Ilek lance le gaz français à base de déchets organiques

Après l'électricité verte, la société toulousaine Ilek devient fournisseur de gaz produit à partir de déchets agricoles. L'intérêt pour le consommateur est d'acheter un gaz local. Pour les producteurs laitiers, ce système réprésente une nouvelle source de revenus. Découverte.
Les fondateurs d'Ilek se lancent dans le gaz vert.
Les fondateurs d'Ilek se lancent dans le gaz "vert". (Crédits : Rémi Benoit)

"Aujourd'hui la France importe 99% du gaz consommé. Cette énergie présente sous terre est forée principalement en Russie, en Algérie ou en Écosse", observe Rémy Companyo, cofondateur d'Ilek. Cette jeune société toulousaine fondée en 2016 met en relation producteurs d'électricité renouvelable (hydroélectricité, éolien) et consommateurs. Depuis décembre, la startup se lance dans le gaz "vert", produit... en France.

"La bio-méthanisation permet de disposer des déchets alimentaires ou agricoles dans une cuve. La température monte et cela crée un gaz que nous filtrons puis injectons dans le réseau. Cela pourrait permettre à la France d'être autonome en énergie dans 30 ans", explique l'entrepreneur.

De nouveaux revenus pour les producteurs laitiers

Ilek a obtenu le feu vert de l'État avant l'été pour lancer la commercialisation. Pour le moment, deux agriculteurs en Bretagne et en Alsace produisent ce bio-méthane. Un exploitant des Pyrénées-Orientales devrait les rejoindre sous peu.

"Ce sont des producteurs laitiers qui prennent une revanche après avoir été confrontés à des prix laitiers très bas. Ils récupèrent le fumier, les excréments de vaches dont ils ne faisaient pas grand chose, et créent de la valeur avec. Cela représente pour eux une deuxième activité avec des revenus significatifs puisque s'il a 700 vaches, un agriculteur va générer autant de revenus avec ses vaches qu'avec son gaz", avance Rémy Companyo.

Pour se rémunérer, le producteur perçoit le relevé de consommation et Ilek touche l'abonnement mensuel payé par le particulier. Néanmoins, avant de se lancer, le producteur doit tout de même investir 2 à 4 millions d'euros pour construire un bâtiment fermé dédié à la méthanisation.

Devant ce coût non négligeable, seuls 67 sites en France (principalement des exploitations agricoles et des stations de traitement des déchets) injectent du gaz "vert" à ce jour. Ilek est le premier fournisseur à se lancer sur ce segment et compte sur l'essor de cette énergie pour conquérir 30 000 clients dans les trois ans. Pour le moment, la jeune pousse s'adresse surtout aux particuliers et aux TPE/PME.

Des recrutements à venir

Du côté électrique, Ilek revendique "plusieurs dizaines de milliers de clients" sur son offre de fournisseur d'électricité renouvelable. À ce jour, la jeune pousse travaille avec huit producteurs, dont deux stations hydroélectriques en Ariège et un parc éolien à Narbonne.

"Nous avons aussi des projets à venir à Lyon et Nantes", fait savoir le fondateur de l'entreprise.

Son positionnement se différencie de l'autre fournisseur d'électricité verte Enercoop puisque le consommateur peut choisir un producteur d'énergie précis. "Enercoop met toute l'électricité produite dans un pot commun. Nous jouons la carte de la traçabilité de l'énergie en permettant à nos consommateurs de pouvoir soutenir tel ou tel producteur en France", souligne l'entrepreneur, ce qui lui a valu d'entrer dans le classement des fournisseurs édité par Greenpeace. Ilek promet une électricité pas plus chère qu'EDF grâce à une structure allégée pour séduire sa clientèle.

"Nous n'avons pas la production d'énergie à nos frais, nous limitons les intermédiaires et nous avons inséré beaucoup d'informatique dans la gestion client. Cela permet d'avoir un ratio nombre de salariés/client beaucoup plus faible qu'un acteur traditionnel. In fine, les coûts de structure sont très allégés, ce qui permet de redistribuer la valeur aux clients", justifie Rémy Companyo .

Côté producteurs, "l'intérêt est de pouvoir garantir dans le temps un prix fixe puisque les consommateurs s'engagent sur le long-terme". Ensuite cela permet d'avoir un levier d'acceptabilité sociale via le lien créé avec les citoyens en vendant localement". La multiplication des projets éoliens ou solaires créée parfois des tensions avec les habitants.

Lire aussi : Un collectif dénonce "l'invasion de l'industrie éolienne" dans les campagnes d'Occitanie

"Le nucléaire est une énergie très centralisée. En Occitanie, c'est la centrale de Golfech qui irrigue toute la région. À l'inverse, les énergies renouvelables sont décentralisées avec la création de milliers d'unités de production touchant donc des milliers de territoires. Il y vrai un enjeu avec les habitants". Par conséquent, Ilek accompagne les développeurs pour que leurs projets soient mieux acceptés localement.

Installée depuis sa création au sein de la colocation de startups At home de Toulouse, Ilek compte aujourd'hui une quinzaine de salariés. Cette équipe va s'agrandir puisque l'entreprise recrute cinq personnes supplémentaires actuellement : ingénieur énergie, office manageur, salarié au service client et développeur.

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