Agriculture : Micropep voit son biofongicide reconnu aux États-Unis, avant sa mise sur le marché

En pleine colère agricole, Micropep avance sur la mise sur le marché de son biofongicide... aux États-Unis, dans un premier temps. Sa molécule vient d'être reconnue comme telle par l'Agence américaine de protection de l'environnement, ce qui va simplifier sa commercialisation. En parallèle, la startup toulousaine prépare un tour de table d'une trentaine de millions d'euros. Les détails.
Micropep Technologies avance sur la commercialisation prochaine de son alternative aux pesticides pour l'agriculture.
Micropep Technologies avance sur la commercialisation prochaine de son alternative aux pesticides pour l'agriculture. (Crédits : Micropep)

En pleine colère des agriculteurs, cette technologie pourrait être suivie de près par la profession. Si le gouvernement tente d'alléger les normes pour les agriculteurs, notamment sur la question sanitaire, cette évolution ne passe pas du côté des associations de protection de l'environnement. Dans ce contexte, la solution développée par la greentech toulousaine Micropep pourrait convenir à toutes les parties.

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Avec pour ambition de remplacer les pesticides actuellement sur le marché, la startup toulousaine travaille, depuis 2016, sur l'élaboration d'un biofongicide, substance qui permet de traiter les champignons et autres bactéries qui se développent dans les grandes cultures.

« Nous travaillons sur les cultures de la vigne, la pomme de terre et le soja. Pour ces dernières, la maladie de la rouille est très présente en Amérique latine et les molécules actuellement proposées ne sont pas efficaces (...) Notre biofongicide est réalisé à partir de micropeptides, une protéine qui se dégrade très facilement dans l'environnement sans laisser de résidus », présente Thomas Laurent, le CEO et cofondateur de Micropep Technologies.

Afin de conquérir une clientèle la plus large possible, la startup - qui emploie déjà 45 salariés - tient à s'assurer que son produit soit le plus simple possible à utiliser : « Il faut un produit que les agriculteurs n'ont à passer que deux voire trois fois, et qui soit le moins contraignant possible », insiste l'entrepreneur, qui souhaite aussi un produit plus efficace que les solutions concurrentes.

Une première étape de l'autre côté de l'océan

En ce sens et pour vérifier ses dires, Micropep a déjà procédé à des tests grandeur nature sur des cultures en Amérique latine, aux États-Unis et en Europe. Dans un communiqué, l'entreprise innovante indique que « forte de quelque 50 essais sur le terrain menés par des tiers, Micropep a constaté que le biofongicide offrait un niveau de contrôle satisfaisant, supérieur à celui de la plupart de ses concurrents. En fonction de la culture et des conditions environnementales, le biofongicide permet d'arriver à un niveau de contrôle des pathogènes de 75%, alors que la plupart des produits de biocontrôle concurrents atteignent difficilement les 50% de contrôle ».

« Nous avons fait des tests de toxicité sur les abeilles de laboratoires indépendants qui sont revenus très propres », ajoute le CEO.

Ces premiers résultats encourageants pour son biofongicide dénommé « MPD-01 » ont permis à la jeune entreprise de connaître une avancée importante dans son processus de mise sur le marché américain, premier marché ciblé par l'entreprise qui dispose d'une équipe de 10 personnes sur place.

« Nous avons obtenu la confirmation par l'Agence américaine de protection de l'environnement que notre molécule sera bien considérée comme un biofongicide et non un pesticide, quand nous entamerons la procédure de mise sur le marché. Sans cette reconnaissance, le processus aurait été plus long, plus complexe et plus coûteux. C'est une bonne nouvelle pour nous, nous allons pouvoir entamer sereinement le processus. Quant à l'Europe et l'EFSA, elle ne prend pas position en amont », témoigne Thomas Laurent.

Avec cette distinction de la part de l'instance américaine, Micropep mise sur un lancement de commercialisation aux États-Unis au cours de l'année 2028 et à horizon 2030 pour le marché européen, le CEO précisant qu' « avant cela, il nous reste deux années de tests R&D ».La startup toulousaine doit notamment procéder à de nouvelles études de toxicité et d'efficacité. Viendra alors la période d'instruction des dossiers, de 24 mois en moyenne en Amérique du Nord, contre 40 en Europe.

Un nouveau tour de table en 2024

Seulement, ce processus d'homologation du biofongicide avant sa mise sur le marché devrait coûter au moins une dizaine de millions d'euros à la jeune pousse. Elle compte donc faire appel à des investisseurs pour financer cette étape cruciale.

« Nous sommes en préparation d'une levée de fonds. Nous visons les 25 millions d'euros courant 2024. Nous regardons d'éventuels partenaires des deux côtés de l'océan Atlantique. Malgré une phase de ralentissement sur le ticket que nous cherchons, nous sentons un certain répondant plus fort côté européen qu'américain. Cette période nous pousse à nous poser les bonnes questions », observe l'entrepreneur.

Micropep, qui compte déjà des partenaires dans son capital comme Irdi Capital Investissement, l'agrochimiste FMC ou Supernova Invest, compte sur ses actionnaires historiques et de nouveaux investisseurs pour boucler cette série B. Ces dernières années, la greenTech était déjà parvenue à lever deux fois neuf millions d'euros.

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Au-delà de l'aspect juridique et réglementaire, ce futur tour de table doit permettre à l'entreprise de préparer son schéma industriel. Celle qui prépare deux autres produits à partir de deux autres molécules, le MP594 et le MP478, envisage un modèle de sous-traitance dans la production en ne maîtrisant que la fabrication de la molécule active, sous forme de poudre.

« Par exemple, le marché des fongicides aux États-Unis est à hauteur de 50 millions d'euros par an et le plus gros acteur fait 15 millions. C'est un marché très fragmenté qui demande trop d'investissements pour être un industriel quand vous êtes une startup comme la nôtre », conclut Thomas Laurent.

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