Avec Pléiades Neo, Airbus veut s'imposer sur le marché des images très haute résolution

Le deuxième satellite de la constellation Pléiades Neo, développée par Airbus Defence & Space, vient d'être envoyé en orbite. Cette dernière offre une résolution de 30 centimètres qui permet au groupe européen de rivaliser avec le n°1 mondial américain.
De premières images de la Ville de Toulouse capturées par Pléiades Neo avec une résolution de 30 centimètres ont été dévoilées début août par Airbus.
De premières images de la Ville de Toulouse capturées par Pléiades Neo avec une résolution de 30 centimètres ont été dévoilées début août par Airbus. (Crédits : Airbus)

"La concurrence est vraiment ardue, mais les Toulousains tiennent leur rang pour aller prendre le leadership sur les marchés internationaux de l'observation de la terre. Ce business destiné à 80% pour l'export fait rayonner l'industrie toulousaine très largement au-delà de nos frontières", se réjouit François Lombard, directeur des activités Intelligence d'Airbus Defence and Space.

Après un premier lancement réussi en avril dernier, la fusée Vega a envoyé en orbite dans la nuit du 16 au 17 août depuis Kourou le deuxième satellite de la constellation Pléiades Neo. Développée par Airbus DS, cette dernière a la particularité d'offrir des images du sol avec une résolution de 30 centimètres par pixel sur une surface (fauchée) de 14 km, un record pour cette qualité d'image. De premiers clichés de Toulouse dévoilés par Airbus début août donnent un aperçu de la précision atteinte via ces nouveaux satellites.

De nouveaux services

Cette prouesse technologique alliée à de puissants algorithmes d'analyse d'images par intelligence artificielle permettra au groupe européen d'offrir à ses clients une manne d'informations supplémentaires. "Avec 30 centimètres de résolution, nous pouvons accéder à des détails de plus en plus stratégiques. Non seulement détecter un bateau mais identifier avec certitude le type de bateau, voire même via des bases de données précises identifier le bateau en question sur l'image", détaille François Lombard. Combinée avec la bande spectrale Deepblue, la constellation pourra également produire des images à quelques mètres sous l'eau. De quoi livrer des informations précieuses notamment sur les déchets plastiques en mer.

Lorsque la constellation sera au complet (les deux derniers satellites seront envoyés mi-2022), Pléiades Neo pourra fournir des images de n'importe quel point du globe entre deux et quatre fois par jour. La constellation sera également reliée aux satellites géostationnaires pour permettre des acquisitions urgentes 30 à 40 minutes seulement après la demande de programmation. "Lors d'un désastre naturel, d'un accident maritime ou d'une situation critique comme en Afghanistan, un certain nombre de clients, des ONG et des gouvernements, veulent de l'information quasi immédiatement", illustre François Lombard.

pleiades suez

Image du Canal de Suez capturée par la première génération des satellites Pléiades avec une résolution de 50 centimètres (Crédits : Airbus DS).

De nouveaux usages qui aiguisent l'appétit d'un nombre grandissant d'acteurs. Historiquement, l'imagerie satellitaire était surtout utilisée à des fins militaires, pour obtenir des données environnementales ou de la surveillance de sites sensibles (plateformes gazières ou pétrolières) avant de conquérir le secteur de l'agriculture. Mais depuis quelques années, "il y a de plus en plus d'intérêt du secteur de la finance et des assurances", remarque le responsable d'Airbus. "En cas de désastre naturel, les assurances peuvent aller vérifier certains éléments de déclaration sur leurs assurés, la réalité du cadastre sur certaines villes. Concernant la finance pure, ces images peuvent servir à aller chercher de l'information économique. Savoir par exemple le niveau de fréquentation d'une chaîne de supermarchés et en déduire leur chiffre d'affaires avant leurs publications financières", ajoute-t-il.

Un marché à 5 milliards d'euros

D'après Euroconsult, le marché de l'imagerie satellitaire est estimé à 1,5 milliard d'euros auquel il faut ajouter 3,5 milliards d'euros pour les services à valeur ajoutée qui en découlent. Sur ce segment, Airbus compte avec Pléiades Neo rivaliser avec le leader mondial, l'Américain Maxar qui a déjà envoyé en orbite deux satellites d'une résolution de 30 centimètres. "Nous aimerions réussir ce qu'Airbus a été capable de faire avec Boeing sur les avions commerciaux, c'est-à-dire rattraper notre principal concurrent américain dans la très haute résolution puis former un duopole vertueux, très compétitif, mais qui fait avancer le marché", poursuit François Lombard.

Au-delà de la constellation Pléiades Neo, Airbus pourra toujours compter sur la première génération de satellites Pléiades (lancée en 2012) qui disposent d'une résolution de 50 centimètres, mais aussi les satellites Spot dont la résolution d'1,5 mètre et la fauchée très étendue est adaptée notamment à l'agriculture de précision ou la surveillance de très grands sites. Sans compter la nouvelle constellation CO3D développée pour le compte du Cnes qui sera envoyée dans l'espace à partir de 2023 dont les quatre satellites offriront des cartes 3D de la surface émergée de la Terre avec une résolution de 50 centimètres.

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Commentaires 3
à écrit le 18/08/2021 à 19:25
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Le "monopole" français sur les satellites d'observation est bientôt terminé puisque l'Allemagne via OHB termine le développement de son propre satellite d'observation GEORG en violation totale des accords de Schwerin de 2002 qui répartissait les capa...

à écrit le 17/08/2021 à 23:12
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Avec une telle précision, on va pouvoir répérer un Taliban armé et "l'allumer" avec un drone.

le 18/08/2021 à 21:16
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On est dans la vraie vie, pas dans un jeu vidéo....

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