Whylot veut attirer dans le Lot pour porter sa révolution du moteur électrique haut rendement

Face à l'explosion annoncée du marché des voitures électriques, la société Whylot va lancer une extension d'usine de 2.300 m2 dans l'optique de démontrer l'industrialisation des moteurs électriques à haut rendement qu'elle développe avec Renault. Pour attirer dans le Lot les talents nécessaires à sa croissance, la PME a imaginé avec le Grand Figeac des bureaux en pleine forêt.
Romain Ravaud a fondé Whylot.
Romain Ravaud a fondé Whylot. (Crédits : Frédéric Scheiber)

L'Union européenne a entériné en mars dernier la fin des moteurs thermiques dans les voitures neuves à partir de 2035, la voiture électrique est appelée à devenir le nouveau standard. Bien avant cette réglementation européenne, dans le Lot, la société Whylot s'est lancée dans le développement de moteurs électriques à haut rendement. « Les gens n'y croyaient pas, ils se disaient à quoi ça sert de viser des rendements massifs sur les moteurs. Et puis aujourd'hui chaque 0,1 % de rendement représente un énorme impact sur l'environnement », retrace Romain Ravaud, décoré ce vendredi de l'Ordre National du Mérite.

Titulaire d'un master de recherche en acoustique fondamentale et d'une thèse en mécatronique, le jeune Bourguignon a d'abord connu des débuts fulgurants dans la recherche. En 2011, il reçoit même le Scopus Award France, qui récompense le chercheur français ayant publié le plus grand nombre d'articles scientifiques de rang A, toutes disciplines confondues. À l'issue de ce parcours universitaire brillant, il a décidé de mettre le cap sur le Sud-Ouest pour fonder, avec deux anciens dirigeants de Ratier Figeac, la startup Whylot.

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La société Whylot emploie une quarantaine de salariés à Cambes dans le Lot. (Crédits : Frédéric Scheiber).

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Des moteurs plus légers et plus économes en énergie

Implantée au cœur de la Mecanic Vallée, à Cambes dans le Lot, la jeune société s'appuie sur une R&D ultraperformante, avec pas moins d'une quarantaine de brevets déposés depuis sa création pour s'imposer dans la conception de systèmes électriques et notamment les moteurs électriques à flux axial.

Aujourd'hui, les voitures électrifiées sont équipées de moteurs à flux radial dont l'architecture assure un meilleur rendement. Différent géométriquement, le moteur à flux radial chauffe vite et nécessite un système de refroidissement complexe. Whylot, qui travaille sur le sujet depuis plus de dix ans et qui a déposé près de 45 brevets, aurait trouvé une solution à cette problématique. Plus compact et facilement intégrable aux véhicules, son moteur à flux axial est réalisé en matériau composite ce qui réduit le phénomène d'échauffement et dissipe mieux la chaleur.

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Whylot veut s'imposer sur les moteurs électriques à flux axial (Crédits: Frédéric Scheiber).

Cette technologie sera appliquée aux groupes motopropulseurs électrifiés et électriques du constructeur Renault qui est devenu actionnaire minoritaire de Whylot en 2021 (avec 21% des parts). Sur les modèles hybrides, l'industriel annonce « une réduction des coûts et des émissions de CO2 de 2,5 g/km ». Le groupe français sera ainsi le premier constructeur généraliste à produire un moteur électrique à flux axial à grande échelle.Moins volumineux, ces moteurs affichent un rendement énergétique de 97 %, là où les moteurs classiques utilisés dans l'industrie sont de gros consommateurs d'énergie avec un rendement moyen de 60 à 70 %.

Jusqu'ici, le principal concurrent de Whylot au niveau mondial sur ce type de moteur électrique à flux axial était la société britannique Yasa qui a été rachetée par Mercedes en 2021.

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800 moteurs électriques par an pour des marchés de niche

À l'étroit dans ses 1.500 m2 d'usine, la société Whylot vient de lancer une extension de 2.300 m2 dans l'optique de démontrer l'industrialisation des moteurs électriques à haut rendement qu'elle développe avec Renault.

« Nous mettons au point des moyens industriels, notamment des machines, pour démontrer que nos moteurs peuvent être produits à grands volumes », avance Romain Ravaud.

Whylot ne compte pas produire lui-même en très grandes séries ses moteurs. « Nous nous voyons comme un centre européen de développement avec cette stratégie de nouer des partenariats avec des industriels. Nous travaillons déjà avec les sociétés de la Mecanic Vallée qui nous fournissent des pièces pour des prototypes », ajoute le dirigeant.

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Whylot va passer d'une usine de 1.500 m2 à 3.800 m2. (Crédits : Frédéric Scheiber)

Pour autant, l'usine agrandie disposera d'une capacité totale de 800 moteurs électriques par an. « Cette production pourra être mise au service de marchés de niche pour tous les secteurs de la mobilité durable au-delà de l'automobile », précise le chef d'entreprise. La société planche déjà depuis plusieurs années sur un projet de motorisation pour l'aéronautique. Whylot aurait contractualisé avec un leader du marché aéronautique afin de travailler sur un futur avion électrique.

Le projet industriel de Whylot s'inscrit dans un programme d'investissements de 12 millions d'euros pour lequel l'entreprise a été lauréate d'un appel à projets France Relance de plus de cinq millions d'euros.

La société, qui emploie actuellement 44 salariés, prévoit d'importants recrutements dans les années à venir. « D'ici fin 2024, nous serons 70 et un an plus tard entre 80 et 100 personnes, ce qui veut dire une soixantaine d'emplois supplémentaires dans les deux prochaines années », calcule Romain Ravaud.

Des bureaux en pleine forêt pour attirer les talents

La société est en quête notamment d'ingénieurs et de chercheurs, des profils très demandés. Pour attirer dans le Lot les talents nécessaires à sa croissance, la PME a imaginé avec le Grand Figeac un projet de Naturelab, des bureaux en pleine forêt. Whylot recevait ces dernières années des CV de jeunes cadres intéressés pour venir se mettre au vert. « Les candidats sont en quête de sens. L'idée était de proposer en plus de l'extension classique de l'usine, des bureaux hors les murs », observe Romain Ravaud.

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« L'idée est de mettre en place une zone d'activité qui a des caractéristiques tout à fait particulières parce qu'elle est installée dans la forêt sans jamais perturber les éléments d'équilibre de la nature, à savoir pas de piétinement au sol avec la création de passerelles ad hoc », décrit Vincent Labarthe, président de la Communauté de Communes et vice-président de la Région Occitanie.

Le budget du projet, soutenu par le Grand Figeac et la Région Occitanie, est en cours de finalisation. Outre Whylot qui devrait pouvoir faire travailler dans cet espace privilégié une dizaine de collaborateurs, l'ambition du programme est d'accueillir des salariés d'autres sociétés sous la forme d'une pépinière d'entreprises dans un cadre unique en son genre.

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