Un collectif dénonce "l'invasion de l'industrie éolienne" dans les campagnes d'Occitanie

Alors que la Région Occitanie veut augmenter de 250% la production d'énergies renouvelables d'ici 2050, le collectif TNE rassemblant 160 associations dénonce notamment l'impact de la multiplication des éoliennes dans certaines zones rurales. Les habitants proposent à Carole Delga un plan alternatif qui donnerait plus d'importance par exemple à la géothermie. Des critiques réfutées par la Région qui annonce de nouvelles aides financières pour réaliser des études d'impact à l'échelle des communes.
Les éoliennes terrestres sont souvent installées en plaines ou dans les régions montagneuses.
Les éoliennes terrestres sont souvent installées en plaines ou dans les régions montagneuses. (Crédits : © Laszlo Balogh / Reuters)

Y aura-t-il bientôt trop d'éoliennes dans les campagnes d'Occitanie ? C'est l'inquiétude du collectif TNE (Toutes nos énergies-Occitanie Environnement). Née à Albi fin 2016, cette formation regroupe 160 associations et vient de publier un scénario alternatif de transition énergétique à celui avancé par la Région. Carole Delga a fixé comme objectif de devenir une Région à énergie positive en augmentant la production d'énergie renouvelable de 250 % d'ici 2050 en misant notamment sur les éoliennes et le photovoltaïque. Le collectif TNE craint "une invasion de l'industrie éolienne" dans les campagnes d'Occitanie.

"Dans l'Aveyron, il y a actuellement 190 éoliennes en service et une centaine en projet. Avec l'objectif régional affiché de multiplier par cinq l'éolien terrestre, on pourrait avoir 1400 éoliennes sur le département d'ici 2050 ! Sachant que les terres éligibles sont très réduites (il s'agit surtout de plaines et de régions montagneuses), on fait supporter l'essentiel de la transition énergétique en Occitanie sur les territoires ruraux pour couvrir les besoins de plus en plus importants des villes où l'on consomme plus d'électricité qu'on en produit", alerte Bruno Ladsous, membre du collectif et habitant d'une petite commune aveyronnaise.

La vice-présidente en charge de la Transition énergétique à la Région Agnès Langevine réfute cette "invasion" : "Le plan régional prévoit 5 fois plus de puissance installée en énergie éolienne, pas de multiplier par 5 le nombre d'éoliennes". Il serait ainsi possible de construire des mâts plus hauts et plus puissants que les installations actuelles pour parvenir à l'objectif. "Par ailleurs, sur l'année 2017-2018, pour le moment aucun projet de parc éolien n'a reçu d'autorisation", ajoute-t-elle.

Manque de soutien aux énergies thermiques

Au-delà d'une "dégradation du paysage et de la destruction d'habitation d'espèces protégées causées par les parcs éoliens ou photovoltaïques", le collectif s'alarme du coût de cette transition. "Je connais des propriétaires de gîtes qui ont dû arrêter leur activité car les chambres donnaient sur un parc photovoltaïque. Les études de la Région ne tiennent pas compte des recettes et des emplois perdus par le tourisme rural. Selon notre estimation, ce scénario coûterait au minimum 86 milliards d'euros soit 1000 euros par ménage et par an pendant 32 ans", poursuit Bruno Ladsous. Dans un scénario alternatif proposé à la Région, le collectif TNE suggère de donner plus de place à "des énergies renouvelables oubliées" comme la géothermie (via l'installation par exemple de pompes à chaleur), l'hydraulique ou l'hydrolien afin de réduire la consommation d'électricité.

Des critiques que l'on retrouve dans un rapport de la Cour des comptes publié le 18 avril dernier. L'enquête révèle que "malgré les efforts" déployés depuis des années par l'État pour soutenir l'essor du solaire et de l'éolien en France, la production photovoltaïque équivaut par exemple à seulement 0,7 % du mix électrique du pays.

"Si la France réalise la trajectoire qu'elle s'est fixée, les dépenses relatives aux énergies renouvelables (EnR) électriques pourraient ainsi atteindre 7,5 milliards d'euros en 2023. Les EnR électriques bénéficient de l'essentiel de ces dépenses publiques avec, en 2016, 4,4 milliards d'euros contre 567 millions d'euros pour les EnR thermiques".

 Pourtant le rapport estime que le soutien aux énergies thermiques comme la géothermie pourrait justement avoir un impact significatif sur la réduction des émissions de CO2 de la France. Sur ce point, la Région répond que "ces énergies vont être intégrées au scénario et qu'un schéma régional biomasse doit être finalisée fin 2018".

Comment créer l'adhésion des habitants ?

Sur la forme, le collectif TNE demande à ce que les citoyens "puissent participer en amont à l'élaboration des projets ayant un impact sur l'environnement. Les habitants, attachés aux territoires hyper-ruraux où ils vivent, veulent que leurs enjeux spécifiques soient compris et valorisés". Le collectif a organisé un débat public sur le sujet ce mercredi 30 mai à Mazamet dans le Tarn. Bruno Ladsous regrette que sur certains projets, "l'appel au financement participatif attire en réalité des investisseurs qui cherchent une rentabilité plutôt que les habitants concernés directement par les projets".

"Certains parcs éoliens ont déjà eu deux ou trois propriétaires en quelques années d'existence. Souvent les maires étaient passifs face au far west des promoteurs", reconnaît Agnès Langevine.

L'élue annonce que la Région Occitanie va débloquer en juin "des aides financières pour les mairies afin qu'elles réalisent leurs propres études d'impact sur le territoire et qu'elles soient armées quand les promoteurs viennent les démarcher".

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