Mistral part à la conquête de nouveaux marchés dans le spatial et les drones

Mistral vient de réunir au sud de Toulouse ses filiales Boréal (drone grande élongation) et M3 Systems (navigation par satellite) et a ouvert un site pour attirer les ingénieurs dans le centre-ville de la Ville rose avec l'ambition de recruter une dizaine de personnes en 2023. Le groupe profite de cette réorganisation pour viser de nouveaux marchés : la surveillance de la pêche illégale par drone et la détection de signaux anormaux à proximité des satellites de navigation.
(Crédits : Boreal)

Vingt ans après la création de M3 Systems à une trentaine de kilomètres au sud de Toulouse, le groupe Mistral vient d'opérer une restructuration majeure de ses activités. Son site historique de 350 m2 à Lavernose-Lacasse regroupe depuis le début du mois les équipes de Boréal, startup rachetée par Mistral en 2015 et jusqu'ici basée à Castanet, qui a mis au point un drone capable de voler sur 800 km avec huit heures d'autonomie.

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Sur place, Boréal pourra accéder aux laboratoires de M3 Systems depuis lesquels la société teste des récepteurs GPS qui équipent les voitures et les trains. M3 Systems compte parmi ses clients les grands constructeurs automobiles (Stellantis, Renault-Nissan) et des acteurs ferroviaires (SNCF en France et Hitachi au Japon). Une filiale de M3 Systems en Belgique a aussi été créée en 2005 pour répondre à un contrat d'Eurocontrol, l'organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne, avec le développement d'algorithmes pour améliorer les flux aériens dans les aéroports.

De nouveaux locaux en plein cœur de Toulouse pour mieux recruter

Le second volet de cette réorganisation s'est traduit par la création en janvier dernier d'un site dans le centre ville de Toulouse dédié aux activités d'ingénierie du groupe. M3 Systems a fourni toute une série d'études pour les agences spatiales (CNES, ESA) dans le cadre du déploiement de Galileo, l'alternative européenne au GPS américain.

« Aujourd'hui, il est assez difficile de recruter loin de Toulouse. Le site de Lavernose-Lacasse est très agréable puisqu'il est situé en pleine campagne, mais nous avons des difficultés à attirer les jeunes. Nous avons donc décidé d'ouvrir des locaux en plein cœur de Toulouse pour attirer des ingénieurs », explique Marc Pollina, PDG du groupe.

En forte croissance, Mistral, qui emploie aujourd'hui 40 salariés, compte embaucher une dizaine de personnes supplémentaires sur l'année 2023.

Détecter les perturbations du GPS depuis l'espace

Le groupe profite également de cette réorganisation pour viser de nouveaux marchés. Très implantée dans l'automobile et le ferroviaire, M3 Systems compte s'imposer davantage auprès des industriels du spatial en se positionnant sur le segment en plein essor de la surveillance de l'espace. Le début de la guerre en Ukraine a été marqué par une attaque sur l'entreprise américaine de télécommunications par satellite Viasat. Ces menaces croissantes en orbite planent aussi au-dessus des satellites de navigation GNSS (comme l'Américain GPS ou l'Européen Galileo) dont le rôle est crucial dans nos sociétés. La société est en train de développer une solution de détection de signaux anormaux à proximité de ces satellites de navigation.

« Aujourd'hui, ces signaux sont devenus très importants pour beaucoup d'applications et sont sujets à beaucoup d'interférences radio, de perturbations involontaires des signaux ou volontaires pour des raisons militaires ou liées à des activités illégales. L'idée, c'est d'amener l'intelligence au plus près du capteur pour enregistrer et analyser des signaux GPS à partir de l'espace de façon à détecter directement des anomalies », avance Marc Pollina.

M3 Systems va déployer une première application sur un satellite de Loft Orbital dans le cadre d'un projet soutenu par la Région Occitanie via le plan de relance.

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Un drone contre la pêche illégale

De son côté, Boréal va cibler une nouvelle application de son drone grande élongation. Ce dernier avait déjà été utilisé par Météo-France pour embarquer un capteur capable de mesurer les turbulences de l'air dans les zones de formation des cyclones. Lors d'une première expérimentation menée sur l'île de la Réunion, le drone était parvenu à voler à 260 kilomètres des côtes. Pour sa part, l'Onera a utilisé le drone notamment pour des essais de capteurs au-dessus de la forêt.

Boréal porte désormais un projet de surveillance par drone des zones de pêche illégale pour le compte de la préfecture de Guyane.

« L'intérêt du drone c'est qu'il va coûter moins cher qu'un vol d'hélico. Il peut rester en opération pendant six à sept heures avec la capacité de transmettre des images et de la vidéo en temps réel. Cela permet d'avoir une vue assez précise des activités menées à bord du bateau. Il est possible aussi de discerner la plaque d'immatriculation du bateau et la transmettre instantanément en préfecture pour intervenir si besoin », résume Marc Pollina.

Pour continuer à grandir, le groupe, qui a réalisé 3,5 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022, envisage des partenariats entre Boréal et d'autres acteurs du drone.

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