite de polluer l'espace », commentait alors Romain Lucken, PDG de Share My Space,

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Ce type de services va-t-il bientôt devenir un passage obligé pour les fabricants de lanceurs ? « Nous espérons que cela devienne un standard, il en va de la responsabilité sociétale et écologique de chacun des acteurs étant donné que le nombre de satellites envoyés en orbite va continuer à augmenter dans les années à venir. Il y a un manque de responsabilité réelle aujourd'hui des opérateurs de lancement qui ne prennent pas en compte l'impact de leur lanceur en orbite et notamment de leur second étage qui devient un débris de plus », estime Stanislas Maximin dont la société a opté pour une désorbitation du second étage.

Âpre concurrence sur la surveillance de l'espace

Dans ce marché de la surveillance de l'espace, Aldoria n'est pas seul. La société doit faire face à la concurrence notamment de l'Américain Leo Labs, qui a un train d'avance en ayant déjà déployé un réseau mondial de radars. En France, Safran déploie avec le service WeTrack des capteurs radiofréquences pour analyser les signaux émis par les satellites et ArianeGroup mise sur un réseau de télescopes pour surveiller le trafic croissant de satellites. Pour sa part, Aldoria entend marquer sa différence sur le territoire européen en optant pour une approche multi-capteurs en mixant à la fois sur son réseau des stations multi télescopes et les algorithmes qui alimentent son système d'information orbital. Pour varier encore davantage les sources de données, Aldoria va investir en R&D pour développer également des technologies infrarouges de surveillance de l'espace.

Au-delà de la précision de prédiction des risques de collision, la bataille entre ces acteurs pour la surveillance de l'espace se jouera aussi sur la capacité à détecter les débris de plus en plus minuscules qui encombrent l'espace et qui pourraient avoir des effets dévastateurs sur les satellites en orbite.

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