Facture électronique : la PME Axonaut revoit sa stratégie face au report de l'obligation

Après avoir levé 10 millions d'euros fin 2022, la PME toulousaine Axonaut misait sur l'obligation dès 2024 de la facture électronique, sa spécialité, pour voir son business décoller. Mais ce report à 2026 contraint la société de revoir ses plans en diversifiant son offre. Les détails.
Axonaut, qui veut surfer sur l'obligation prochaine de la facture électronique en France pour les entreprises, doit s'adapter face au report de cette législation.
Axonaut, qui veut surfer sur l'obligation prochaine de la facture électronique en France pour les entreprises, doit s'adapter face au report de cette législation. (Crédits : Axonaut)

C'est un contre-temps que la PME toulousaine n'a pas pu venir et qui était impossible à anticiper. Alors en pleine croissance depuis sa création en 2017, Axonaut a dû faire face à un changement législatif qui bouscule son business plan. Initialement fixé au 1er juillet 2024, l'obligation d'adresser ses factures par voie électronique à des clients privés a été repoussée au 1er septembre 2026 pour les grandes entreprises et ETI et même au 1er septembre 2027 pour les TPE, PME et les micro-entreprises. Par ailleurs, l'obligation de recevoir des factures électroniques s'appliquera pour l'ensemble des entreprises dès le premier jour de septembre 2026.

Or, l'obligation de la facture électronique à terme était l'argument de vente numéro un pour les 23 collaborateurs d'Axonaut, avec la commercialisation de son logiciel de gestion tout en un.

« Nous avons accéléré fort en 2023 pour nous préparer à l'échéance initiale. Ce report nous a repoussé pas mal de marchés car cela a retiré le sentiment d'urgence pour beaucoup de prospects que nous avions », confie le cofondateur et le CTO d'Axonaut, Nicolas Michel.

L'entreprise a, par exemple, fait le choix de réduire la voilure sur les aspects communication et marketing. Axonaut avait notamment investi dans une importante campagne publicitaire associée à la diffusion du programme « Qui veut être mon associé ? » sur la chaîne M6. « Nous avons encore des investissements à faire sur la partie technique », tempère le dirigeant, avant d'ajouter : « nous devons tenir avec la levée de fonds jusqu'à l'échéance de 2026 ».

Plus de deux millions de factures émises en 2023

À la toute fin de l'année 2022, et à 18 mois de l'obligation de la facture électronique en France, la PME avait en effet levé 10 millions d'euros en série A, auprès du groupement de business angels The Moon Venture et Matmut, ainsi que Bpifrance. Cette dernière avait déjà participé à la première levée de fonds de l'entreprise, en 2019, d'un montant de 600.000 euros.

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Malgré tout, ce soutien financier n'a pas été sans effet. Avec son logiciel qui fait office de CRM, capable d'émettre des devis et factures, ainsi que d'effectuer des relances et gérer la trésorerie, Axonaut est parvenue à gonfler son portefeuille de clients.

« Nous avons dépassé les 10.000 entreprises clientes régulières, qui sont principalement des TPE et des petites PME, avec une majorité d'artisans. Ce n'est pas surprenant car nous nous inscrivons dans une logique de gain de temps et d'efficacité, avec le paiement en ligne et la signature électronique des devis », commente Nicolas Michel.

Après avoir bouclé l'exercice 2022 à trois millions d'euros de chiffre d'affaires, Axonaut a clôturé l'année 2023 avec un CA de cinq millions d'euros. Cette même année, près de 2,3 millions de factures ont été gérées par sa plateforme, pour un montant global facture de 7,9 milliards d'euros TTC. Pour le prochain exercice comptable, Axonaut vise un chiffre d'affaires de six millions d'euros, en se rapprochant particulièrement des experts-comptables.

Davantage de services financiers

Mais pour atteindre cet objectif, sans tout attendre de la facture électronique, la PME toulousaine tente de diversifier ses services afin d'attirer une clientèle plus large, sensible à d'autres arguments. Dans cette logique, l'entreprise a mis en place depuis quelques mois une solution de micro-crédit en partenariat avec la fintech Defacto.

« Une entreprise peut toucher immédiatement le montant d'une facture validée et nous rembourser quelques mois, avec des montants qui vont jusqu'à 20.000 euros et un délai de remboursement qui va jusqu'à 4 mois. Cela marche très bien, notamment pour ceux qui travaillent avec des collectivités et où les délais de paiement sont assez longs », assure l'entrepreneur.

Selon la Banque de France, qui tient un baromètre sur les délais de paiement par taille d'entreprise, la note est salée pour les TPE (35 jours) et les PME (42 jours) sur l'année 2022. C'est même un véritable fléau à l'heure où les tensions sur les besoins en fonds de roulement (BFR) n'ont jamais été aussi présentes dans le tissu économique.

Par ailleurs, l'année 2024 sera marquée pour Axonaut par le lancement d'une nouvelle offre, une sorte de compte pro voire une formule premium de sa plateforme qui offrira la possibilité de connecter tous ses comptes bancaires et de pouvoir y effectuer des opérations depuis sa plateforme. De cette manière, Axonaut entend offrir une parfaite traçabilité de tous les flux de trésorerie dans une structure de petite taille.

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