Toulouse accueillera le premier centre de contrôle aérien à distance de France

C'est une grande première en France. Le site de la DGAC à proximité de l'aéroport Toulouse-Blagnac sera bientôt doté d'un centre pour gérer le trafic aérien à distance. De premiers tests seront conduits à partir de 2024 avec l'aéroport de Tours et la Ville rose pourra à terme piloter cinq aérodromes régionaux.
La DGAC a confié à la société Frequentis l'installation à l'aéroport de Tours de la première Digital Advanced Tower (DAT) de France qui sera gérée à distance depuis Toulouse.
La DGAC a confié à la société Frequentis l'installation à l'aéroport de Tours de la première Digital Advanced Tower (DAT) de France qui sera gérée à distance depuis Toulouse. (Crédits : Frequentis)

Gérer à distance le trafic aérien d'un aéroport situé à plus de 500 km. Le scénario n'a plus rien de la science-fiction. La Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a décidé à l'été 2022 de confier à la société Frequentis l'installation à l'aéroport de Tours de la première Digital Advanced Tower (DAT) de France qui sera gérée à distance depuis le site de Toulouse-Blagnac.

Un mât équipé de 18 caméras

Affichant 150.000 passagers par an, l'aéroport de Tours accueille une seule compagnie aérienne, Ryanair, qui propose des vols vers Marseille, Londres ou Porto. Le contrôle aérien de l'ancienne base de l'armée de l'air française est géré par des militaires. Le retrait en 2021 des activités de l'armée a donné l'idée à la DGAC de mener une expérimentation inédite en France.

« Le site de la DGAC de Toulouse-Blagnac va accueillir le premier RTC (Remote Tower Center) de France. La société Frequentis sera chargée d'installer un mât équipé de 16 caméras pour recréer une vue à 360 degrés sur le terrain de Tours- Val de Loire qui sera le premier DAT (Digital Advanced Tower). Deux autres caméras de type PTZ vont permettre de zoomer très loin sur des points précis du terrain ou sur des avions qui font le tour de piste. De quoi offrir une meilleure vision que ce que perçoit actuellement l'oeil humain depuis une tour de contrôle.

Les images seront transmises vers le Remote Tower Center qui sera créé à Toulouse et qui sera capable à terme de gérer le trafic aérien de cinq aérodromes français », décrit Dominique Arnouil, chargé de mission au service de la navigation aérienne (SNA) Sud.

Un centre de 400 m2 pour gérer cinq aérodromes

Ce centre de contrôle d'un nouveau genre sera installé dans un bâtiment de la DGAC situé à proximité des pistes. « Il s'agit d'un ancien ancien garage que nous avons dû complètement rénover et les 400 mètres carrés disponibles à l'étage permettront d'accueillir cinq positions différentes ainsi qu'une grande salle technique », détaille-t-il. Le trafic aérien ne sera pas géré par les équipes en charge de l'aéroport Toulouse-Blagnac mais par les contrôleurs militaires de l'aéroport de Tours ayant accepté de se déplacer dans la Ville rose.

Pour sécuriser les transmissions et parer le risque de panne ou de cyberattaque, il est envisagé de doubler les liaisons« La politique de sécurité de la navigation aérienne est de doubler les systèmes opérationnels (normal/ secours comme par exemple la gestion de l'énergie, des  fréquences... etc ). Avoir plusieurs opérateurs réseau est également souhaitable, la probabilité d'avoir deux opérateurs en panne en même temps étant plus faible », rappelle Dominique Arnouil.

Les premières études vont commencer à partir de 2024. « Dans un premier temps, nous allons vérifier que l'image créée par la Digital Tower corresponde exactement à ce que le contrôleur voit. Nous allons aussi tester que la radio, la vision, les strips (informations de plans de vol), les mouvements sur le terrain ou encore les informations météo ainsi que l'environnement du contrôleur soient bien retranscrits », développe Dominique Arnouil.

La Suède, pionnière sur cette technologie

Si les tests sont concluants, charge ensuite à la DGAC d'acter la mise en service opérationnelle qui pourrait intervenir fin 2025-début 2026. Le centre de contrôle à distance pourrait d'abord être expérimenté uniquement sur les lignes commerciales puis étendu à l'ensemble du trafic IFR (selon les règles de vol aux instruments) et enfin accessible au trafic VFR (vol à vue pratiqué notamment par l'aviation de loisirs). En cas de succès, la DGAC pourrait créer d'autres centres de contrôle aérien à distance en France.

À l'étranger, de nombreux aéroports utilisent déjà cette technologie. La Suède a été le premier pays au monde à s'y mettre dès 2015 et compte désormais six aéroports équipés. C'est le cas aussi par exemple au Royaume-Uni de l'aéroport de London City. Depuis printemps 2021, la plateforme est contrôlée à distance via un centre situé à une centaine de kilomètres dans le Hampshire.

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Commentaires 5
à écrit le 16/01/2023 à 15:40
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Ce n'est pas un centre de contrôle, c'est une tour de contrôle...Les centres de contrôle contrôlent déjà "à distance" depuis des décennies.

à écrit le 14/01/2023 à 12:50
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Pour moi c'est une idée tordue, ça contribue à déshumaniser notre pays

à écrit le 14/01/2023 à 11:53
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Ce ne seront plus des avions mais des drones qui seront pilotés depuis le sol si ce n'est par le fameux I.A. ! ;-) Ayez confiance, on réduit... les finances !

à écrit le 14/01/2023 à 0:19
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Si le fonctionnement d'une telle délocalisation est efficace, pourquoi installer ce centre de contrôle dans une métropole ?? Le limousin, la dordogne par exemple (pour ne citer que la région Nouvelle aquitaine) ont bien besoin de redynamiser ses vill...

le 16/01/2023 à 14:19
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@Lyonnais, les enfants gâtés du contrôle aérien refuseraient.

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