Aéronautique : le petit poucet espagnol CT Ingénierie veut gagner du terrain à Toulouse

Après une décennie de discrétion, la société espagnole CT Ingénierie compte plus que doubler son effectif et son activité d'ici 2030 à Toulouse. Une taille critique qui doit lui permettre de maintenir son statut de fournisseur de rang 1 d'Airbus et de conquérir aussi Safran, Thales, Dassault tout en restant attractif pour les candidats face aux mastodontes de l'ingénierie.
CT Ingénierie veut plus que doubler son effectif et son activité d'ici 2030 à Toulouse.
CT Ingénierie veut plus que doubler son effectif et son activité d'ici 2030 à Toulouse. (Crédits : CT Ingénierie)

Au début de l'été, Daher a confirmé son rachat d'AAA pour s'imposer dans les services industriels, Akka Technologies a intégré en 2021 le groupe Adecco, sans compter Altran qui a rejoint depuis trois ans le giron de Capgemini pour former un géant de 250.000 collaborateurs... Face à cette consolidation en France des leaders de l'ingénierie, la société espagnole CT Ingénierie fait figure de petit poucet du marché.

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Boulimie d'acquisitions

Fondée en 1988 à Madrid (sous le nom CT Ingenieros) par Jesus Prieto, l'entreprise a grandi sur le sol espagnol avec pour principal client Airbus. Mais dans les années 2000, alors que l'avionneur européen massifie ses activités, pour rester fournisseur d'Airbus, l'Espagnol commence à se muer en société internationale pour être présente sur tous les différents sites Airbus. CT Ingénierie a alors réalisé une série d'opérations de croissance externe dont la première à Toulouse avec l'acquisition de Medicis Aerospace en 2010 puis Corse Études près de Marseille, et Arco Marine à Saint-Nazaire et Bertin ingénierie en région parisienne. Sur les trois dernières années, l'entreprise a racheté Mer Forte, le bureau d'études de Michel Desjoyeaux basé à Concarneau et le Savoyard InfoDream. Le groupe a mené en parallèle des opérations de croissance externe en Angleterre et en Allemagne. Aujourd'hui, CT Engineering regroupe 2.000 personnes dans le monde dont 400 en France pour un chiffre d'affaires global de 140 millions d'euros.

À Toulouse, CT Ingénierie est positionné principalement sur les environnements propulsifs, que ce soit sur la partie structure des moteurs que sur la partie systèmes puisque ce segment pèse 80 % de son chiffre d'affaires. Airbus représente 70% de son activité dans la Ville rose mais l'Espagnol dispose aussi d'une équipe d'une quinzaine de personnes basée au CNES et travaille par ailleurs pour ArianeGroup.

30 millions d'euros et 300 personnes à Toulouse visés en 2030

Relativement discrète pendant une décennie, CT Ingénierie compte plus que doubler son effectif et son activité d'ici 2030 à Toulouse sous l'impulsion de Gabriel Girardin, directeur régional de la société, qui a succédé au fondateur de la société originelle en juin 2022.

« Si le site de Toulouse n'atteint pas une certaine taille critique, notre société risque d'être reléguée en rang 2 d'Airbus. Mon rôle est vraiment de gérer cette croissance et d'augmenter les effectifs. Nous sommes actuellement 130 salariés à Toulouse et l'objectif est d'atteindre 150 collaborateurs à la fin de l'année puis d'être à peu près 200 en 2024 et enfin environ 300 personnes sur site en 2030. Le projet est d'amener le chiffre d'affaires de 12,5 millions d'euros en 2023 à 30 millions en 2030 », indique le dirigeant.

Pour y parvenir, CT Ingénierie compte sur la croissance attendue des cadences d'Airbus mais aussi son intégration chez Safran, Thales, Dassault et ATR. « Nous voulons aussi nous diversifier au-delà du secteur car on sait qu'un cycle aéronautique dure en moyenne entre trois et cinq ans. L'idée est également de miser sur des périmètres historiques en Espagne qui ne sont pas exploitées en France. CT Engineering est par exemple un leader en matière de services à la supply chain en Espagne pour gérer la livraison en temps et en heure des pièces nécessaires notamment en période de remontée des cadences », poursuit Gabriel Girardin.

CT Ingénierie a investi 250.000 euros pour réaménager ses locaux à Colomiers, situés à proximité du siège d'Airbus Atlantic et qui seront inaugurés dans les prochains mois.

Miser sur l'entreprise à taille humaine pour recruter

Face aux mastodontes de l'ingénierie, CT Ingénierie estime que sa petite taille est justement son principal atout pour attirer les candidats.

« Le fait d'être petit est un inconvénient par rapport au marché et à la massification. Mais en revanche c'est un réel avantage par rapport à l'attractivité des ressources car nous sommes une structure à taille humaine. Nous avons eu un taux de turnover de plus de 60% l'année dernière qui est essentiellement dû à un changement de management.

Aujourd'hui, nous avons recréé une ambiance, refait complètement les bureaux en faisant appel notamment à des experts du feng shui, acquis des surfaces complémentaires de telle manière à ce que tout le monde puisse trouver sa place. Et depuis quelques temps, nous commençons à recevoir des candidatures de profils par recommandation des salariés. Et donc, c'est très positif », détaille le directeur régional.

La société recherche à Toulouse notamment des profils en matière de manufacturing engineering, des chargés d'affaires outillage, des designers, des ingénieurs pour de la thermodynamique. Au-delà du bouche à oreilles, CT Ingénierie espère gagner en notoriété après avoir investi des réseaux comme le cluster Totem ou le pôle de compétitivité Aerospace Valley.

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