Spatial : les salariés de Thales Alenia Space à Toulouse vent debout contre les suppressions de postes

Face à la chute de la demande sur le marché des satellites télécoms, Thales Alenia Space compte supprimer un millier de postes sur ses sites de Toulouse et Cannes via des mobilités au sein du groupe Thales. A l'appel de la CGT, une partie des salariés toulousains se sont rassemblés le 28 juin, avec le soutien des candidats aux législatives du Nouveau Front populaire. Ils dénoncent « une financiarisation du secteur spatial ».
A l'appel de la CGT, une partie des salariés toulousains se sont rassemblés contre les suppressions de postes annoncées au sein de Thales Alenia Space.
A l'appel de la CGT, une partie des salariés toulousains se sont rassemblés contre les suppressions de postes annoncées au sein de Thales Alenia Space. (Crédits : Florine Galéron)

« Supprimer des emplois, c'est non », indique une pancarte affichée à l'entrée du site de Thales Alenia Space à Toulouse. A l'appel de la CGT, un petit groupe de salariés se sont rassemblés, ce vendredi 28 juin, devant le plus grand site industriel du géant du spatial européen pour dénoncer la vaste réorganisation à venir au sein du groupe.

Pertes et baisse de commandes sur le marché des télécoms

Le 5 mars dernier, Thales annonçait supprimer 1.300 postes au sein de sa branche spatiale Thales Alenia Space (TAS), dont 1.000 en France avec un redéploiement des effectifs via des mobilités internes sur d'autres sites du groupe ou en restant par exemple à Toulouse mais pour réaliser de l'ingénierie à destination d'activités non-spatiales. L'impact est massif étant donné que TAS emploie sur ses deux principaux sites français 2.700 personnes à Toulouse et 1.800 à Cannes.

Cette décision a été prise après les pertes significatives essuyées en 2023 par TAS : 45 millions d'euros en 2023 (contre +11 millions, en 2022), selon les informations de La Tribune. Le groupe entend retrouver une profitabilité dans les standards de cette activité.

« L'ambition est de retrouver, à moyen terme, un niveau de profitabilité de 7%, tout à fait correct dans le domaine du spatial », avait précisé Patrice Caine, le PDG de Thales.

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Le constructeur de satellites est notamment impacté par la forte baisse de la demande sur le marché des satellites télécoms : « Nous sommes passés d'une vingtaine de satellites géostationnaires commandés dans le monde chaque année sur le marché ouvert, à seulement dix sur les deux dernières années », relève le groupe.

Et si Thales Alenia Space avait réalisé une performance exceptionnelle en décrochant six des dix contrats satellites de télécommunications sur l'année 2022, se plaçant largement devant les Américains Maxar et même Boeing, l'an passé le groupe a connu un important trou d'air avec aucun contrat remporté sur ce segment. Son principal rival, Airbus Defence and Space, connaît lui aussi d'importantes difficultés, avec aucun satellite en 2022 et deux seulement l'année dernière. Sans compter la concurrence de nouveaux acteurs issus du NewSpace.

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 « Financiarisation de l'espace »

Pas suffisant pour expliquer ce redéploiement des emplois, selon la CGT.

« On nous dit que le marché du spatial est en crise mais nous avons démontré que le secteur devrait représenter 250 milliards de revenus à l'horizon 2040. Les perspectives existent et avec le carnet de commandes actuel, tout le monde a du travail jusqu'à fin 2025 », dénonce Thomas Meynadier, secrétaire général adjoint de la CGT TAS Toulouse, au micro, devant le site toulousain.

Un petit groupe de salariés est venu soutenir le mouvement. Comme Cédric, en poste depuis 25 ans chez le géant spatial.

« Ce plan vise surtout à améliorer la rentabilité et la profitabilité de l'entreprise. On nous parle de mobilités mais beaucoup des reclassements sont à réaliser vers d'autres sites du groupe Thales. Quand on a une famille, c'est compliqué de déménager dans une autre ville. Nous risquons de perdre des personnes très expérimentées et utiles pour concevoir les futures constellations de satellites », regrette-t-il.

A deux jours du premier tour des élections législatives, trois candidats du Nouveau Front Populaire en Haute-Garonne sont venus soutenir les manifestants (les députés sortants Christine Arrighi et François Piquemal ainsi qu'Agathe Roby).

« Nous assistons à une financiarisation de l'espace tout comme il existe une financiarisation de la santé et des services publics. La direction annonce des reclassements internes mais avec des équilibres familiaux qui vont être brisés. Il faut aussi regretter le manque de vision au niveau européen en matière de spatial alors même que, par exemple, les satellites d'observation de la Terre sont essentiels pour évoluer dans le bon sens par rapport à la question écologique », a plaidé l'écologiste Christine Arrighi, qui était, jusqu'à la dissolution, co-présidente du groupe d'études aéronautique et espace à l'Assemblée.

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Commentaire 1
à écrit le 28/06/2024 à 16:27
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