La CGT peut-elle reconquérir Airbus à l'occasion des élections professionnelles du 21 novembre prochain ? Chez l'avionneur européen, Force ouvrière s'est largement imposé en tête avec plus de 41 % des suffrages lors des dernières élections, devant la CFE-CGC (34 %) et la CFTC (13 %). La CGT n'est que le quatrième syndicat du groupe avec un peu plus de 11% et figure même en dessous du seuil de représentativité sur Airbus Avions.
50.000 nouvelles adhésions en France depuis la réforme des retraites
Mais le syndicat croit à une nouvelle dynamique, surtout depuis la réforme des retraites, comme l'a martelé Sophie Binet, la nouvelle n°1 de la CGT à l'occasion de sa première venue à Toulouse ce mardi pour rencontrer les salariés d'Airbus.
« Dans la foulée de la mobilisation contre la réforme des retraites, la CGT a enregistré plus de 50.000 nouvelles adhésions. Rien que sur Airbus, plus de 50 nouvelles et nouveaux syndiqués sont arrivés, beaucoup d'ingénieurs d'ailleurs qui ont fait le choix de se syndiquer à la CGT. Comme dit notre slogan, c'est n'est qu'un début, continuons le combat. Nous voulons avec ces élections professionnelles multiplier les implantations syndicales », a scandé Sophie Binet, quelques jours après avoir milité pour la fabrication d'une voiture électrique à Blanquefort, en Gironde.
À cette dynamique de la réforme des retraites, s'ajoute pour la CGT des résultats encourageants obtenus en mars dernier, alors que le syndicat présentait pour la première fois une liste chez Airbus Opérations lors des élections du CSE et que celle-ci a réalisé 25% des voix.
Peser davantage sur les négociations de salaires
« Les élections professionnelles du mois de novembre seront importantes pour la CGT pour davantage peser lors des négociations dans l'entreprise. Notre syndicat veut présenter une alternative pour accroître le rapport de force au sein de l'entreprise », fait valoir Patrice Thébault, délégué syndical CGT Airbus. Même si l'avionneur a consenti en 2022 à la plus forte hausse de salaire depuis 20 ans au sein de l'entreprise et l'une des plus importantes du secteur aéronautique et versé ensuite une prime inflation à ses collaborateurs, le syndicat estime aujourd'hui que l'ensemble de l'impact de la hausse des prix n'a pas été intégralement prise en compte par le groupe. « Nous avons avec Airbus l'exemple d'une entreprise qui est extrêmement profitable avec un carnet de commandes rempli pour les dix prochaines années et qui a augmenté massivement le montant du dividende distribué à ses actionnaires alors que dans le même temps les salaires ont baissé de 4 à 8% rapporté à l'inflation », argue Sophie Binet.
Au-delà des salaires, la CGT entend reconquérir Airbus pour obtenir de nouveaux droits syndicaux. « Lorsque l'on compare Airbus et des autres entreprises proches, notamment Thales et Safran où la CGT est beaucoup plus forte, les grèves ont permis d'obtenir des départs anticipés pour pénibilité qui n'existent pas ici à Airbus », considère la secrétaire générale de la CGT. Après l'automobile en Gironde et l'aéronautique avec Airbus, Sophie Binet va poursuivre dans les prochains jours son tour de France dans l'optique de faire progresser le syndicat à l'échelle nationale, notamment « dans les déserts syndicaux alors que 40% des salariés du privé sont dans une entreprise sans syndicat », conclut-elle.
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