Pharmaceutique : GTP Bioways compte percer avec une technologie unique en France

Après une année 2023 complexe, le sous-traitant pharmaceutique français GTP Bioways a lancé la production de son premier lot de protéines thérapeutiques à partir de cellules microbiennes. L'entreprise, installée à Toulouse, est le seul sous-traitant (CDMO) français à proposer cette technologie (plus rentable que d'autres) à ses clients, principalement européens. L'entreprise veut désormais faire son trou en Asie.
Le sous-traitant pharmaceutique français, GTP Bioways, vient de mettre en service sa ligne de production de protéines thérapeutiques à partir d'organismes cellulaires.
Le sous-traitant pharmaceutique français, GTP Bioways, vient de mettre en service sa ligne de production de protéines thérapeutiques à partir d'organismes cellulaires. (Crédits : GTP Bioways)

Les locaux sont flambants neufs et les consignes de sécurité drastiques. Rue Jean Perrin, à Toulouse, GTP Bioways est au pas de course en ce début du mois de mars. Dans quelques jours, elle va lancer sa première production de protéines thérapeutiques destinée à un client, à partir d'organismes cellulaires.

« Nous décongelons les flacons qui contiennent la bactérie et elle-même abrite le gène qui va produire la protéine humaine nous intéressant après y avoir intégré un vecteur. Nous insérons alors les bactéries dans deux incubateurs à 37 degrés puis un bioréacteur de 350 litres, avant qu'elles s'y multiplient dans un environnement riche en nutriments pour favoriser leur reproduction par milliards. La cellule est ensuite cassée, par un système de haute pression afin de délester la protéine de ses impuretés », décrit Marielle Anger, biologiste et manageur de transition qui accompagne GTP Bioways dans l'installation de cette ligne de production attendue.

Après la réalisation de plusieurs lots tests, la centaine de salariés de l'acteur pharmaceutique à Toulouse a lancé la production de ce lot contenant des cellules immunitaires, dédiées au traitement de maladies du foie.

« Nous sommes sur des projets très spéciaux et nous travaillons sur des protéines particulières, avec des systèmes de purification de la protéine particuliers », concède la biologiste.

Surtout, GTP Bioways est le seul CDMO à France à proposer cette solution, en tant que prestataire de services pour le monde pharmaceutique.

« Nous sommes les passeurs de témoin entre les acteurs de la recherche et les industriels pharmaceutiques », illustrait, dans une interview accordée à La Tribune en février 2023, Grégori Gross, le responsable de production chez GTP Bioways.

Lire aussiRéindustrialisation : GTP Bioways installe deux nouvelles lignes de production pharmaceutique à Toulouse

Un ralentissement du marché en 2023

Dans les faits, les équipes de GTP Bioways sont spécialisées dans la production de protéines recombinantes, c'est-à-dire produire une protéine particulière à partir d'une cellule ou d'une bactérie qui ne la contient pas. Si l'entreprise toulousaine dispose d'une ligne de production à partir de cellules mammifères, c'est bien celle à partir des cellules microbiennes qui attire, après un investissement de neuf millions d'euros, dont cinq millions apportés par le plan France 2030.

« Nous sentons qu'il y a beaucoup de demandes autour de cette méthode de production. Les systèmes microbiens offrent un rythme de production des protéines beaucoup plus rapide, en une nuit, que les cellules mammifères en trois à cinq semaines », justifie Marielle Anger.

Avec cette prestation, GTP Bioways s'attend à accueillir cinq à six projets en 2024, le double en 2025 et quinze en 2026. En parallèle, la société espère accueillir huit à dix projets sur la production à partir de cellules mammifères. Si les chiffres sont tenus, l'acteur du monde pharmaceutique devrait réaliser un chiffre d'affaires de 15 millions d'euros en 2024, soit un peu moins que le business plan initial.

« Nous avons revu à la baisse nos objectifs car le marché est un peu compliqué actuellement. Nos clients sont des petits acteurs de la pharma et ces petites entreprises font appel à des investisseurs pour développer leurs médicaments. Or, il y a eu un retrait des investisseurs dans ce secteur en 2023 donc nous avons un peu souffert et nous avons réalisé seulement huit millions d'euros de chiffre d'affaires. Cela devrait repartir au second semestre 2024. Nous avons déjà signé un certain nombre de projets », projette Séverine Hountondji, la directrice commerciale de GTP Bioways.

Au-delà d'un marché financier atone sur ses sujets, l'entreprise qui, habituellement, lutte contre des concurrents européens, voit désormais monter une certaine concurrence asiatique : « Sur les appels d'offres, nous voyons aussi de plus en plus de CDMO asiatiques, et particulièrement chinois comme concurrents. Quand nous sommes dans une short-list, c'est difficile de rivaliser avec eux, comme le chinois WuXi, car ils cassent les prix », signale Eric Devic, le directeur général de l'entité qui emploie 150 personnes en France. Face à cette nouvelle tendance, GTP Bioways compte développer de nouveaux débouchés commerciaux... en Asie.

Cap vers l'Asie

Après avoir réalisé un investissement total de 12 millions d'euros depuis le début de la décennie, le sous-traitant pharmaceutique s'attend à atteindre l'équilibre financier en 2025. Si GTP Bioways mise tout d'abord sur des clients européens (comme Lovaltech) et un Américain, elle s'apprête désormais à séduire de nouveaux prospects sur le continent asiatique.

« Nous avons eu un premier accompagnement en 2023 de la part de Business France pour développer des marchés en Corée du Sud et au Japon, sur les anticorps conjugués, où le potentiel est très important. Là-bas, ce sont des procédés de signature très longs, il faut entrer dans la culture locale. Nous avons mis en place une mission sur place et des contacts ont été noués. Maintenant, nous commençons à avoir de l'ambition à l'export », prévient Alain Sainsot, le président du CDMO français.

GTP Bioways va ainsi pouvoir compter, pour ses prochaines missions, sur le soutien financier de Business France. À l'occasion d'une visite chez le sous-traitant pharmaceutique vendredi 1er mars, le directeur général de la structure, Laurent Saint-Martin, a annoncé que 50% des dépenses de mise en place d'une mission à l'export seraient prises en charge par son entité, dans une limite de 50.000 euros.

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