Réemploi : la coopérative Merci René lève un demi-million et veut essaimer dans toute la France

À Toulouse, Merci René commence à prendre son envol. Cette coopérative fait le lien entre les acteurs du réemploi (ressourceries, recycleries, artisans...) et les entreprises et collectivités qui veulent réaménager leurs locaux avec des meubles d'occasion et une moindre empreinte environnementale. Le concept a déjà séduit la Maif, Pierre et Vacances ou encore le groupe des Chalets. Il n'est que renforcé par l'inflation et les pénuries d'approvisionnement dans le monde.
Merci René a aménagé notamment un centre d'appels de la Maif.
Merci René a aménagé notamment un centre d'appels de la Maif. (Crédits : Merci René)

Une palette en bois fixée en haut de l'entrée d'un studio pour faire office de porte-bagages, une table et une chaise d'occasion, des matelas entièrement reconditionnés... il y a trois ans, la toute jeune coopérative Merci René accompagnait le groupe des Chalets pour aménager une résidence étudiante de 153 logements à Toulouse suivant les principes du réemploi et de l'économie circulaire.

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En 2019, un immeuble de bureaux au coeur de Toulouse a été transformé en une résidence étudiante de 153 logements, aménagée avec des meubles de seconde main. (Crédits : Florine Galéron)

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Occasion, surcyclage et neuf local

Fondée en 2018, la Scop a depuis bien grandi et vient d'annoncer avoir levé un demi-million d'euros pour accélérer son développement. Merci René a noué un solide réseau de partenaires (ressourceries, recycleries, artisans...) pour proposer aux entreprises et aux collectivités trois types de mobilier : du réemploi (des meubles d'occasion), du surcyclage (des meubles fabriqués à partir de matériaux de seconde vie) et des fabrications neuves à partir de matériaux locaux et d'artisans locaux.

« Aujourd'hui, il existe une multitude d'acteurs éparpillés dans toute la France qui ont chacun un bout de la solution pour favoriser l'économie circulaire. Notre métier, c'est de savoir assembler ces initiatives pour livrer une solution clé en mains à nos clients professionnels, y compris sur de grands projets. Il nous est déjà arrivé de faire appel à 25 partenaires sur un seul projet. Nos clients ne s'en sortiraient pas s'ils devaient coordonner tout ça par eux-mêmes. Il y a aussi tout un travail de sensibilisation autour de l'économie circulaire. Avant de se lancer, certains s'interrogent : Est-ce qu'une chaise d'occasion sera en bon état ? Quel style aura le rendu final, etc, » explique Olivier Hue.

Cet ancien Parisien a travaillé dix ans dans la communication pour de grands comptes (Accor, HSBC, Safran) avant de déménager à Toulouse. Une expérience dans le recyclage et la rencontre avec un architecte d'intérieur ont créé le déclic pour changer de vie.

La coopérative affiche déjà de solides références. Outre la résidence étudiante pour la Groupe des Chalets, Merci René a aménagé un centre d'appels pour la Maif, une Biocoop, une chocolaterie, un cabinet d'avocats mais aussi l'espace de coworking du Min Occitanie et doit s'attaquer à plusieurs résidences dans les Alpes du groupe Pierre et Vacances. Plusieurs lieux publics ont également fait appel à ses services comme la Maison des citoyens de Pibrac près de Toulouse et la maison de la montagne à Grenoble.

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Merci René a aménagé la Maison des citoyens de Pibrac, près de Toulouse. (Crédits : Rémi Benoit)

Avec sa levée de fonds, Merci René espère essaimer son modèle dans toute la France avec l'ambition de devenir « un référent national du réemploi ». L'équipe toulousaine de Merci René, actuellement composée de huit salariés, pourrait atteindre quinze personnes d'ici trois ans. La coopérative veut aussi créer une dizaine d'antennes régionales à l'horizon 2025 sous forme de franchise sociale.« C'est le même principe que la franchise mais avec un accent sur les valeurs sociales. Tout ne doit pas tourner vers le gain économique, il faut veiller à respecter des impacts qu'on recherche en termes d'économie circulaire et locale », commente Olivier Hue. Dès cette année, Lyon devrait accueillir la première franchise de Merci René et une deuxième verra le jour dans l'Ouest de France.

« Une inflation moins forte, voire inexistante »

La croissance de Merci René est également portée par le contexte mondial d'inflation et de pénuries d'approvisionnement.

« Durant le Covid, nous avons été capables de continuer à livrer des projets alors que d'autres étaient complètement à l'arrêt. Avant, on considérait qu'en raison de la fabrication locale le réemploi pouvait être plus long et plus coûteux que d'importer du mobilier de l'autre bout du monde. Mais aujourd'hui, ce constat s'est un peu inversé parce que l'inflation est moins forte, voire inexistante sur les produits qu'on utilise et que les délais d'approvisionnement sont raccourcis. Tout ce qui était un avantage avant dans le neuf est devenu une problématique. Ce qui veut dire qu'il y a d'autres avantages à faire du réemploi que simplement avoir bonne conscience. Ce contexte a accéléré le passage à l'acte des clients », constate le fondateur de Merci René.

À ce contexte mondial s'ajoute aussi un cadre réglementaire national favorisant les alternatives au mobilier neuf. La loi Ajec votée en 2020, prévoit ainsi de contraindre les acheteurs publics à acquérir entre 20 et 40% de biens issus du réemploi, de la réutilisation ou comportant des matières recyclées.

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